dimanche 18 juillet 2021

Persona non grata

18 mois que je n’avais plus pris de vol intercontinental. Je ne me souviens pas avoir connu une période aussi longue, tant les voyages au long cours ont rythmé mes 20 dernières années. Pas un mois sans voyage au service du développement de notre groupe. Sans compter ceux entrepris avec notre famille pour découvrir le monde autrement. Et soudain tout cela s’est arrêté. L’alerte SRAS en Chine fin 2019. Une de plus. Elle ne devait durer qu’un hiver comme toutes les précédentes. Mais il y avait un truc qui clochait : les moyens déployés par les autorités chinoises pour contenir les contaminations. Rien à voir avec les cas précédents. A se demander si tout cela était bien normal. Savaient-ils quelque chose que nous ignorions ? Puis l’explosion des contaminations de par le monde.

Fin Janvier 2020 je rentre des Etats-Unis. Déjà les premiers masques font leur apparition dans les avions et les aéroports. Rien d’obligatoire. On en sourit, se moquant un peu de ceux atteints par une psychose relayée par les réseaux sociaux.

Puis le monde s’arrête avec les premiers confinements dans les pays occidentaux. Bien sûr la Chine l’avait déjà fait. Mais c’était la Chine. Alors on ne savait trop que penser. Cela aurait pourtant dû nous mettre la puce à l’oreille. Puis successivement les pays Européens s’y mettent, affolés par tous ces morts et l’encombrement des hôpitaux. Sidérés nous rentrons dans nos « cabanes ». Période extraordinaire qui ne saurait durer. Fin du premier confinement où l’on se dit que tout va redevenir comme avant. Mais ça recommence. Puis encore. Comme une crise qui n’en finit pas finir et bouleverse le monde.

Pendant cette période inédite, nos entreprises s’adaptent comme elles le peuvent. Il y a ceux qui n’ont pas d’autre choix que de venir travailler tous les jours sur les sites de production. Comment pourrait-il en être autrement ? Et les autres que l’on met en télétravail. Au moins ils seront en sécurité pense-t-on. Sans doute. Mais lorsque tout se mélange – vie professionnelle, personnelle, familiales, au même endroit et en même temps – il y a de quoi en perdre un peu les pédales. On s’organise, s’habitue, entrant dans une nouvelle routine à la dimension professionnelle digitalisée (le monde d’après), au rythme de réunions « Teams » calée au millimètre, certes efficaces mais déshumanisées.

Et avec les clients c’est pareil. Par le force des choses...

Arrivent les vaccins. Ca y est ! Nous allons pouvoir en sortir si chacun veut bien jouer le jeu. Même si cela n’a rien d’une partie de plaisir que de se battre contre un virus avec des moyens efficaces ayant permis d’éradiquer tant de maladies infectieuses. Mais la société moderne est amnésique. En tout cas certains. Ceux qui égoïstement, au nom de je ne sais quelle liberté individuelle, pensent pouvoir s’en passer. Bien sûr qu’ils le peuvent si la très grande majorité des autres jouent le jeu. On marche sur la tête de ne pas rendre la vaccination simplement obligatoire. Pas encore...

Heureusement, le mouvement est en marche. Et le contexte sanitaire, bien que toujours sensible, s’améliore. Alors il faut bien finir par sortir de nos « cabanes », enfin. Et pour ce qui me concerne aller revoir pour de vrai les équipes de par de monde, ainsi que des contacts professionnels importants.

Se reprojeter comme dans la vie d’avant où la présence physique aidait à mieux faire avancer les choses. Mais n’y sommes-nous pas arrivés aussi pendant cette période ? Et cela a permis de bien réduire les frais de déplacement. Sans compter la petite musique de l’empreinte carbone que l’on nous joue maintenant en permanence. Alors pourquoi faire l’effort de sortir de cette nouvelle zone de confort que l’on s’est créé, forcés par ce contexte extraordinaire ? 

Hauts les cœurs : un grand coup de pied aux fesses pour repartir en campagne vers les Amériques. Retrouver l’ambiance unique des aéroports, le plaisir de voir la terre depuis le ciel, passer dans les hôtels des nuits de jet lag où l’on se réveille l’horloge interne totalement déréglée, manger les cuisines du monde, et surtout s’assoir pour échanger avec les gens.

L’appréhension passée, cela avait plutôt bien démarré. Heureusement que l’on retrouve vite ses marques. Jusqu’à ce vol de Mexico City vers San Antonio (Texas – USA) où l’on me refuse l’embarquement – malgré mes 2 doses de vaccin et 2 tests PCR négatifs les jours précédents – au motif qu’arrivant d’Europe, je n’avais pas passé 14 jours au Mexique, le temps d’une quarantaine théorique. On marche sur la tête ! Mais face au blocage du système, pas d’autre choix que d’écourter cette mission et rentrer à la maison prématurément.

Le monde ne (re)tourne pas encore très rond !