samedi 18 mai 2024

Tout est possible en Afrique !



Quittant Dakar nous partons pour une trop courte excursion vers l’intérieur du Sénégal.
Apparaissent les premiers baobabs, arbres monumentaux dominant la brousse d’acacias.
Ici et là, des zones d’écobuage d’où s’élève une fumée âcre. C’est la fin de la saison sèche et on prépare les sols à la repousse d’herbe fraîche dès l’arrivée des premières pluies.

Notre arrêt à la nuit tombée nous fait descendre dans un improbable hôtel de campagne, le seul de la petite ville de Mbaké. Il a dû avoir son heure de gloire quand le patron était encore jeune. Aujourd’hui en fin de carrière comme son établissement. A l’entrée un lion naturalisé perd ses poils. A l’intérieur les couches de peinture se sont empilées pour former, au fil des années, une croute patinée dont les éclaboussures jonchent le sol et les vitres des fenêtres.
Venant de nulle part, baissant la tête pour franchir le seuil de la porte, un très grand homme en noir entre dans la salle. Il porte autour du cou des amulettes. Le garçon de service se précipite lui baiser la main, puis le patron. Je comprends le mot marabout. Sans doute vient-il pour un service particulier. Trente minutes plus tard il repart comme il était venu.

Nous reprenons la route vers Dahra. Très frappante est la forte poussée de l’Islam. Dans
toutes les localités des mosquées récentes dominent les habitations. Comme c’est vendredi, les chants lancinants presque continus des Muezzines occupent tout l'espace.
Dans chaque village, toujours cette activité de commerces et services qui semblent ne jamais s’arrêter. Puis ces cases en terre couvertes de chaumes protégées par des palissades légères parsemant la brousse.

Ne trouvant pas de restaurant pour la pause déjeuner, nous entrons dans le village de Koki. Au pied de la mosquée des « p’tites dames » vendent du pain, des mangues et du café. Nous leur en achetons et démarrons un pique-nique près d’elles, assis par terre adossés contre un mur ombragé. A peine installés qu’une flopée d’enfants s’approche en rond autour de nous, observant le moindre de nos faits et gestes, tandis qu’un autre groupe s’affaire autour des motos. Dix, vingt, trente, puis peut-être cinquante. Pour tout dire l’ambiance n’est pas très agréable, presque un peu oppressante. Mais bon, ce sont des enfants, alors on donne le change jusqu’au moment ou Didier propose aux p’tites dames de leur offrir des mangues. A peine a-t-il donné la monnaie que, telle une volée de pigeons affamés les enfants se précipitent sur les dames, les mettant à terre pour leur chaparder les fruits dans un nuage de poussière, puis disparaissent. Moment d’une rare violence qui nous laisse coi. Tombée durement de sa chaise qui s’est brisée, la plus jeune se relève un peu estourbie. Nous nous confondons en excuses quelque peu dépassés par ce qui vient de se passer.
Envolés, les enfants reviennent comme si de rien n’était. Les dames ne semblent pas leur en tenir rigueur. Mais l’atmosphère redevient pesante. Il est temps de reprendre la route.

Notre boucle Sénégalaise nous ramène à St Louis pour repasser demain en Mauritanie.

Premier arrêt dans un hôtel de passe dont le « maître d’hôtel » nous vente la splendeur passée. Nous passons notre chemin pour finir un peu plus loin « Chez Marie-José ». Problème, impossible de rentrer les motos par la porte métallique du grand portail. Devant notre gène, ni une, ni deux, le gérant demande à son homme de main de le tronçonner pour permettre le passage de nos précieuses machines. En moins d’une heure l’affaire est entendue. Tout est possible en Afrique !



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