samedi 7 avril 2018

Une première bonne impression !



Je n’ai pas de souvenir précis de mon premier voyage à Bangkok. Dans les années 90, quand que nous démarrions notre développement sur la zone Asie du Sud-Est. Nous étions alors plein d’ambitions un peu naïves, de celles qui font avancer vers de nouveaux horizons à la découverte de prometteurs eldorados.
Il en a fallu des voyages, je ne les compte plus, des rencontres, des espoirs et désespoirs, pour construire des business consistants et devenir un acteur économique reconnu régionalement.
Juste devant moi dans la file d’attente du contrôle d’immigration, un tout jeune homme un peu tendu sur joue une fausse décontraction de circonstance. Regard clair, mèche blonde ébouriffée, bracelets brésiliens, ne lui manque que les tongs du surfeur Californien. Je le salue en échangeant des banalités sur le long vol depuis l’Europe et l’excellent service de l’équipage KLM.
-       Vous venez ici pour le travail me demande-t-il ?
-       Oui, tout comme vous apparemment, si j’en juge à votre sac à dos d’ordinateur.
-       Pourquoi dites-vous cela ?
-       Par ce que c’est maintenant comme cela que l’on reconnait « les hommes d’affaires ». Lorsque j’ai démarré au tout début des années 90, on se déplaçait encore avec des attache cases remplies de gros dossiers papiers. Ca faisait moins surfeurs. Depuis la révolution numérique à tout bouleversé… en mieux sans aucun doute.
En disant cela je dois admettre m’être donné un sacré coup de vieux…
-       Pour moi c’est la première fois ici me dit-il crânement. C’est comment ?
-       Chaud et trépident !
-       Et vous travaillez dans quel domaine ?
Je lui explique en quelques mots nos activités avant de lui retourner la question.
-       Je commence à l’export pour une PME dans l’environnement me dit-il. Et je viens en Thaïlande pour vendre nos systèmes de purification d’eau.
-       J’imagine en effet qu’il y a beaucoup à faire ici. C’est votre premier boulot ?
-       Oui, après une formation technique suivi d’une école de commerce.
-       Et vous avez déjà de contacts ici ?
-       Grace aux réseaux sociaux et à l’internet j’ai en effet pu initier des contacts, mais c’est la première fois que je vais les rencontrer en personne. Et j'avoue être impatient.
-       Votre entreprise est déjà à l’international ?
-       En fait nous démarrons maintenant et l’on m’a donné une année pour faire « décoller » les ventes.
Une légère moue sur mon visage le fait réagir.
-       Y’a un problème ? me demande-t-il immédiatement.
-       Du tout, mais une année c’est court, très court pour faire ses preuves à l’international. Votre entreprise va devoir accepter au début de traiter l’exceptionnel en priorité, et vous allez surement devoir vendre deux fois.
-       Comment ça ?
-       Une première fois aux clients les solutions proposées par votre entreprise, puis aussitôt, alors que l’on croit avoir fait le boulot, une seconde fois dans l’entreprise les demandes spécifiques des clients…
Cette fois-ci c’est lui qui grimace légèrement, visiblement surpris par mon propos.
Gêné de l’avoir déstabilisé, je lui demande son âge. 27 ans, l’âge de mon fils ainé, avant d’ajouter :
-       Tu as la flamme n’est-ce pas ? Alors ne t’inquiète pas, et surtout ne doute pas de ta réussite. Le développement international est certainement l’une des plus belles aventures professionnelles qui soit. C’est un travail d’engagement au long cours, où l’on apprend persévérance et endurance, mais qui procure de grandes satisfactions.

La file d’attente avance. Je le laisse passer le contrôle devant moi en lui souhaitant bon vent.
Son passeport tamponné il se retourne le visage éclairé d’un large sourire en me lançant un irrésistible « merci M’sieur ».
Pas de doute, ce gars-là saurait faire une bonne première impression.