samedi 21 juillet 2012

Sous le soleil exactement

Face au dilemme cornélien de concilier vacances et voyages, ne parvenant pas à intégrer à ces derniers la notion indispensable aux premières qu’est le repos, nous avons décidé cette année de limiter notre ambition voyageuse estivale pour se consacrer à la motivation principale habituelle des vacanciers : se relaxer, se détendre, se re-po-ser, sans plus d’objectif que d’y arriver vraiment.
Il s’agissait donc de faire simple : destination la Corse avec « armes » et bagages. Pas trop d’armes, on ne sait jamais... en tout cas bien inoffensives (tentes, table et sièges de camping, fil à linge, parasol, palmes, tuba, combi de plongée, télescope, chaussures de rando…), plus tous les bagages indispensables à la vacancière et sa fille adolescente. Je ne vous parle évidemment pas de mes quelques shorts et autres T-shirts, de préférence façon Marcel, ni de la paire de tongs (offerte par mon frère au retour de l’Aconcagua), accessoires obligatoires du vrai vacancier.
Coffre de voiture et de toit chargés raz bord, nous voilà donc partis vers le sud par le long ruban d’autoroute, transhumance des temps modernes façon nationale 7, où l’on traverse la France cruise control calé à 140 km/h. Rien de bien grisant, mais efficace, et à coup sûr pas fatiguant.
Puis la traversée de la Méditerranée, sur ferry de nuit, une cabine de 4 couchettes pour 3. Ca commence bien question repos.

La plage « enfin ».
Je reconnais bien volontiers ne pas être ici totalement dans mon élément de prédilection. Mais heureusement la nature est généreuse… :

Coté mer, sous l’eau transparente, des milliers d’alevins argentés scintillent tels des constellations d’étoiles sous les rayons de soleil diffractés par les risées de surface, au gré de leurs étonnants mouvements de masse, comme si, à la façon essaims d’abeilles, ils ne constituaient qu’un seul et même corps.
Sur fond de sable clair, des prairies de posidonies ondulent sous l’effet de la houle entre les rochers où se cachent de plus gros poissons multicolores. Suivant les espèces certain évolue en solitaire quand d’autres se déplacent en bancs élégants de quelques dizaines d’individus tous identiques au milieu desquels il est tellement agréable de se fondre à la faveur de trop éphémères apnées, moments de grâce absolue, apesanteur aquatique, comme un retour à nos lointaines origines.

Coté plage c’est un tout autre spectacle, comme si cette fine bande de sable fin, magique poudre blanche, hottait toute inhibition aux vacancier(e)s, où chacun(e) se lâche dans une exhibition corporelle inattendue :
les jeunes (et jolies) filles pudiques en bikini peaufinent un bronzage parfait, pouces sur le portable à pianoter des SMS en écoutant, oreillettes vissées au visage, les derniers tubes à la mode, tandis que leur maman en string exhibent sans plus de manière leur corps dénudé aux formes moins avantageuses, lisant nonchalamment des magazines people, aux cotés d’une gente masculine curieuse…, regards masqués derrière les lunettes fumées, arborant, ventres rentrés quand c’est encore possible, et torse bombés, les pieds dans l’eau, la fameuse démarche à la Aldo Machone. La nature est généreuse disais-je…
Et je souris en imaginant quelques rencontres cocasses en petites tenues avec sa boulangère, son banquier ou le proviseur de l’école des enfants, d’ordinaire « très comme il faut » …

Bon, j’admets forcer un peu le trait, mais reconnaissez qu’il y a du vrai. Et je ne vous parle pas des peaux brûlées par le soleil, comme si la qualité des vacances se mesurait aussi à l’intensité des coups de soleil.
Et la journée plage s’écoule ainsi, à la vitesse de déplacement de l’ombre du parasol et du repositionnement de la serviette, entre baignades et crème solaire, abrutis par la chaleur et la lumière intense d’une belle journée de juillet. Les vraies vacances à ce qu’il parait.
 ...
Cela dit la Corse est une vraie belle destination de vacances reposantes, entre mer turquoise et transparente, plages magnifiques, petits criques magiques, forêt majestueuses, somptueuses montagnes desquelles descendent d'inattendus torrents formant des vasques d'eau claire au creux desquelles il fait si bon piquer une petite tête aux heures chaudes de l'après-midi.
L' Îles de Beauté n'a pas volé son nom.