dimanche 23 mai 2010

Dans un jus d'hormones...

Je vous écris ces quelques lignes alors que je baigne encore dans un jus d’hormones, venant de boucler le Marathon de Copenhague il y a moins de 2 heures en tout juste 3h30.
Y’a pas de hasard ; j’avais étalonné ma préparation pour 3h30, espérant secrètement réaliser 3h25. Petite excès de prétention. Si 5 minutes sur une course de 42 km peuvent sembler dérisoires, ce sont tout de même un peu plus de 7 secondes de mieux au kilomètre, c'est-à-dire presque 300 m par heure, soit encore 1 Km sur la durée ; une valise ! Bon, je ne cherche pas à vous embrouiller avec mes considérations mathématiques, mais tout ça pour dire que la prochaine fois la préparation doit être exactement sur l’objectif, et qu’il n’est pas réaliste de compter sur le facteur chance ou que sais-je encore pour améliorer la « performance ». Aucune excuse, il m’a tout simplement manqué un peu d'allonge sur les 6-7 derniers km.
Sur ces considérations j’en viens à la course elle-même.
Sympathique parcours en boucles dans la jolie ville de Copenhaguen. Nous sommes au Nord de l’Europe, et ici tout est bien agencé, je dirais même « rangé » avec goût, mariant styles classiques baroques au design moderne des bâtiments contemporains.
Nous sommes environ 12000 à prendre le départ de l’édition 2010, dont un peu plus de 2000 étrangers. Organisation bon-enfant et départs réglés derrières des « pace setters » auxquels sont accrochés des ballons gonflés indiquant l’objectif temps.
Coup de feu de starter et la foule s'ébroue lentement. Environ 3 minutes avant que je ne franchisse la ligne de départ et lance mon chrono.
Le temps est parfait, presque chaud, et j’en viens presque à regretter d’avoir mis un maillot noir à manches longue.
Les 10 premiers km sont un peu « encombrés », courant à touche-touche, jouant parfois un peu des coudes dans des rues assez étroites. Doucement le corps monte en température.
Les 10 km suivants sont parfaitement agréables. La course s'étire. On "respire" mieux. Foulées régulières, presque légères, jusqu’à franchir avec bonheur le cap de la mi-course exactement dans la plan de marche, en 1h43. Confiant j’aborde la seconde moitié en me disant, optimiste, qu’il s’agit d’une grande descente jusqu’à l’arrivée…
Tous les 5 km des ravitaillements que je respecte scrupuleusement : verres d’eau et boisson isotonique dont le corps à besoin pour soutenir l’effort.
En franchissant le cap important des 30 km, les jambes deviennent plus dures et je commence à m’invectiver intérieurement en me disant qu’il ne reste plus qu’un gros tiers, tout juste la distance de ma séance quotidienne d’entrainement. Ca devrait l’faire.
Les km semblent maintenant s’allonger. Je suis toujours exactement dans le plan de marche, mais il me faut maintenant aller chercher de nouvelles ressources psychologiques pour soutenir la physiologie qui en a bien besoin, génération d’images mentales positives dont certaines parviennent à déclencher des flux d’adrénaline donnant la chair de poule, coups de fouet bienvenus pour rejoindre le 35ème km où je croise le regard de Flo noyée parmi les spectateurs scandant des encouragements maintenant soutenus. L’ambiance est formidable et Dieu que ça fait du bien ! Toujours dans le plan de marche, ça commence à sentir l’écurie, mais la vague d’encouragements ne parvient pas à me relancer : impossible d’accélérer. A regret je reste donc dans mon rythme régulier de 5 minutes au km.
Plus que 35 minutes de courses, tout juste une petite séance d’entretien, presque rien, lorsque je sens l’amorce d’un crampe dans le mollet droit. Merde ! Pas maintenant ! Pas si près du but ! Je me mets en hyperventilation tout en essayant de détendre les muscles au maximum pour essayer de contrôler le flux ravageur d’acide lactique.
40ème km : j’aperçois la ligne d’arrivée au bout de ligne droite de l’autre côté de la rivière. Et pas moyen d’accélérer. J’enrage.
Dernier km entre une haie d’honneur de spectateurs déchainés. Porté par les encouragements je franchis la ligne en arrêtant mon chrono : 3h30’30’’, finissant quelque chose comme 1600ème. Je ne suis pas sous la barre des 3h30. Dommage.

Tandis que nous dinons tranquillement dans un petit restau de quartier tout en discutant de la course, Flo développe une théorie à prendre en considération que je vous livre telle quelle :
- Moins tu cours vite, plus tu cours longtemps.
- Et plus tu cours longtemps, plus la course est difficile.
- Donc si tu veux moins souffrir, t’as qu’à courir plus vite !
… dans le même registre que la non moins fameuse théorie de la propulsion à la poussière. Certains comprendront…

vendredi 21 mai 2010

Objectif 3h25 !

Les dès sont jetés.
Nous partons demain vers Copenhague.
Dimanche, 42,195 km de course à pied, distance "légendaire" couru de Marathon à Athènes par le messager Phidippides pour annoncer la victoire contre les Perses en 490 avant JC, et qui, le pauvre, serait tombé raide mort quelques instants après avoir délivré son message ; bien qu'il semble que l'histoire ne soit pas encore complètement claire sur ce point tragique...
En revanche, si j'en crois le portrait ci-contre, et bien que nous ne soyons pas tout à fait sûrs non plus qu'il s'agisse bien de lui, les bras lui en seraient tombés et ça l'aurait bien fait marrer... Peut-être le manque d'entrainement. A moins que ne ce soit les chaussures. Il faut dire que les sandales, y'a mieux pour courir.
Pour ce qui nous concerne il ne sera pas question de bataille, rien d'autre qu'un challenge personnel, simplement pour le plaisir de se dépasser et franchir la ligne d'arrivée au terme d'une course juste pour soi.
Vivement dimanche !

lundi 17 mai 2010

Cours Forrest, cours !

Réveil 6h30 à l’heure exacte de levé du soleil. Le ciel est clair, pas de vent, et malgré une température plutôt fraîche en cette saison (seulement 3°), les conditions semblent idéales pour cette dernière grande séance d’entrainement avant de lentement ralentir l’intensité des sorties pour arriver « à point » au départ du marathon de Copenhague Dimanche prochain : fin d’un cycle ingrat de préparation de plusieurs mois pour profiter pleinement de la course.
Rituel immuable de l’habillage : enfilage du short, tee-shirt, de la paire d’Asics en commençant toujours par la gauche, puis, au moment de partir, coupe vent, gants de soie et paire de lunettes de soleil à travers lesquelles le paysage devient plus beau...
Rapide petit déjeuner léger et c’est parti en appuyant sur le bouton "start" du chrono-cardio.
Saisi par la fraîcheur de l’aube, premières foulées à toute petite vitesse, le temps de dérouiller le corps encore endormi. Doucement la machine se met en route, sensation agréable des muscles qui se réchauffent aidés par la caresse des premiers rayons du soleil.
A cette heure matinale, les âmes profitent encore du repos dominical derrière les volets clos, et en sortant du village je ne croise qu’un chat noir bondissant d’un jardin à l’autre.
Face au soleil levant, je cours maintenant sur une petite route de campagne typique de notre bocage. Des bancs de brumes diffractent la lumière encore rasante, et le corps maintenant délié perçoit les moindres écarts de température, glissant successivement dans d’invisibles courants d’air tièdes puis plus frais.
Déjà 30 minutes de course. Tous mes sens sont maintenant en éveil profitant du concert matinal des oiseaux et des senteurs de la terre : parfum entêtant des champs de colza en fin de floraison, blés encore verts et tendres, maïs naissant, odeur de foin du ray-grass juste fauché…
45 minutes : les endorphines produisent leurs effets ; totale sensation de bien être où l’effort s’oublie dans un plaisir euphorisant. Foulées légères, respiration d’un flux d’air régénérant circulant naturellement dans les alvéoles pulmonaires.
Le corps maintenant totalement libéré, l’esprit divague au gré d'improbables pensées, mélange de réflexions et d’images mentales sans réel fil conducteur. Dieu que c’est bon !
1h30 de course : le corps se rappelle à mon bon souvenir par une très légère contracture du molet gauche. Rien de sérieux mais tout de même une petite inquiétude. Il serait trop bête de se blesser maintenant, après toutes ces semaines d’entrainement. Alors je commence à « m’écouter » et à m’invectiver doucement : « Cours Forrest, cours ! », vision furtive et souriante du film où Tom Hanks tourne à perdre haleine autour de Central Park.

Allez, plus qu’une semaine.

dimanche 2 mai 2010

Rien ne sert de courir...

Dimanche, 11h30 :

A cette heure-ci, dans 3 semaines je serai normalement à courir le Marathon de Copenhague.
Encore 3 semaines d’entrainement, et franchement dire ça commence à me peser, particulièrement les grandes sorties de 25 km le week-end.
C’est pourtant maintenant que ce joue la course, dans la rigueur de la préparation, séances quotidiennes alternant au fil des jours, longues et plus courtes sorties pour préparer l’organisme au 42,195 km de l'épreuve.
Pour les non initiés, une telle épreuve paraît presque surhumaine : courir sans interruption 42 km, le tour du périphérique Parisien, ou encore la distance séparant Nogent le Rotrou et Tataouine les Ombrelles. Une distance automobile, éventuellement franchissable en vélo. Mais de là à le faire en courant, qui plus est sans s’arrêter…
En réalité la « performance » est accessible à la plupart des gens en bonne santé, pour peu qu’ils veuillent s’en donner la peine. Et la peine dont il est question n’est pas réellement de courir un jour la distance du Marathon, certes cela demande un effort, mais plutôt dans le challenge de la préparation rigoureuse, effort au long-cour, exigence de l’entrainement quotidien, préparation progressive, souvent ingrate du corps à l’épreuve finale. Il est si facile de se trouver les excuses pour ne pas y aller aujourd’hui… tellement facile de remettre au lendemain l’heure de course journalière pour cause d’emploi du temps surchargé, de météo capricieuse ou autres plates excuses symptomatiques d’un manque de motivation, celle-là même qui fait la différence.
On entend parfois dire que le Marathon c’est 25% dans les jambes et 75% dans la tête.
Je dirais le contraire. Il n’y a pas de miracle : plutôt 75% dans les jambes et 25 dans la tête ; si l’on veut bien sûr le courir dans des conditions « honorables », c'est-à-dire en courant vraiment.
Là est le prix à payer : préparer avec rigueur le corps à la course. Car c’est bien dans la préparation que la tête est mise à l’épreuve, pour s’y tenir avec constance et endurance.
Le jour du Marathon devient alors un aboutissement, moment privilégié où le corps et l’esprit ne forment plus qu’un, explosion des sens où le cocktail des hormones de l’effort distillent des sensations uniques, instants de plaisir intense, profitant de chaque foulée jusqu’au franchissement de la ligne d’arrivée avec l'immense satisfaction d’avoir réussi le challenge, depuis la décision initiale d'y aller, en passant par les longues et ingrates séances d’entrainement pour finalement parvenir à l’objectif.
Allez, plus que 3 semaines !