Je n’ai pas de souvenir précis de mon
premier voyage à Bangkok. Dans les années 90, quand que nous démarrions notre
développement sur la zone Asie du Sud-Est. Nous étions alors plein d’ambitions
un peu naïves, de celles qui font avancer vers de nouveaux horizons à la
découverte de prometteurs eldorados.
Il en a fallu des voyages, je ne les
compte plus, des rencontres, des espoirs et désespoirs, pour construire des business
consistants et devenir un acteur économique reconnu régionalement.
…
Juste devant moi dans la file d’attente
du contrôle d’immigration, un tout jeune homme un peu tendu sur joue une fausse
décontraction de circonstance. Regard clair, mèche blonde ébouriffée, bracelets
brésiliens, ne lui manque que les tongs du surfeur Californien. Je le salue en
échangeant des banalités sur le long vol depuis l’Europe et l’excellent service
de l’équipage KLM.
-
Vous
venez ici pour le travail me demande-t-il ?
-
Oui,
tout comme vous apparemment, si j’en juge à votre sac à dos d’ordinateur.
-
Pourquoi
dites-vous cela ?
-
Par
ce que c’est maintenant comme cela que l’on reconnait « les hommes d’affaires ».
Lorsque j’ai démarré au tout début des années 90, on se déplaçait encore avec
des attache cases remplies de gros dossiers papiers. Ca faisait moins surfeurs.
Depuis la révolution numérique à tout bouleversé… en mieux sans aucun doute.
En disant cela je dois admettre m’être
donné un sacré coup de vieux…
-
Pour
moi c’est la première fois ici me dit-il crânement. C’est comment ?
-
Chaud
et trépident !
-
Et
vous travaillez dans quel domaine ?
Je lui explique en quelques mots nos
activités avant de lui retourner la question.
-
Je
commence à l’export pour une PME dans l’environnement me dit-il. Et je viens en
Thaïlande pour vendre nos systèmes de purification d’eau.
-
J’imagine
en effet qu’il y a beaucoup à faire ici. C’est votre premier boulot ?
-
Oui,
après une formation technique suivi d’une école de commerce.
-
Et
vous avez déjà de contacts ici ?
-
Grace
aux réseaux sociaux et à l’internet j’ai en effet pu initier des contacts, mais
c’est la première fois que je vais les rencontrer en personne. Et j'avoue être impatient.
-
Votre
entreprise est déjà à l’international ?
-
En
fait nous démarrons maintenant et l’on m’a donné une année pour faire « décoller »
les ventes.
Une légère moue sur mon visage le fait
réagir.
-
Y’a
un problème ? me demande-t-il immédiatement.
-
Du
tout, mais une année c’est court, très court pour faire ses preuves à l’international.
Votre entreprise va devoir accepter au début de traiter l’exceptionnel en
priorité, et vous allez surement devoir vendre deux fois.
-
Comment
ça ?
-
Une
première fois aux clients les solutions proposées par votre entreprise, puis
aussitôt, alors que l’on croit avoir fait le boulot, une seconde fois dans l’entreprise
les demandes spécifiques des clients…
Cette fois-ci c’est lui qui grimace
légèrement, visiblement surpris par mon propos.
Gêné de l’avoir déstabilisé, je lui
demande son âge. 27 ans, l’âge de mon fils ainé, avant d’ajouter :
-
Tu
as la flamme n’est-ce pas ? Alors ne t’inquiète pas, et surtout ne doute
pas de ta réussite. Le développement international est certainement l’une des
plus belles aventures professionnelles qui soit. C’est un travail d’engagement
au long cours, où l’on apprend persévérance et endurance, mais qui procure de
grandes satisfactions.
La file d’attente avance. Je le laisse
passer le contrôle devant moi en lui souhaitant bon vent.
Son passeport tamponné il se retourne
le visage éclairé d’un large sourire en me lançant un irrésistible « merci
M’sieur ».
Pas de doute, ce gars-là saurait faire
une bonne première impression.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire