vendredi 30 décembre 2011

"Une brève histoire de temps"

Une année vient de s’écouler sur la grande horloge universelle qui tourne inexorablement au rythme de 365 jours par an, 24 heures par jour, 60 minutes par heure… rythme cosmique contre lequel rien ni personne ne puisse faire quoi que ce soit pour en ralentir la cinétique, impossible quête du Graal de l’immortalité, chimère heureusement intouchable qui hante l’imaginaire de l’espèce humaine.
Einstein avait bien réussi à mettre une partie de ce merveilleux mystère en équation dans sa théorie de la relativité générale résumée par la géniale équation E = MC², dont l’une des vertigineuses applications est le lien de la 4ème dimension – le temps – aux 3 dimensions déjà connues de l’espace : où comment un voyageur interstellaire voyageant à une vitesse proche de la lumière et revenant à son point de départ aurait gagné du temps sur celui de son port d’attache... Mais ça, ce n’est pas encore pour demain.

« Ô temps, suspend ton vol ! » écrivait Lamartine à la recherche du plaisir de l’instant dans ses « Méditations Poétiques ». Profiter du moment présent, savourer chaque seconde comme une gorgée d’un délicieux élixir, plutôt que croire que le bonheur finira par arriver. Certainement une partie du secret...
Mais n’y aurait-il pas une approche complémentaire dans cette recherche de la félicité ?
A défaut de pouvoir ralentir la course du temps, en remplir chaque instant pour en augmenter la densité, lui donner le maximum de consistance et dilater autant que possible chaque seconde pour en profiter pleinement. Faire ce que l’on souhaite, plutôt que croire que cela viendra un jour, plus tard, au risque d’arriver au bout du parcours sans avoir pu vivre ses rêves.

Avec la nouvelle année, je vous souhaite sincèrement « tout le bonheur du monde » :
- La santé pour vous permettre d’allonger autant que possible votre propre flèche du temps (jusqu’à 100%...) et disposer des moyens physiques de réaliser vos projets les plus chers !
- Des projets magnifiques pour dilater à l’infini chaque seconde !
- Le Bonheur enfin, cette faculté de savourer goulument tous les instants !

Sûr, 2012 sera une année exceptionnelle pleine d’opportunités qu’il ne faudra pas manquer.

***

Merci à vous tous, les quelques 3000 lecteurs réguliers de ces petites chroniques sans autre prétention que de vous donner, de temps en temps, quelques minutes de plaisir autant qu’elles m’en procurent à les écrire.

mardi 6 décembre 2011

Objectif Aconcagua !

D’un clic je viens de valider la résa du billet d’avion, point de non retour pour une nouvelle aventure dont je ne mesure pas encore tout à fait les dimensions. Objectif Aconcagua ! Du haut de ses 7000 m, point culminant du continent Américain au cœur de la Cordillère des Andes et plus haut sommet de la planète en dehors du massif Himalayen. Même pas peur…
Départ le 1er février 2012 en compagnie de Bruno, mon frère, et Claude un ami.

Tout cela a commencé en 2009, lorsque j’ai découvert l’ivresse « des hautes solitudes » en atteignant avec un groupe de grimpeurs le sommet du Kilimandjaro, 6000 m, sommet du continent Africain, indélébile expérience tant physiologique que psychologique.

Adolescent, comme tout le monde j’avais lu les récits de montagne de Frison Roche et Maurice Hertzog, restés enfouis comme des fantasmagories extraordinaires hors de portée du commun des mortels. Il y a quelques années un reportage télé sur l’ascension du Kili dont la monté semblait accessible avait réveillé une petite voix dont la musique devint rapidement un irrésistible refrain. Pas de doute, il fallait y aller voir. Alors bien sûr, rien à voir avec les exploits cosmiques des Grands Alpinistes ; juste la satisfaction d’effleurer leurs sensations, respirer quelques unes des rares molécules d’air qui à ces altitudes auraient pu irriguer leur poumons, et finalement attraper le virus, contaminé par cette irrésistible envie d’y retourner fouler un monde étrange, presque en apesanteur entre ciel et terre : lumière cristalline, maîtrise de la respiration, le corps et l’esprit au ralenti dans un air glacé au milieu de titanesques cahots géologiques.
L’été dernier l’ascension du Mont-Blanc fut la rechute fatale à cette étrange addiction, de celle des amoureux des déserts ou des immensités polaires où l’homme ne peut être qu’un éphémère et modeste invité.

Dans deux mois nous y serons et je vous ferai partager l'aventure.

samedi 3 décembre 2011

Foz do Iguacu

8h30 du matin. Le Boeing 737 de la compagnie brésilienne Gol décolle de la piste 14 du petit aérodrome de Foz do Iguaçu. Sur fond de ciel indigo l’appareil s’incline doucement, large virage à droite dans la belle lumière de ce début de journée striant la cabine de rayons dorés à travers les rangés de hublots. Puis le capitaine annonce :
- Mesdames, Messieurs, à la droite de l’appareil les chutes d’Iguaçu,
avant d’incliner l’avion avec élégance pour permettre à chacun d’admirer le spectacle, et quel spectacle ! Un enchevêtrement de dizaines de cataractes vertigineuses – au confluent de la rivière Iguaçu et du fleuve Parana – dont les chutes vaporisent une brume humide diffractant la lumière en de multiples arcs en ciel sur fond de forêt tropical. Juste magique.
Nous sommes exactement à la frontière du Brésil, de l’Argentine et du Paraguay. La nature a développé ici des forces vives extraordinaires et les hommes ne s’y sont pas trompés, se regroupant là pour finalement se retrouver sur trois pays.
Je profite du spectacle en me promettant d’y revenir pour le redécouvrir les pieds sur terre, puis retombe insensiblement dans une agréable torpeur, bercé par le ronron des moteurs…

- What would you like to drink Sir ? me demande gentillement l’hôtesse poussant dans l’allée centrale son chariot chargé de boissons en tout genre.
- Water please, no ice.

Je bois à petites gorgées en repensant à la conversation d’hier soir avec notre client Roberto, chaleureux et volubile entrepreneur Brésilien, la cinquantaine bien entretenue, affichant sans retenue une belle réussite professionnelle construite avec audace : grosse berline sportive, jet privé…

Après le diner il me reconduit à l’hôtel à bord de sa rutilante Mercedes AMG. Ca change de la Logan de location… Même s’il est déjà tard, nous ne rentrons pas directement. Vitres teintées grandes ouvertes il m’emmène « faire le centre ville » de Cascavel où il est visiblement connu comme le loup blanc, saluant ses connaissances à renfort d’appels de phares et de grands gestes amicaux.
- Tu vois, dit-il en pointant du doigt un bar bien placé le long de l’avenue principale ? Et bien il est à moi.
Le « Wood’s bar », un bar à concert où des musiciens et chanteurs se produisent chaque semaine.
Je ne peux évidemment que le féliciter pour son initiative, même si je m’étonne toujours de ce mélange des genres, et tandis que nous continuons « la parade » sur la grande avenue, Roberto prend soudainement un air plus profond :
- Dis moi Fred, que ce passe t-il en Europe ?
- A quel point de vu ?
- La crise ! Ou allez-vous ? Que va-t-il se passer ? me demande t-il le regard marqué d’une pointe d’inquiétude que je ne lui connaissais pas.
Je réponds en expliquant que notre système est en train de se gripper, que « L’avenir n’est plus ce qu’il était » mais que personne ne veut regarder la vérité en face, chacun s’accrochant à ses acquis, ou du moins ceux qu’il croyait être acquis.
Et d’ajouter :
- Je crois que nous touchons les limites d’un système social mis en œuvre dans une période de forte de croissance économique, basé sur la consommation de biens d’équipement soutenu par une démographique dynamique.
- Or vous avez déjà tout et vous ne faites plus beaucoup d’enfants… me lance t-il tout de go.
- C’est un peu vrai dois-je bien reconnaître.
- Regarde chez nous ajoute t-il. Les gens rêvent tous d’un avenir meilleur et travaillent durs pour cela.
- Qu’est ce que veux dire pour eux un avenir meilleur ?
- Et bien vivre comme chez vous, en Europe. Que chacun dispose du confort moderne et de la « sécurité sociale ». Mais tu vois Fred, ce qui m’inquiète, c’est que si votre système devait s’écrouler, cela pourrait totalement changer les perspectives, non seulement les vôtres, mais aussi les nôtres. Et alors il faut imaginer autre chose dès maintenant, avant que nous ne nous retrouvions dans la même situation.
- T’as une idée ?
- Pas vraiment une idée, plutôt une réflexion. Pendant des décennies les pays occidentaux se sont développés et enrichis sur le dos des pays du sud (nous entre autres…). Et vous en avez bien profité n’est ce pas ? Et bien nous, les « nouvelles puissances », il va falloir imaginer construire notre développement économique durable tout en soutenant le vôtre. Sinon je crains que nous allions au devant de risques majeurs dans un monde où chacun serait alors tenté de ne défendre que ses intérêts particuliers.

Entrepreneur - philosophe réaliste le Roberto…