samedi 28 juillet 2018

RRS Discovery



Des quais de Dundee, Ecosse, monter à bord de Discovery est un moment rare. Il s’agit du navire d’exploration polaire Antartique de Scott et son équipe entre 1901 et 1904. Une extraordinaire odyssée technique et scientifique de 3 ans, vers l’inconnu, dans des conditions extrêmes à une époque où le continent blanc restait la dernière « terra incognita » du globe, certainement moins connue que la planète Mars ne l’est aujourd’hui.

Monter sur ce vaisseau remarquablement préservé procure une incroyable sensation, de celle ressentie à Cap Canaveral en touchant les capsules Apollo revenues de la Lune, ou en marchant sous la dernière fusée lunaire Saturne 5 qui, faute de budget et d’intérêt, n’a jamais été tirée.
65 ans seulement séparent ces explorations hors du communs, fruits de la volonté de quelques visionnaires puis mise en œuvre par des Hommes d’exception.

Scott a 30 ans quand il appareilla vers le pôle Sud avec son équipage d’un peu plus d’une quarantaines d’hommes. Trente ans seulement pour conduire une telle expédition !
Nul doute qu’il était porté par la volonté de « conclure » la dernière grande exploration terrestre, dans le sillage de Christophe Colomb et Magellan. Imaginez un peu ce que pouvait signifier pour lui d’inscrire son nom au pinacle des grands explorateurs…
Neil Amstrong avait 38 lorsqu’il posait le pied sur la Lune pour la première fois.

Un an seulement a été nécessaire pour construire le Discovery, 3 mats de plus de 50 mètres doté d’une coque en bois de 60 cm d’épaisseur et d’un moteur auxiliaire à vapeur dernier cri.
Il n’a fallu que 7 années pour que le programme Apollo emmène un homme sur la lune.
Au-delà du rationnel, le génie humain permet parfois le meilleurs dans notre quête de découverte, cet élan irrépressible pour repousser les limites au service de la connaissance.

Marcher sur le pont du navire à quelque chose d’enivrant, comme si l’âme encore présente des hommes qui y ont voyagé et travaillé vous enveloppait. Toucher la barre, descendre dans les cabines où ils ont vécu est un privilège qui à lui seul vaut le voyage. L’imagination aidant c’est tout juste si l’ont entant leur voix, respire les fumées froides de tabac brûlées dans les pipes des marins. Passant dans la cuisine, est-ce une odeur de viande rôtie ?
S’assoir au carré des officiers et juste fermer les yeux une seconde, puis laisser le regard s’évader sur les cartes posées sur la grande table donne la chair de poule, furtive impression d’absolue, entraînés pour un instant dans la grande aventure de ces explorateurs.

Ayant atteint l’Antarctique, hiverné au péril de leur vie en menant nombres d’expériences scientifiques, ils sont rentrés sains et saufs à la maison, en héros, au terme d’une expédition de 3 ans. Le temps qu’il faudra peut-être pour une expédition Martienne. 
Qu’ont-ils alors pu raconter à leurs proches ? 
Et après, que pouvaient-ils envisager de plus grand ?

Scott y est retourné quelques années plus tard et y a trouvé la mort en 1912, battu d’un souffle dans sa course au pôle par le Norvégien Amundsen.
Ironie du sort, la plupart de ses hommes d’équipage ont ensuite été décimés par la 1ere Guerre Mondiale, eux qui avaient incarné le meilleur des valeurs du genre humain, anéantis par l’un des pires moments de l’histoire de notre espèce dans sa capacité autodestructrice. L’exact opposé des idéaux qu’ils portaient.


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