samedi 23 juillet 2016

L'un des plus beaux endroits de la Terre


J’entrouvre le hublot. La lumière crue de la stratosphère entre dans la cabine telle un rayon laser. Quelle heure est-il ? 3h45 indique ma montre. Mais 3h45 d’où ? Alors que nous devons encore être au-dessus de la Russie dans ce vol de retour de Canton vers l’Europe.
Dans mon sommeil haché peuplé de rêves étranges, de ceux vécus lors d’expéditions en montagne – sans doute les effets cumulés de l’altitude, de la fatigue et de l’inconfort relatif – je me suis refait le scénario de cette nouvelle semaine Chinoise ; je ne les compte plus. Et force est de constater que cela s’avère payant pour le développement de nos activités, résultat d’un travail d’équipe, au long cours, fait d’empathie et de détermination vis-à-vis de nos clients et partenaires de l’Empire du Milieu. Et à bien y réfléchir, intégrer le fait que nous n’en serions que des satellites, à l’opposé de notre vision du monde habituel, permet peut-être de construire des business consistants avec ce pays au potentiel extraordinaire.

De l’autre côté du hublot, la belle courbure de l’aile de l’A330 projette le regard vers l’horizon au-dessus de la couche nuageuse, dégradé de couleurs arc-en-ciel jusqu’à ce bleu profond au-delà duquel brillent les étoiles.
Nous sommes au 21ème siècle, j’ai 52 ans, et je me demande si j’aurai l’opportunité d’y aller faire un tour, de l’autre côté du ciel, là où d’un seul coup d’œil on embrasse la courbure de la planète bleue sous un ciel d’encre piqueté d’étoiles.
Le 20ème siècle était plein de promesse à cet égard, annonçant la possibilité aux terriens de voyages spatiaux accessibles, comme ce fut le cas pour les voyages aériens. Ceux-là même qui ont changés le monde, rapprochant tous les Hommes à moins d’une journée de voyage.
Tout semblait alors possible. Les américains étaient allés marcher sur la lune, les Français et les Anglais avaient co-développé Concorde, cet avion magnifique aux performances encore inégalées « volant plus vite que le soleil ».
Mais voilà, personne n’est retourné sur la Lune depuis près de 50 ans, et Concorde ne vole plus. Pour la première fois dans l’histoire récente de l’humanité, c’est un peu comme si l’on avait renoncé à une certaine idée du progrès en visant moins loin et moins vite, reléguant Apollo et Concorde au rang de dinosaures que l’on peut maintenant redécouvrir dans des musées.
Quelque chose aurait-il donc changé dans notre quête de découverte, de « vitesse », de progrès au point de renoncer à dépasser nos limites ?
Certes les révolutions technologiques de l’information ont aussi changé le monde. Mais elles ne remplaceront jamais la réalité du voyage, de la découverte physique et du contact direct. Heureusement, quelques entrepreneurs visionnaires tels Elon Musk poursuivent ce rêve dans des entreprises audacieuses telles Space X ou Tesla.

Sous mes yeux embrumés défilent de magnifiques arabesques nuageuses.
A 10.000 m il y a cette couche de ciel étincelante où les avions sillonnent la planète, loin de l’agitation du monde, lieu unique propice au rêve et à la réflexion, celui-là même qui inspira quelques-unes des plus belles pages de Saint Exupéry.
Dans quelques heures l’avion se posera « à la maison ». J’ouvrirai les journaux et il sera question des attentats en France, du Brexit, de la crise de l’immigration en Europe, de la guerre au Moyen-Orient, des prochaines présidentielles au Etats-Unis et de grippe aviaire…



vendredi 15 juillet 2016

Soirée de Gala à Saint Pétersbourg


4 heures du matin. A cette latitude le soleil se lève déjà sur St Pétersbourg, donnant à la ville aux rues encore désertes le charme romantique des peintures figuratives du 18ème siècle : enfilades de bâtiments baroques couleurs pastelles sur les berges de la Neva aux flots scintillants, dômes étincelants des églises Orthodoxes et flèches dorées de clochers ajoutant une troisième dimension à cette cité magnifique. Quelques ponts élégants enjambent les canaux du centre-ville et lui donnent des allures de Venise Baltique.
Les yeux rougis par la courte nuit j'allume mon smartphone. Une alerte info sur l'épouvantable attentat de Nice à l'occasion du feu d'artifice du 14 juillet. Il y aurait plus de 80 morts ! L'horreur continue donc en France. Et rien n'est vraiment possible contre ce type d'acte irrationnel. Seulement continuer à vivre normalement sans tomber dans le panneau de l'extrémisme, de l'exclusion, ni de la démagogie facile.

Le ronronnement de la limousine Allemande me conduisant vers l'aéroport me replonge dans une torpeur une peu nauséeuse. Il faut dire qu'au lever tôt s'est ajouté un coucher tard réduisant la nuit à 2 heures d'un sommeil décousu.
La soirée de gala donnée par notre distributeur Russe fut exceptionnelle, comme sortie  d'un autre temps. Nous nous sommes retrouvés dans un petit palais baroque situe au milieu d'un parc en périphérie de la ville. Sur la terrasse nous attendait un quatuor de qualité jouant quelques pièces du répertoire classique Russe, tandis que l'on nous servait du médiocre champagne tiède sur des plateaux plateaux d'argent. Dans ce décor parfait, pour l'occasion chacun s'était mis sur son 31, particulièrement les femmes, rayonnantes dans des tenues de soirée mises en valeur par la lumière rasante sur la pelouse parfaite du jardin, sous les regards intéressés des messieurs engoncés dans des costumes souvent approximatifs.
A l'apéritif succéda un succulent diner rythmé par les remises de prix, entre les récitals d'une excellente cantatrice aux allures de Castafiore, puis d'un incroyable joueur de balalaïka, déchaîné sur son instrument, dans une improbable mais extraordinaire interprétation de Vivaldi, Mozart et Beethoven ; juste exceptionnel !
Entre les plats délicieux, et malgré la barrière de la langue, dans une ambiance cordiale on trinqua au développement des affaires avec les nombreux clients présents.
Puis la soirée se prolongea par un grand bal où nous (mes collègues Français et moi) furent un peu l'attraction de ces dames. A moins que ce ne fut le contraire ; portés que nous étions par cette atmosphère surannée mais si chaleureuse que l’on se pris au jeu...

5h du matin. Dans L'aérogare clairsemée les voyageurs encore endormis s'enregistrent pour les premiers vols de la journée.  Rapide passage de douane et petit déjeuner au Starbucks "du coin", heureux de rentrer à la maison pour un week-end réparateur, avant de repartir en Chine dès lundi, dans ma course au service de notre passionnant projet d'entreprise. Un privilège à l'engagement de tous les instants.