En transit
à Pékin pour San Francisco, petit arrêt au comptoir Air China pour prendre ma
carte d'embarquement pour le vol transpacifique. Mais très rapidement je
m'aperçois que quelque chose ne tourne pas rond. Semblant se battre avec son logiciel
et visiblement un peu gênée, la petite hôtesse me dévisage plusieurs fois,
passe quelques coups de fils, avant de m'annoncer l'annulation de mon billet.
Devant ma surprise elle m'invite à jeter un œil sur son écran en tentant de
m'expliquer quelque chose dans un mauvais Anglais. Pas certain de tout bien
saisir, mais je finis par comprendre que mon transit sur le sol Américain été
refusé par les douanes américaines. En fait, je suis purement et simplement
blacklisté comme un terroriste potentiel. La pauvre hôtesse n'y pouvant rien,
inutile d'insister. Et je fais immédiatement le lien avec mon voyage en Iran de
l'an dernier. J’y suis pourtant allé aux US depuis, et Delphine, mon assistante,
avait bien fait le boulot en choisissant mon passeport sans visa Iranien. Mais ça n'a pas suffi. Surréaliste !
En désespoir
de cause j'appelle mon ange gardien pour essayer de débrouiller l'affaire. Mais
devant un tel embrouillamini administratif – un français en Chine voulant se
rendre au Mexique via les USA – rien à faire d'autre que de
rentrer à la maison en ruminant ma frustration. Et me dire que décidément tout
ne tourne pas rond dans le monde d'aujourd'hui.
…
Assis dans
le vol Air-France vers Paris... un souvenir me revient. C'était au début des
années 80, lors d'un voyage en voiture en Europe Centrale. Nous étions entrés
dans la Roumanie de Ceaucescu. Un visa était alors obligatoire ainsi qu'un
sauf-conduit à faire tamponner à certains passages obligés. Mais très vite nous
avions décidé de nous en dispenser... Rattrapés par la patrouille quelques
jours après, nous fumes reconduit manu militari à la frontière Hongroise, expulsion
assortie d'une interdiction de séjour de 10 ans.
Evidemment
le cas présent n'a rien à voir, et le contexte géopolitique d'aujourd'hui
différemment compliqué. Il n'est d'ailleurs pas question de remettre en cause
certaines mesures nécessaires de prudence. Mais pas au point d'entretenir une
paranoïa source de bien des tensions à l'origine de la montée des périls. Nous
vivons peut être dans un monde dangereux, mais le danger ne vient pas toujours
d'où l'on croit. Bien souvent de nos propres peurs.