mardi 17 janvier 2017

Principe de précaution

Il neige sur Xi'An, dans un air sale aux relents acides. Petit matin glacial un peu triste. Alors qu'il fait encore noir, dans les rues fument les gargotes à roulettes des marchands ambulants de petits déjeuners, "food bikes" autour desquelles s'agglutinent les petits bonshommes emmitouflés dans d'épaisses doudounes. Paires d'Asics aux pieds, collants, coupe-vent fluo, gants et bonnet, je passe comme un extra-terrestre, croisant les regards amusés des passants qui, selon les normes internationales devraient être asphyxiés depuis belle lurette. Mais ils sont bien vivants. Quant à moi, faire du sport dans ces conditions m'exposerait aux pires risques de santé. Chacun survit comme il peut.

Au petit déjeuner je retrouve mes coéquipiers Chinois et Américains tout sourire devant ma petite tenue.
-       Pas trop asphyxié me lance un collègue lui-même fumeur ?
J'ironise un peu sur sa préoccupation quant à la qualité de l'air, avant de relater la psychose de ces dernières semaines en France sur le même sujet, et les décisions de restriction de circulation automobile prises alors.
Tandis que mes amis Chinois rient jaune, Jim en rajoute sur la politique environnementale à venir avec l’administration climato-sceptique de Trump, et le redéveloppement attendu des énergies fossiles "bon marchés".  Cela nous promet des lendemains qui déchantent et de belles surenchères sur ces sujets sensibles. Mais, comme souvent, l'Amérique n'est pas prête aux compromis si cela empiète sur la prospérité de ses citoyens. En réalité surtout celle de quelques lobbies politico-industriels…
-       Et vous savez quoi, ajoutais-je, pendant ce pic de pollution en France, les zones "les plus à risque" étaient les vallées alpines.
Devant l’incrédulité de mes collègues je développe un peu :
-       Du fait des feux de cheminée dans les jolis chalets. Pourtant, quoi de plus naturel n'est-ce pas ? Sauf que la mauvaise combustion du bois de conifères libère "des microparticules nocives". Un seul feu en produirait plus que de nombreux moteurs diesel dit très polluants. Donc, feux de cheminée interdits !
-       Mais vous êtes complètement fous en France rétorque un collègue.
-       Ben oui, ce qu'on appelle "le principe de précaution".
-       Et c'est quoi ça ?
-       Un truc inventé par notre administration pour se couvrir ; au cas où. Et je ne vous parle pas, au nom du même principe, de la gestion désastreuse de la grippe aviaire qui sévit actuellement dans notre pays... (Certains lecteurs comprendront).

Il y a vraiment des fois où l'on se dit que c'était peut-être mieux avant.


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