samedi 20 octobre 2018

Séminaire au bout du monde


Dans le ciel cristallin du petit matin, le vol domestique d’Aeromexico depuis Mexico City se pose enfin à La Paz. 
24 heures de voyage depuis la maison que j’ai quitté sous un exceptionnel été indien qui se prolonge : 25° à mi-octobre. A moins que ça ne soit la nouvelle norme, conséquence de l’emballement climatique auquel nous assistons…
Au tapis bagages, nous retrouvons nos clients Chinois et Brésiliens venus tout spécialement pour le séminaire "Blue Genetics", notre filiale de sélection crevettes. Egalement un représentant de la Polynésie Française. Poignées de main et juste quelques mots de circonstance avant que, fatigués, nous nous engouffrions dans le minibus vers l’hôtel. Sur le trajet, l’émerveillement des Chinois face au lever du soleil sur le paysage aride parsemé de cactus géants nous empêche de sombrer dans la torpeur du Jet-lag.

Dans le patio de l’hôtel, petit établissement typique et chaleureux, nos amis Mexicains, Indiens et Thaïlandais bavardent en petit déjeunant. Arrivés la veille ils ont bénéficié d’une nuit réparatrice et nous accueillent tout sourire. Rapide présentations autour d’un café. Le décor est planté. Nous sommes ici pour travailler 3 jours ensemble sur le développement prometteur de nos activités aquacoles, dans le cadre exceptionnel du bout de la péninsule de Baja California où la société est installée.


L’équipe locale à fait du super boulot : entre présentations stratégiques et techniques, visites des installations, conférencier de haut vol, rencontres institutionnelles, repas dans des cadres enchanteurs, entretiens en tête à tête, et découverte de l’environnement exceptionnel qui nous entoure, rien n’a été laissé au hasard. La magie opère, transformant ces quelques jours de business en une parenthèse polychrome où chacun s’exprime, expose vision et enjeux avec l’objectif de faire progresser l’ensemble pour y trouver son compte. Les échanges informels vont aussi bon train : culture, religion, contexte politique du pays, craintes et motivations.
Quelques morceaux choisis :
-       Quand un Chinois conclu que « le problème en Chine c’est justement qu’il n’y a pas de problème ! »
-       Quand un Indien explique combien il est fier de la démocratie du pays « qui rend les gens heureux », mais que le revers de la médaille est la lenteur de mise en œuvre des indispensables réformes et décisions dont les débats s’éternisent trop souvent,
-       Que nous leur répondons bien comprendre de quoi ils parlent…
-       Quand une Brésilienne se désespère de la corruption de leurs gouvernants et s’inquiète de la « trumpisation » de la politique,
-       Quand une Mexicaine se réjouit de l’alternance politique en cours dans le pays, « juste à l’opposé de Trump »,
-       Quand un tout jeune Thaïlandais exprime sans filtre sa grande ambition professionnelle et sa fierté d’être là, et qu’il est applaudi sans retenue par ses ainés.
-       Quand, en tant que Français, nous pouvons exprimer notre fierté d’avoir élu un jeune Président ouvert sur le monde et engagée dans les nécessaires réformes de notre pays.

Le bateau qui nous ramène d’excursion dans le Golf de Cortez prend son temps. On s’arrête plonger sur des récifs coralliens et leur écosystème d’une exceptionnelle diversité magnifiée par une explosion de couleurs. Plus loin, rencontre avec les lions de mer venant littéralement au contact des plongeurs avec curiosité et bienveillance. Rien ne presse. On rentre doucement, profitant des derniers rayons du soleil irisant cette mer chère à Jacques-Yves Cousteau.

Tandis que les étoiles s’allument sur les flots fluorescents, nous stoppons à quelques encablures de la plage où l’annexe débarquera sur un petit ponton de planches blanchies par le soleil.
Il est temps de débriefer ces 3 jours passés ensemble.
A tour de rôle chacun s’exprime sur son « expérience » qui se conclu par une salve d’applaudissements spontanés.
Puis, au moment de débarquer, on s’embrasse dans de longues accolades chaleureuses comme savent le si bien faire les « latinos », instant de grâce où chacun confirme son engagement au service du projet commun, conscient des défis qui nous attendent, mais sachant pouvoir compter sur ses partenaires.

Personne n’est naïf, mais tout de même, si le monde pouvait plus souvent fonctionner aussi "simplement", il tournerait sûrement plus rond.