dimanche 19 septembre 2021

Motor racing

La voiture était prête depuis des semaines, ou plutôt des mois, suite aux annulations successives de la plupart des rallyes régionaux pour cause de Covid. Alors pouvoir la ressortir, enfin, pour la course de côte historique de la Pommeraye était un très grand plaisir. Celui de retrouver l’ambiance unique de motor racing : paddocks où les voitures bichonnées, telles des chevaux de course piaffant dans leurs boxes, n’attendent que de bondir, odeurs d’hydrocarbures et de caoutchouc brulés, pilotes dans leur combinaisons multicolores, mécanos aux mains pleines de cambouis, passionnés...
Plaisir, mais aussi pointe d’appréhension au moment de s’installer dans l’auto, sanglé, casqué, ganté, et la petite musique qui vous rappelle qu’il ne va pas falloir faire n’importe quoi, que l’objectif est de se faire plaisir sans bobo pour la voiture et ses occupants. Pareille à celle qui me revient avant chaque décollage en avion ou étapes engagée en moto tout terrain. Le jour où ça n’arrivera plus, il faudra s’arrêter.
 
Devant nous les voitures semblent trépigner dans la file d’attente vers le starter. Rugissement des moteurs et ondes de chaleur diffractant l’air au-dessus des capots surchauffés. On resserre les ceintures en se (re)disant qu’on y va cool. Y’a pas d’enjeu. Tu parles... 
 
Marco au chrono, moi au volant. Le drapeau s’abaisse, go ! 
 
Première, deuxième jusqu’à la zone rouge, puis gros freinage pour l’épingle à droite.
L’auto glisse pour ressortir en léger survirage. Troisième à fond dans le long gauche. A partir de maintenant rien n’a plus d’importance que la trajectoire et la maîtrise de l’adhérence. Je ne vois rien d’autre que ce trait imaginaire. Mon corps et la machine ne font plus qu’un. Tout en écoutant le souffle du V6, je ressens aux fesses le moindre glissement de l’auto. Chercher la limite sans la dépasser. Les virages s’enchainent : droite léger suivi d’un gauche délicat avant le S de la passerelle. Puis gros freinage à droite, relance, avant un autre sur la corde à gauche pour terminer à fond jusqu’à la ligne d’arrivée. 
Une minute douze seconde m’annonce Marco. Quatre secondes de mieux que l’an dernier !
On avait dit cool... 
 
Il est vrai que l’auto était bien mieux réglée par Djo, notre ami sorcier-mécano.