jeudi 19 janvier 2017

Blacklisté !



En transit à Pékin pour San Francisco, petit arrêt au comptoir Air China pour prendre ma carte d'embarquement pour le vol transpacifique. Mais très rapidement je m'aperçois que quelque chose ne tourne pas rond. Semblant se battre avec son logiciel et visiblement un peu gênée, la petite hôtesse me dévisage plusieurs fois, passe quelques coups de fils, avant de m'annoncer l'annulation de mon billet. Devant ma surprise elle m'invite à jeter un œil sur son écran en tentant de m'expliquer quelque chose dans un mauvais Anglais. Pas certain de tout bien saisir, mais je finis par comprendre que mon transit sur le sol Américain été refusé par les douanes américaines. En fait, je suis purement et simplement blacklisté comme un terroriste potentiel. La pauvre hôtesse n'y pouvant rien, inutile d'insister. Et je fais immédiatement le lien avec mon voyage en Iran de l'an dernier. J’y suis pourtant allé aux US depuis, et Delphine, mon assistante, avait bien fait le boulot en choisissant mon passeport sans visa Iranien. Mais ça n'a pas suffi. Surréaliste !
En désespoir de cause j'appelle mon ange gardien pour essayer de débrouiller l'affaire. Mais devant un tel embrouillamini administratif – un français en Chine voulant se rendre au Mexique via les USA – rien à faire d'autre que de rentrer à la maison en ruminant ma frustration. Et me dire que décidément tout ne tourne pas rond dans le monde d'aujourd'hui.
Assis dans le vol Air-France vers Paris... un souvenir me revient. C'était au début des années 80, lors d'un voyage en voiture en Europe Centrale. Nous étions entrés dans la Roumanie de Ceaucescu. Un visa était alors obligatoire ainsi qu'un sauf-conduit à faire tamponner à certains passages obligés. Mais très vite nous avions décidé de nous en dispenser... Rattrapés par la patrouille quelques jours après, nous fumes reconduit manu militari à la frontière Hongroise, expulsion assortie d'une interdiction de séjour de 10 ans.
Evidemment le cas présent n'a rien à voir, et le contexte géopolitique d'aujourd'hui différemment compliqué. Il n'est d'ailleurs pas question de remettre en cause certaines mesures nécessaires de prudence. Mais pas au point d'entretenir une paranoïa source de bien des tensions à l'origine de la montée des périls. Nous vivons peut être dans un monde dangereux, mais le danger ne vient pas toujours d'où l'on croit. Bien souvent de nos propres peurs.


mardi 17 janvier 2017

Principe de précaution

Il neige sur Xi'An, dans un air sale aux relents acides. Petit matin glacial un peu triste. Alors qu'il fait encore noir, dans les rues fument les gargotes à roulettes des marchands ambulants de petits déjeuners, "food bikes" autour desquelles s'agglutinent les petits bonshommes emmitouflés dans d'épaisses doudounes. Paires d'Asics aux pieds, collants, coupe-vent fluo, gants et bonnet, je passe comme un extra-terrestre, croisant les regards amusés des passants qui, selon les normes internationales devraient être asphyxiés depuis belle lurette. Mais ils sont bien vivants. Quant à moi, faire du sport dans ces conditions m'exposerait aux pires risques de santé. Chacun survit comme il peut.

Au petit déjeuner je retrouve mes coéquipiers Chinois et Américains tout sourire devant ma petite tenue.
-       Pas trop asphyxié me lance un collègue lui-même fumeur ?
J'ironise un peu sur sa préoccupation quant à la qualité de l'air, avant de relater la psychose de ces dernières semaines en France sur le même sujet, et les décisions de restriction de circulation automobile prises alors.
Tandis que mes amis Chinois rient jaune, Jim en rajoute sur la politique environnementale à venir avec l’administration climato-sceptique de Trump, et le redéveloppement attendu des énergies fossiles "bon marchés".  Cela nous promet des lendemains qui déchantent et de belles surenchères sur ces sujets sensibles. Mais, comme souvent, l'Amérique n'est pas prête aux compromis si cela empiète sur la prospérité de ses citoyens. En réalité surtout celle de quelques lobbies politico-industriels…
-       Et vous savez quoi, ajoutais-je, pendant ce pic de pollution en France, les zones "les plus à risque" étaient les vallées alpines.
Devant l’incrédulité de mes collègues je développe un peu :
-       Du fait des feux de cheminée dans les jolis chalets. Pourtant, quoi de plus naturel n'est-ce pas ? Sauf que la mauvaise combustion du bois de conifères libère "des microparticules nocives". Un seul feu en produirait plus que de nombreux moteurs diesel dit très polluants. Donc, feux de cheminée interdits !
-       Mais vous êtes complètement fous en France rétorque un collègue.
-       Ben oui, ce qu'on appelle "le principe de précaution".
-       Et c'est quoi ça ?
-       Un truc inventé par notre administration pour se couvrir ; au cas où. Et je ne vous parle pas, au nom du même principe, de la gestion désastreuse de la grippe aviaire qui sévit actuellement dans notre pays... (Certains lecteurs comprendront).

Il y a vraiment des fois où l'on se dit que c'était peut-être mieux avant.


lundi 2 janvier 2017

Tous les bonheurs du monde en 2017 !



Le tournant de la nouvelle année est l’occasion de se souhaiter les vœux et, pour certains, de prendre de bonnes résolutions.
Pour tout dire je ne me retrouve pas vraiment dans ces rituels, comme s’il s’agissait à chaque fois d’un nouveau départ, tandis que la flèche du temps ne s’arrête jamais. La découper en années serait comme une course d'obstacles à franchir dans notre quête du bonheur, alors justement celui-ci doit s'inscrire dans l'instant présent. Personnellement je compte les années en %, comme la barre de chargement du programme de la vie vers les 100%. Et raisonner comme cela m’enthousiasme à l'idée de tout le potentiel restant pour continuer de progresser. Mais comme le changement d'année est aussi l’occasion de bons moments familiaux et entre amis, pourquoi bouder son plaisir. 

Au moment des voeux il y a toujours des oiseaux de mauvais augure qui vous annoncent le pire, pointant « la misère du monde » dans toutes ses dimensions. Et de ce point de vu reconnaissons que 2016 nous a servi son lot de tristesses, avec les attentats islamistes en Europe, la montée des nationalismes sur le vieux continent, la guerre permanente au Moyen-Orient, les dérèglements climatiques, l’omniprésence de Poutine en Russie, la crise institutionnelle au Brésil, l’élection de Trump aux USA,  la déliquescence du pouvoir politique en France… autant de raisons de broyer du noir.
Nous avons aussi les fatalistes qui vous disent qu’on n’y peut rien, se replient sur soit en estimant qu’ils sauront bien passer entre les goûtes sans se faire remarquer.
Autre genre avec les individualistes, sur lesquels l’état du monde n’a que peu d’emprise, centrés sur leur seul « petit » ou parfois grand confort.
Fort heureusement existent aussi des optimistes actifs, personnalités positives et rayonnantes conscientes de l’état du monde, mais convaincus que chacun de nous a un rôle à jouer pour l’améliorer.
Pour 2017 je vous souhaite de rejoindre le camp de ceux qui agissent inlassablement dans cet esprit positif et constructif, pour contribuer, même modestement, à un monde meilleur.
Dit comme cela je reconnais volontiers que ça puisse sembler naïf, ou bien pédant selon la façon dont on voit les choses. Mais ne touchons-nous pas là au meilleur de l’Homme et ses facultés de progresser ensemble malgré l’adversité ? Et s’il ne peut être question de nier les difficultés auxquelles nous sommes confrontés – mais franchement, était-ce plus simple pour nos aïeuls – le monde continue de tourner et, je le pense sincèrement, de s’améliorer. En tout cas tel doit notre objectif commun.

Quelque-soit le moment en 2017, je vous souhaite donc tous les bonheurs du monde !