lundi 20 février 2023

Hautacam

Notre pérégrination hivernale nous mène de vallée en vallée, perpendiculairement au massif montagneux, vers des cols abruptes, improbables culs de sacs offrant des perspectives de commencement du monde : l’Aubisque, fermé pour la saison, au sommet duquel un hôtel hors d’âge et sans nom offre un incroyable panorama, de celui du « Belle Vue » sur les pentes du Tizi-n-Test dans l’Atlas Marocain. Lieux uniques où l’on se verrait bien résider pour une autre vie. On s’y arrête pour s’assoir à la terrasse et laisser le regard se perdre dans des perspectives idéalisées par une imagination voyageuse. Ne rien faire d’autre que de jouir de l’instant, échapper pour un moment au tumulte de l’existence, lâcher prise en profitant de la beauté du lieu.
 
-       Et maintenant, on va où ?
 
-       L’Hautacam ? 
 
Avec son nom comme sortie d’une aventure de Tintin, la destination est tentante. Seulement accessible par une toute petite route sinueuse, le terminus échoue sur un étroit parking d’altitude au pied d’un observatoire astronomique. Panorama exceptionnel sur 360°, magnifié par la lumière déclinante de fin d’après-midi quand les reliefs évanescents se superposent en subtiles nuances de gris, jusqu’aux cimes découpant un horizon minéral d’une rare beauté.
Et tandis que le soleil se couche, la brise change de secteur, portant la couche nuageuse à nos pieds pour ne laisser émerger que quelques sommets tels des ilots sur un océan ouaté.
En cet instant parfait, « tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté »

dimanche 19 février 2023

Paradis blanc

 
Nous devions partir au large, Texas puis Basse Californie, mais l’actualité professionnelle en a décidé autrement...

Alors pourquoi ne pas partir en hivernale toucher la neige avec notre Gémini ?
S’essayer à une belle itinérance vers les plus hauts sommets des Pyrénées, sans autre but précis que de profiter des paysages d’hivers offerts au voyageur en recherche d’émotions visuelles et sensorielles propres à cette saison.
 
La sublime vallée d’Ossau nous projette jusqu’à son pic éponyme, puis le col du Pourtalet d’où s’étendent de vastes domaines skiables. Il y a bien sûr les remontées mécaniques, mais pas que. Egalement de larges étendues immaculées encore vierges où il fait bon randonner en raquettes ou skis de rando, vers les sommets alentour, desquelles il est possible de redescendre en marchant, en skiant sur une neige brute, où sous l’aile d’un parapente. Les sports d’hivers retrouvent alors une dimension naturelle que nous avions presque oubliée.
 
Marcher dans cette neige vierge et profonde est une sensation rare associée aux images d’Épinal des trappeurs du grand Nord Canadien. Sans doute les histoires de Davy Crockett de notre enfance. La douceur de la neige, sa blancheur éblouissante, le crissement des pas sur cette surface immaculée, les empreintes que nous laissons et que parfois nous croisons, celles des animaux invisibles habitants ces lieux.
Il y a de la magie. Peut être comparable au plaisir inégalable que de fouler les dunes du Sahara. Et à y regarder de plus près, certaines perspectives pourraient en être le négatif, plus exactement le noir et blanc, tant congères et ondulations peuvent se confondre. Comme le yin et le yang d’une même nature sauvage, ici glacée, là-bas brulante.
Et lorsque l’on atteint le sommet visé, sur 360° l’incroyable panoramique s’offre à nous. 
Sous un ciel indigo, les cimes rocheuses dominant le paysage embelli de son manteau d’hivers, éphémère paradis blanc, comme le message venu du ciel sur la fragilité de ce qui nous entoure.