lundi 30 juillet 2018

Même pas vu...



Rendu célèbre par le monstre du même nom, le Loch Ness occupe une place à part dans l’imaginaire collectif, depuis les premières « apparitions » de l’époque moderne – dans les années 30 – d’une créature extraordinaire à sa surface.
Bien avant l’internet, les réseaux sociaux et même la télé, il défrayait la chronique, faisant la une des journaux populaires par les récits de témoignages haletants et de mauvaises photos noir et blanc pixelisées. Et d’ailleurs, plus la photo est trouble et le récit palpitant, plus le public en demande. Imaginez un peu, un survivant de la préhistoire, créature monstrueuse d’une taille considérable sortie des abysses insondables du grand Loch Ness. Brrr… de quoi tenir en haleine les foules jusqu’à nos jours, et surtout, les attirer sur les lieux.
Et quand, effectivement attirés par la légende, nous y arrivons, la magie opère.

Regard aimanté par la surface sombre des eaux du grand lac, nous longeons la berge sous les giboulées donnant au paysage une profondeur énigmatique.
Recherchant un hôtel avec vue, nous tombons sur LE spot où je réserve aussitôt une table donnant sur le lac pour le dîner du soir. Sait-on jamais…

Une visite au tout petit musée dédié à Nessie nous fait très rapidement comprendre que pour les gens d’ici il n’est qu’une légende captivant des foules ne demandant qu’à y croire. Et c’est un très bon filon. D’ailleurs le petit musée, au demeurant parfaitement objectif sur le côté chimérique du monstre, est quasi vide, tandis que les marchands du temple alentour fond le plein. Bref, le vrai mystère du Loch Ness n’est autre qu’une parfaite illustration de ce besoin d’imaginaire qui nous fait marcher, comme le Yéti, la bête du Gévaudan et autres loups garous. Grrr… Grrr…
19h30 : assis devant la large baie vitrée donnant sur le lac nous dégustons notre « soup of the day » les yeux rivés sur les flots.
Dans le restaurant, aucune allusion à Nessie, mais de très belles photos de John Cobb, vrai héro Britannique décédé en 1952, lors d’une tentative de record de vitesse sur l’eau, avec un trimaran à réaction qui s’est désintégré sur les flots du Lock Ness à presque 300 km/h.
Nessie n’y était vraiment pour rien.

samedi 28 juillet 2018

RRS Discovery



Des quais de Dundee, Ecosse, monter à bord de Discovery est un moment rare. Il s’agit du navire d’exploration polaire Antartique de Scott et son équipe entre 1901 et 1904. Une extraordinaire odyssée technique et scientifique de 3 ans, vers l’inconnu, dans des conditions extrêmes à une époque où le continent blanc restait la dernière « terra incognita » du globe, certainement moins connue que la planète Mars ne l’est aujourd’hui.

Monter sur ce vaisseau remarquablement préservé procure une incroyable sensation, de celle ressentie à Cap Canaveral en touchant les capsules Apollo revenues de la Lune, ou en marchant sous la dernière fusée lunaire Saturne 5 qui, faute de budget et d’intérêt, n’a jamais été tirée.
65 ans seulement séparent ces explorations hors du communs, fruits de la volonté de quelques visionnaires puis mise en œuvre par des Hommes d’exception.

Scott a 30 ans quand il appareilla vers le pôle Sud avec son équipage d’un peu plus d’une quarantaines d’hommes. Trente ans seulement pour conduire une telle expédition !
Nul doute qu’il était porté par la volonté de « conclure » la dernière grande exploration terrestre, dans le sillage de Christophe Colomb et Magellan. Imaginez un peu ce que pouvait signifier pour lui d’inscrire son nom au pinacle des grands explorateurs…
Neil Amstrong avait 38 lorsqu’il posait le pied sur la Lune pour la première fois.

Un an seulement a été nécessaire pour construire le Discovery, 3 mats de plus de 50 mètres doté d’une coque en bois de 60 cm d’épaisseur et d’un moteur auxiliaire à vapeur dernier cri.
Il n’a fallu que 7 années pour que le programme Apollo emmène un homme sur la lune.
Au-delà du rationnel, le génie humain permet parfois le meilleurs dans notre quête de découverte, cet élan irrépressible pour repousser les limites au service de la connaissance.

Marcher sur le pont du navire à quelque chose d’enivrant, comme si l’âme encore présente des hommes qui y ont voyagé et travaillé vous enveloppait. Toucher la barre, descendre dans les cabines où ils ont vécu est un privilège qui à lui seul vaut le voyage. L’imagination aidant c’est tout juste si l’ont entant leur voix, respire les fumées froides de tabac brûlées dans les pipes des marins. Passant dans la cuisine, est-ce une odeur de viande rôtie ?
S’assoir au carré des officiers et juste fermer les yeux une seconde, puis laisser le regard s’évader sur les cartes posées sur la grande table donne la chair de poule, furtive impression d’absolue, entraînés pour un instant dans la grande aventure de ces explorateurs.

Ayant atteint l’Antarctique, hiverné au péril de leur vie en menant nombres d’expériences scientifiques, ils sont rentrés sains et saufs à la maison, en héros, au terme d’une expédition de 3 ans. Le temps qu’il faudra peut-être pour une expédition Martienne. 
Qu’ont-ils alors pu raconter à leurs proches ? 
Et après, que pouvaient-ils envisager de plus grand ?

Scott y est retourné quelques années plus tard et y a trouvé la mort en 1912, battu d’un souffle dans sa course au pôle par le Norvégien Amundsen.
Ironie du sort, la plupart de ses hommes d’équipage ont ensuite été décimés par la 1ere Guerre Mondiale, eux qui avaient incarné le meilleur des valeurs du genre humain, anéantis par l’un des pires moments de l’histoire de notre espèce dans sa capacité autodestructrice. L’exact opposé des idéaux qu’ils portaient.


jeudi 26 juillet 2018

C'était pas mieux avant !





Edimbourg est de ces capitales Européennes dont les la racines se perdent dans les méandres de l’histoire de notre continent ; si tant est que les îles Britanniques en fassent complètement parti…
Sagas historiques où se mélangent intrigues politiques, catastrophes naturelles et sanitaires, révolutions technologiques et développement de modèle sociaux novateurs en font toute la richesse que le monde nous envie.
La jolie citée est construite suivant une arrête dorsale de 1 mile descendant de la citadelle érigée sur le piton rocheux d’un ancien volcan, jusqu’au château Royal de Holyrood.
De part et d’autre de la longue avenue, de solides constructions de pierre dominées par d’imposantes églises de style gothique. Perpendiculairement à l’avenue, d’étroites ruelles descendent dans les quartiers plus modestes. Et on laisse l’imagination divaguer sur les coupes gorges ayant pu sévir dans ces lieux autrefois insalubres.
Au nord, dans un ancien loch asséché, la gare mise en service au milieu du 19ème siècle, summum de la modernité à l’époque de la révolution industrielle. Et je ne peux m’empêcher de faire lien avec mon dernier déplacement en Chine il y a tout juste 2 semaines. J’y ai de nouveau voyagé en train, impressionné par la dimension XXL de gares ultramodernes accueillant les TGV Chinois derniers cris. Partageant mon saisissement avec un collègue Chinois, il me répond que pour eux, l’étonnement vient plutôt de la vétusté de notre système ferroviaire lorsqu’ils voyagent en Europe… C’est vrai, sauf que chez nous il existe depuis plus de 150 ans… Imaginons un peu l’impression que pouvait faire alors la gare de Edimbourg sur les voyageurs de l’époque !
Remontant dans la vieille ville, nous nous arrêtons au Camera Obscura, sorte de musé-observatoire, sur 4 étages dédiés aux effets et autres illusions d’optiques. Au sommet, juste sous le château, un dôme entouré de petites terrasse domine la citée. Une sorte de périscope datant lui aussi du milieu de 19ème, permet de la découvrir sous un angle ludique et singulier, projetant les scénettes en direct dans un grand miroir concave en bois massif. Sans doute rien de bien extraordinaire pour les visiteurs du 21ème siècle abreuvés d’effets spéciaux. Mais imaginez la stupéfaction des visiteurs de 1880 !
Des terrasses, la perspective sur la ville est impressionnante. Et un détail saute aux yeux : les innombrables cheminées pointant sur les toitures. Aujourd’hui inactives, elles crachaient au début du siècle dernier leurs épaisses fumées acides issues de la combustion du charbon. L’air y était alors irrespirable. A cela s’ajoutait insalubrité et malnutrition. On n’imagine même pas les conditions de vie d’alors, dans ces villes pionnières de la révolution industrielle.
Difficile de ne pas faire le parallèle entre les progrès de cette époque et ceux vécus aujourd’hui dans les pays en croissance, dans des conditions humaines et sanitaires incomparablement meilleures que celles vécues par nos aïeux.
Et que dire des cris d’orfraies de certains mouvements de pensée se positionnant contre les progrès au nom de je ne sais quelle vision altermondialiste et anti-croissance économique.
Non, ce n’était certainement pas mieux avant.
Oui, le progrès au service d’une vie meilleure doit se poursuivre. Et ce doit être possible, fort de l’expérience accumulée permettant de le faire mieux, plutôt que de ne plus vouloir avancer.