mercredi 22 mai 2024

Un ange est passé

 

Vers le Nord, nous refranchissons le tropique du Cancer sur la N1 au milieu de cette immensité désertique pour rejoindre la baie de Dakhla. Magnifique lagune où se dessine de subtils dégradés de ciel, de mer et de terre. Elégantes arabesques de sable et de sel, dans des eaux aux mille nuances de bleus, irisées par le soleil de fin d’après-midi sur lesquelles planent – tels de grands oiseaux multicolores – les kite-surfers venus ici s’exercer sur le spot parfait. Sorte de paradis de la glisse du bout du monde.

Naïma nous y accueille pour une soirée agréable et une nuit reposante.

Requinqués nous reprenons la route avec plaisir. A notre gauche s’étale l’Atlantique. L’eau turquoise du trait de côte se dilue dans l’océan bleu vers le la ligne d'horizon parfaite derrière laquelle se sont perdus les immigrants en quête d’eldorado rencontrés hier.

La lumière change doucement. Moins métallique peut-être. Le ciel aussi, d’un bleu moins poussiéreux, plus propre. L'air est plus respirable. Puis, imperceptiblement, quelques flocons nuageux évanescents apparaissent dans l’azur, signes avant-coureurs d’une prochaine sortie du Sahara profond.

Nous descendons de nos machines face à l’hôtel Namara de Boujdour. Tandis que Didier s’occupe des formalités d’enregistrement avec la sympathique jeune femme Sahraoui à l’accueil de l’établissement, sur le trottoir un petit garçon en blouse blanche revenant de l’école m’aborde avec jovialité. Dix ans peut-être, sourire jusqu’au oreilles et dents du bonheur :
-    Alors Monsieur, tu fais le tour du monde avec ta grosse moto ?
-    Pas tout à fait, juste un beau voyage en Afrique. Nous arrivons du Sénégal et de Mauritanie.
-    Tu sais, moi aussi je suis Mauritanien.
-    Et tu viens d’où ?
-    D’un petit village, dans le désert, à 100 kilomètres de Nouakchott. Et vous ?
-    Atar, Chinguetti, Tidjidja, Aleg, Diama…
-    Oh, Chinguetti, le berceau de notre civilisation !
-    Tu connais ?
-    Non, pas encore. Mais j’y compte bien.
-    Au revoir Monsieur. Je dois y aller.
-    Bonne chance alors.

Il me sourit. Un ange est passé.




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