mardi 13 novembre 2018

11 Novembre 2018 à Berlin


En posant à Berlin, me revient une photo noir et blanc de la noria de DC3 rasant, à l’atterrissage, les immeubles au cœur de la ville lors de son blocus à la fin des années 40. L’ancienne capitale coupée en deux, à l’Est de l’Allemagne, et ravitaillée par un pont aérien assuré par les alliés sous le leadership Américain.
La guerre froide appartient maintenant à l’histoire, celle de nos parents et grands-parents, dont l’épilogue fut la chute du mur en 1989. J’avais alors 25 ans et cela reste comme un souvenir extraordinaire, celui de vivre en direct un moment d’une rare portée historique, rien de moins que le dénouement des derniers soubresauts de la seconde guerre mondiale. Nous entrions alors dans une nouvelle ère où l’Est ne représentait plus la menace communiste.

11 novembre 2018, le centenaire de l’armistice de la première guerre mondiale, une journée exceptionnelle sur la frise de l’histoire contemporaine. Et se trouver à Berlin à cette occasion est une émotion particulière. D’autant plus forte que nous réunissons ici les distributeurs de notre branche génétique porcine : plus d’une centaine d’invités en provenance de 20 pays de tous les continents.
Ces moments sont à chaque fois d’une rare intensité, comme de mini-sommets internationaux où l’on se retrouve avec plaisir pour développer nos affaires.

19h30, dans la salle de cocktail pour le mot d’accueil. Moment toujours important où il s’agit de donner le ton. Pieter, le patron de la branche, trouve les mots parfaits pour faire le lien entre ce jour particulier, l’état du monde et notre évènement. Les regards se croisent : les Allemands et les Français, les Américains et les Mexicains, les Brésiliens et les Argentins, Les Chinois et les Japonais, les Russes et les Ukrainiens, les Anglais, les Polonais... Puis de chaleureuses poignées de main accompagnées, suivant les cultures, de cordiales embrassades. A cet instant précis, c’est comme si tous voulaient contribuer aux flux d’ondes positives émanant du moment, comme un contre-courant aux inquiétantes dérives populistes actuelles dont chacun a bien conscience.

Après le diner informel, je sors faire quelques pas en ville vers l’Alexanderplatz dominée par son élégante tour de télécommunication. Nous sommes à l’Est de Berlin avec son style rectiligne à l’architecture poststalinienne.
Par hasard j’y retrouve un client venu aussi humer l’air ambiant. Une nouvelle fois nous nous serrons la main, échangeons quelques mots sur le temps qu’il fait avant de disserter sur l’état du monde : Hongrie, Pologne, Autriche, Italie, Angleterre, USA, Brésil, Russie, Chine, inquiétante liste de pays où, pour des raisons diverses, le pouvoir dérive vers des tendances porteuses de germes à l’opposé des valeurs démocratiques ayant assuré l’une des plus longues périodes de stabilité du monde.
Comme si les générations actuelles avaient oublié d’où nous venons, exactement 100 ans après la fin de la première guerre mondiale, 73 après la seconde.