dimanche 18 juillet 2010

Pélerinage


Aller au Mans en voiture de sport « ancienne », c’est un peu comme se glisser dans la peau de Steve Mac Queen dans les premières séquences du film « Le Mans », lorsqu'il pilote sa Porsche 911 sur les petites routes du bocage Sarthois.
On roule fenêtres ouvertes savourant pleinement les sonorités mécaniques du V6 de l’Alpine mêlé aux effluves champêtres de cette belle matinée d’été, mélange de foin et de blé mur à une heure ou l’on profite encore de la fraîcheur avant la chaleur écrasante annoncée.
On roule « tranquille », assis au raz du sol en position semi-allongés dans les baquets somme toute confortable d’une auto née il a un déjà un quart de siècle et au charme inégalable : petit volant 3 branches entre les mains, direction et freins sans assistance, pédalier inversé très rapproché, levier de vitesse placé haut, bref une voiture à piloter conçue à une époque où l’électronique n’avait pas encore envahit les postes de conduites qui, s’ils apportent de vrais progrès en matière de sécurité, aseptisent considérablement le plaisir de conduire.
On roule donc « tranquille », laissant le moteur monter dans les tours vers des notes plus aigües soutenues par le léger sifflement du turbo, sans rien brusquer, pour changer de vitesse en souplesse avant que le régime moteur n’atteigne la zone rouge, laissant l’auto respirer un instant quand les aiguilles du compte tour et de pression de turbo retombent pour repartir de plus belle sur le rapport suivant jusqu’au prochain virage abordé sans freiner, juste en rétrogradant avec un léger coup de gaz, histoire de profiter décrescendo de la mélodie mécanique. A cet instant je ne fais plus qu’un avec la voiture, ressentant chaque vibration comme s’il s’agissait de mes propres muscles.

Approchant du Mans, lieu de pèlerinage automobile s’il en est, nous rejoignons un groupe de passionnées roulant en file indienne, chacun profitant du spectacle son et lumière de la voiture précédente. Il y a là, à la queue-leu-leu, une Jaguar et une MG immatriculées en Angleterre, une magnifique Porsche Carrera compétition à la sonorité métallique ainsi qu’une Maserati toutes deux immatriculées en Italie. Sans se faire prier nous nous insérons dans la file pour profiter de la symphonie en V12 majeur sous le regard envieux des badauds croisés au gré de la traversée des villages ; ici journal et baguette à la main, où là dégustant un p’tit noir attablés à la terrasse d’un café… Douce France du week-end qui commence.

« Arnage » indique la pancarte en bordure de la D323, virage célèbre à l’ouest du mythique circuit automobile.
Nous y sommes déjà, noyés dans un flot de « fanatiques » arrivant de l’Europe entière à bord d’innombrables voitures de sports de toutes marques ; improbable bouchon de Ferrari, Porsche, Aston-Martin, Maserati, Corvettes, Lamborghini, Jaguar, Caterham, Alpine et j’en passe… aux abords des parkings.
Sûr, la journée va être belle !

mercredi 7 juillet 2010

Gaaaaz !

L’actualité professionnelle chargée de ces dernières semaines ne m’a pas permis de faire vivre mon blog de voyage et d’évasion comme je l’aurais souhaité. 1000 excuses aux 250 lecteurs réguliers de mes petites chroniques… Promis, je vais être plus assidu !

C’était dimanche il y 15 jours. Un petit SMS entre copains pour nous retrouver à moto en début d’après-midi sur le parking du Décathlon Cholet, histoire de prendre l’air en faisant sortir nos vénérables Africa-Twin entretenues avec amour. A 22 ans d’âge la mienne est déjà passée en collection, mais l’émotion reste intacte chaque fois que je l’enfourche : l’appel des grands espaces commence à la sortie du garage…
Didier (alias Africa’Did), Marco et moi nous retrouvons donc avec joie pour une petite sortie improvisée sur les routes forestières au Nord de Cholet.
Soleil radieux nous roulons à petite vitesse dans les sous-bois étincelants où la lumières joue entre les feuilles d’un vert intense de ce début d’été. Coiffés de casques ouverts type enduro, nous profitons pleinement de l’air, respirant à pleins poumons les senteurs de cette nature en pleine effervescence, mélanges subtils de parfums boisés, fleuris, de chlorophylle humide, ressentant sur le visage les moindres écarts de température au gré des zones ombragées ou ensoleillées. Dieu que c’est bon.

Après quelques kilomètres, Didier qui connait le coin comme sa poche bifurque sur un chemin de terre battue en bordure de prairie. Comme un seul homme, sortie de la route nous adoptons la position debout sur les cales pieds, façon enduristes, corps légèrement basculé vers l’avant, regard « au loin » vers la trajectoire. Puis le rythme s’accélère incidemment : freiner plus tard, accélérer plus tôt en inscrivant la roue arrière en léger dérapage, pneus tout terrain projetant une gerbe d’herbe fraîche à l’accélération. Surtout ne pas se laisser distancer. Garder le contact histoire de montrer qu’on n’est pas le dernier des « poireaux ». A cet instant nous sommes ailleurs, quelque part à l’autre bout du monde, roulant dans les steppes mongoles où sur les hauts plateaux chiliens. Evasion totale. Que du bonheur !

Puis les chemins se fond plus étroits, plus profonds, plus gras, pour devenir carrément boueux. Même pas peur avec nos motos plutôt taillées pour les grands espaces.
Et ce qui devait arriver arriva : Didier notre ouvreur passe le bourbier. En le suivant je passe aussi avec difficulté. Marco qui n’a d’autre choix que de s’enfoncer d’avantage dans nos ornières reste planté au milieu « du gué », de la boue jusqu’au sabot moteur et jusqu’aux genoux ! On rigole en voyant la scène, trop contents de ne pas y être, puis finalement bien obligés d’y aller… pour sortir la moto…

Inutile de décrire l’état dans lequel nous sommes rentrés à la maison sous le regard quelque peu condescendant de nos épouses, crottés du haut en bas, mais heu-reux comme de grands enfants venant de s’en donner à cœur joie en sautant dans les flaques d’eau…

Un bien bel après-midi.