dimanche 27 décembre 2009

Road movie :



Jeudi soir dernier :

Nous sommes 300 personnes à Cholet dans l’amphi d’une école de quartier.
Dehors la cours légèrement enneigée est balayée par de glaciales bourrasques de nord-est, clin d’œil Sibérien au film qui va nous être présenté, et parfaites conditions météo pour passer une agréable soirée à voyager sur grand écran, confortablement installé dans une salle de classe.
Dans la chaleureuse ambiance baignée d’ondes positives de ceux que les grands espaces font rêver, que les rencontres inattendues intéressent, que la moto fait vibrer, nous voilà parti pour 25000 km autour de la planète, le long du 48eme parallèle, vers le soleil levant pour le road movie de D’Jo et Didier. Une heure quinze de pur bonheur à suivre leur grande boucle, en réalité la plus grande boucle possible par la voie terrestre : non stop de Brest à Vladivostok, puis de Vancouver à Québec ; en 87 jours.

Pas de frime, juste le récit simple et sincère d’une très grande ballade autour la planète, sans assistance, avec des Africa-Twin affichant avant de partir déjà plus de 80000 km au compteur, et pour un budget total de 12000 € par équipage, moto comprise. Comme quoi, faire un tour du monde ne requiert pas nécessairement un compte en banque de millionnaire ou le soutien de gros sponsors : un rêve, une petite dose d’inconscience, de l’audace, de la détermination, et le projet peut devenir réalité. Et nul besoin d’une surproduction Hollywoodienne pour transmettre aux spectateurs les émotions d’une belle aventure à travers quelques séquences inoubliables :

- Au fin fond de la Sibérie, une rencontre avec un tueur d’ours dans sa cabane en bois au milieu d’une forêt de bouleaux et qui joue, en marcel, un air de musique classique sur un vieux bastringue désaccordé tout en buvant de la vodka ;
- Une malheureuse chute au milieu du désert de Gobie, genou luxé à des centaines de kilomètres de la ville la plus proche, se demandant si ce n’est pas là la fin de l’aventure ;
- L’accueil spontané de nomades Mongols pour se protéger d’une soudaine tempête de sable, abrité dans une yourte à manger une soupe de nouilles fumante pour tuer le temps sans pouvoir échanger un piètre mot ;
- Une après-midi au bagna (sauna local) avec une joyeuse famille russe extrême orientale sur les rivages de la mer du Japon ;
- L’attente interminable des motos transférées par bateau, dans un hôtel du port de Vancouver, parmi d’autres clients échoués ici de longue date avec le secret espoir de réaliser leur rêve Américain ;
- Un bucolique bivouac sur les berges du Lac Huron, à discuter avec un gars du coin nonchalamment installé sur un rocking-chair sur la terrasse grinçante d’un chalet hors d’âge ;
- L’entretien des motos dans un improbable garage tenu par de solides gaillards au cœur gros comme ça, enracinés au milieu de cette Amérique profonde ;
- L’accueil décontracté d’un couple de jeunes retraités aisés, aux petits oignons avec 2 frenchies un peu défraîchies au terme de presque 3 mois de voyages ;
- L’arrivée finale à la gare d’Angers sous les embrassades des copains…

Merci les gars. C’était tout simplement bien !

Retrouvez le récit complet de l'aventure sur http://tdm.a3w.fr/

dimanche 13 décembre 2009

Garder son regard d'enfant


Jeudi soir, réception d’investisseurs financiers dans une galerie d’art parisienne non loin de la place de l’étoile.
Si ce type de soirée n’est pas à proprement parlé ma tasse de thé, il y a parfois des obligations. Et celle-ci, n’était à vrai dire pas désagréable.
Entre les poignées de main des messieurs en costumes sombres et les sourires des dames chics un peu stéréotypées, toujours amusant de prendre un instant de recul pour observer les jeux de rôle de cette petite société où chacun vient avec ses motivations, mais dont le dénominateur commun se nomme « argent ».

Avant les petits fours et la visite guidée de la galerie d’art africain, nous avons droit à l’exposé magistral d’un économiste de renom expliquant avec brio les mécanismes de la crise mondiale que nous traversons, puis les ressorts pour s’en sortir. Vers un nouvel ordre mondial s’appuyant sur de nouveaux équilibres : entre création de richesses réelles et spéculation, équilibre nord-sud et urgence climatique, administration privée et contrôle des états…
Brillant mais sans chaleur. Juste une analyse froide et magistrale maniant certes avec intelligence, mais apparemment peu de sensibilité, tous ces grands enjeux.
Mon voisin de droite qui a visiblement décroché joue avec son Blackberry.
- Et dire que ce sont ces types qui conseillent nos dirigeants, lâche spontanément une jeune femme enceinte jusqu’au cou assise juste derrière moi.
En sortant je lui demande :
- C’est pour quand ?
- Mi-janvier répond elle avec un sourire un peu las…
- C’est votre premier ?
- Mon deuxième.
Nous nous perdons dans la bousculade vers le buffet.

Dans le brouhaha de ce type de réunion il y en a toujours pour se faire remarquer.
Quelques hommes grande-gueules autour desquels tournent des pin-ups sur échasses aux motivations clairement affichées.
Ceux qui ne décollent pas du bar.
Les accros du buffet un peu bedonnants.
Quant à moi j’en profite pour échanger avec quelques connaissances sur le passionnant développement de notre projet industriel, faisant tout mon possible pour les y intéresser, ce qui objectivement n’est pas bien difficile.

Un peu avant 23h, après avoir remercié les hôtes pour « la charmante soirée », je quitte les lieux pour retrouver ma voiture et filer vers la Bretagne où je dois démarrer de bonne heure demain matin.
La rue illuminée est mise en valeur par les décorations de Noël. Tout en marchant d’un pas rapide, vivifié par la fraîche température, je profite des jolies lumières. Rapidement j’arrive à la voiture, mais, porté par cette ambiance scintillante, décide de poursuivre à pied jusqu’à la Place de l’Etoile dont j’aperçois en perspective l’Arc de Triomphe.
Les vitrines décorées ajoutent encore à l’air de fête. Quelques passants emmitouflés
marchent d’un pas rapide à cette heure déjà avancée.
En arrivant sur la place au milieu de laquelle trône l'un des symboles monumentaux de la République, mon nouvel objectif est la descente des Champs Elysées. Encore faut-il y parvenir, les branches de l’étoile sont nombreuses. Première, deuxième, troisième, quatrième, cinquième…
Ouah, quelle perspective !
« La plus belle avenue du monde », selon les français, a revêtu ses plus beaux atours : les deux rangées d’arbres bordant l’avenue sont illuminées de guirlandes argentées légères et dégoulinantes du plus bel effet. Sur les larges trottoirs le long des vitrines, des centaines de badauds déambulent tranquillement, profitant de l’ambiance si particulière de cette période de Noël. Au bout de l’Avenue, Place de la Concorde une grande roue disposée perpendiculairement ponctue la majestueuse perspective.
Imitant de nombreux touristes étrangers, afin de ne rien manquer du spectacle, je traverse l’avenue pour m’arrêter sur le terre-plein central entre les voitures montantes aux phares éblouissants, et descendantes dont les feux rouges clignotent au gré des ralentissements. Je propose à des amoureux "latinos" frigorifiées d’immortaliser leur instant magique sur une photo. Cadrant l’instantané sur le petit écran LCD, j’appuie sur le bouton de l’appareil avant de leur redonner. Tout sourire ils me remercient en repartant bras dessus bras dessous.
Sous le charme je décide de descendre Les Champs « rive droite », porté par le flot des promeneurs de Noël.
Des gens du monde entiers marchent des étoiles plein les yeux : ici deux femmes en fourrure et sacs à main Vuitton s’émerveillent devant une boutique de mode haut de gamme. Là un jeune couple à priori Japonais semble un peu perdu, tandis qu’une famille Américaine cherche quelque chose à se mettre sous la dent. Pas facile de trouver à cette heure tardive depuis que Mac’Do a déménagé, dissuadé par les loyers prohibitifs de l’endroit...
Etonnamment peu de personnes seules, alors qu’il y en a tant dans la capitale aux heures de la journée…
Et toutes ces vitrines décorées des beaux magasins qui ajoutent encore à l’ambiance festive du moment, entretenant nos envies d’autre chose.
Plus bas, de l’autre coté de l’avenue, un éphémère marché de Noël, petits chalets de bois recouverts de neige artificielle éclairée d’un bleu glacé façon dessins animés, ajoute à l’ambiance un décor "grand nord" auquel ne manque plus que les rennes et le Père Noël qui à cette heure tardive est certainement allé se reposer après une éprouvante journée à jouer la comédie pour les enfants de passage qui en rêvent encore.

Il est minuit et j’ai encore plus de 2 heures de route.
Je retrouve la voiture en me disant que décidément les plus beaux voyages sont parfois inattendus, coïncidence d'un instant, d'un lieu et du regard que l'on y porte.
Et tout en redescendant Les Champs Elysées à faible allure, encore sous le charme du moment, je me redis combien il est essentiel de ne pas perdre son regard d’enfant.

jeudi 3 décembre 2009

La boucle est bouclée !


Le 2 Décembre, dans un petit hôtel au Nord de Madrid.

Nous arrivons à la fin de ce nouvel épisode de Carnets de Voyages.
Grâce à la technologie de Gérard, sur la carte vous avez pu suivre en « live » notre périple marocain dont j’ai tenté de vous faire partager quelques impressions, sensations et découvertes.
J’espère que la balade vous a plu autant que le grand plaisir qui a été le mien en essayant de vous restituer quelques unes des milles facettes de cette belle navigation, où lumière, couleurs, rencontres, saveurs, chaleur, matières, odeurs se mêlent dans un étonnant cocktail faisant de chaque voyage une expérience unique.
En reposant les pieds en Europe nous rentrons à la maison, pour comme diraient certains, « reprendre le train-train quotidien. »
Fort heureusement ça n’arrivera jamais ! Je parle bien sûr du « train-train. »
Chaque journée est unique et mérite d’être vécue comme telle, en profitant pleinement de l’instant qui nous est offert.
Le prochain est celui des retrouvailles avec les proches. Que du bonheur !

mercredi 2 décembre 2009

Vertiges sur le Tizi-n-test


Kenitra, le 1 décembre :

Quittant le désert l’âme purifiée, et pour tout vous dire le corps aussi suite à une bonne et vraie douche réparatrice, nous avons décidé de remonter vers le nord en traversant le Haut-Atlas par le col du Tizi-n-test, 2200 m, à l’ouest de Mont Toubkal qui culmine à un peu plus de 4000 m, deuxième sommet d’Afrique derrière le Kilimandjaro.
Hier soir nous nous étions mis d’accord avec l’hôtelier pour un petit dès 8 heures, afin de ne pas partir trop tard et profiter pleinement de la belle lumière matinale sur le massif montagneux.
A 8 heures tapantes nous nous retrouvons donc en bas de l’hôtel, mais pas moyen de rentrer dans la salle de petit dej fermée à clé, ni même de sortir dans la rue pour la même raison…
Un peu agacés nous commençons à pester contre l’aubergiste lorsque Jo me regarde tout sourire, et d’ajouter :
- Je crois bien qu’il n’est que 7h locale…
Nous prenons donc notre mal en patience et attendons 9h sur notre montre pour vérifier si l’hypothèse « du décalage horaire » se vérifie. Une heure plus tard, effectivement notre hôte arrive, toujours très avenant, nous demandant si nous avions bien dormi et ce que nous désirions pour le petit dej…
Et dire que depuis une semaine nous ne nous étions aperçus de rien. Comme quoi, dans certaines circonstances une heure de plus ou de moins n’a vraiment pas d’importance, observation se vérifiant particulièrement dans les pays orientaux parmi lesquels nous pouvons considérer le Maroc, même si du strict point de vu géographique ce n’est pas tout à fait exact.
C’est donc un avec un léger décalage horaire que nous prenons la route ce matin.

Très rapidement la chaine du Haut Atlas barre l’horizon Nord, comme posée sur une vaste plaine où poussent notamment jusque sur les premiers contrefort sud du massif, les arganiers, arbre devenu célèbre depuis le développement de la mode « huile d’argan », issue de ses fruits, et parait-il aux innombrables vertus : médicinales, cosmétiques, gustatives, énergisante et peut-être même aphrodisiaque. J’en oublie certainement.
Quoi qu’il en soit, le produit est cultivé et transformé dans un milieu naturel assez exceptionnel. Et comme disait ma grand-mère paternelle :
- Ca ne peut pas faire de mal, y’a que des bonnes choses dedans !

L’ascension du col du Tizi-n-test est une expérience qui vaut de détour. Personnes sujettes au vertige s’abstenir. Il s’agit de gravir un dénivelé de 1500 m sur une route très étroite, défoncée et sans protection, à flan de montagne.
Les à-pics sont vertigineux et le passager est bienheureux, lorsqu’à la faveur d’une épingle à cheveux la voiture change de sens, repositionnant les places de droites coté montagne…

Comme accrochés à la pente, de magnifiques villages, maisons de pierre et terre se fondent dans le paysage où la géologie à produit une incroyable palette de couleurs de sol, allant du rouge presque vif, au vert kaki en passant par toutes les nuances de gris et de jaune.
Si l’architecture des habitations n’a probablement pas évolué depuis des siècles, et pourquoi le devrait-elle pour des constructions parfaitement en harmonie avec leur environnement, un détail saute cependant aux yeux : l’installation d’antennes paraboliques toutes orientées dans la même direction sur le toit des maisons, leur donnant un petit air "Star War", extraordinaires fenêtres sur le monde pour les gens simples d’ici à priori pourtant tellement isolés.

Au détour d’un virage on tombe sur un troupeau de chèvres, ces toutes petites chèvres rustiques d’une agilité extraordinaire sur les pentes abruptes et instables que l’on peut même parfois retrouver dans les arbres quand la nourriture se fait trop rare.
Conduire ici demande une attention de tous les instants, notamment lorsqu’il s’agit de croiser un autre véhicule. On prie alors pour ce soit au moment où l’on monte coté pente plutôt qu’au bord du précipice.
De temps en temps nous rattrapons ou croisons un taxi, vielle Mercedes verte hors d’âge émettant un énorme nuage de fumée noire et où les passagers s’entassent au gré des arrêts du chauffeur le long de cette route non desservie par les services public ; jusqu’à 9 personnes par voiture ! Comment est-ce possible ? Et bien 5 derrière plus 4 devant, ce qui veut notamment dire que le chauffeur conduit assis sur les genoux d’un passager. Vous n’y croyez pas ? Je l’ai vu.

Aujourd’hui Nous avons failli perte la voiture ; mais de la manière que vous pourriez imaginer. Alors que nous faisions une pause pipi, j’entends soudain un léger crissement de pneus derrière moi. Le temps de me retourner et je vois notre fidèle Disco commencer à doucement reculer vers le vide. Il s’en est fallu de peu que je ne puisse sauter à bord pour resserrer le frein à main insuffisamment tiré. Petit moment de distraction...


Un peu avant le sommet, un modeste café-hôtel, « Belle Vue » le bien nommé, propose un belvédère exceptionnel vers le sud-ouest, sur 180°. Où l’on se prend un instant pour un oiseau survolant ces majestueux paysages.

La descente face nord est longue et peut-être un peu moins spectaculaire. Quoi que…
Lorsque le ciel est clair on distingue clairement le Toubkal, dont le sommet ne va pas tarder à s’enneiger avec l’arrivée de l’hiver.
Puis nous traversons Asni, village étape pour les trekkeurs de l’Atlas, avant de redescendre dans la vallée vers Marrakech, laissant derrière nous la massif de l’Atlas magnifiquement découpé sur fond de ciel bleu profond, encore impressionnés par ses perspectives vertigineuses.



Accrochant l’autoroute dont nous ne sortirons quasiment plus jusqu’à la maison, nous revenons dans le monde de la vitesse. Quittant la nature sauvage pour entrer dans celle que nous avons crée.
Ce soir nous dinons chez Mac’Do Kenifra… Pratique et rapide.
Au moment de commander nous découvrons une offre de crèmes glacées « la traversée du dessert ! »
Retour à la vie normale.

mardi 1 décembre 2009

L'âme toute propre...


Tanazenhac, le 30 novembre.

« Dieu a crée l’eau pour purifier le corps et le désert pour purifier l’âme».
Je vous rassure immédiatement, je ne suis pas l’auteur de la jolie phrase.
Il s’agit en fait d’un dicton berbère dont, Jo et moi tentons de percer les mystères.
Alors évidemment tout dépend par quel bout l’on prend le concept en essayant de le mettre à l’épreuve :
Car en effet, ce que ne dit pas le dicton, mais le sous-tend fortement, c’est que l’absence d’eau dans le désert ne permet pas de se laver, et qu’il se pourrait donc bien que le voyageur se retrouve fort sale après quelques jours de pérégrination.
Disons-le tout net. C’est absolument vrai.
Mais alors, que représenterait la saleté corporelle face à la purification de l’âme ?
En fait bien peu de chose. Car, quand t’es dans la désert, t’es un peu tout seul. En tout cas t’es pas nombreux. Quand tu t’ensables par exemple, y’a personne pour venir de donner un coup d’main. Si bien qu’en pelletant, tu te salis le corps en te purifiant l’âme. Vous me suivez ?
Et finalement, ne serait-il donc pas possible de faire les deux choses à fois (se purifier le corps et l’âme) ?
Ben, ce n’est qu’en sortant du désert que tu peux prendre une douche, donc te purifier le corps. Mais comme t’es plus dans le désert tu le salis l’âme…
Bon, il est grand temps que cette histoire se termine car ça finit pas me monter à l’os du cerveau…



A part cela encore une bien belle journée. Et malgré une panne de réveil ce matin – pas grave, on n’est pas aux pièces – nous sommes tranquillement descendus jusqu’à Mhamid par la vallée du Draa, traversant des oasis luxuriantes autour de villages encore préservés malgré la pression touristique montante.

Au départ de Mhamid la piste s’engage vers le Sud-ouest à travers une zone de dunes assez dense, en direction du Lac Iriki, avant de s’incurver vers le Nord jusqu’à Foum Zguid. En tout environ 150 km de terrains variés.
Piégés 2 fois hier par excès de confiance dans la capacité de franchissement de notre Discovery, nous démarrons plus prudemment, anticipant les difficultés avec d’avantage de discernement. Et de ce point de vu, tout c’est passé idéalement.
Tout d’abord une zone de fech mélangé au sable mou, puis le champ de dunes de Chigaga où il s’agit de ne pas perdre la trace pour ne pas s’enfermer au cœur du cordon sans savoir comment en sortir. Vigilants, nous ne relâchons pas notre attention, d’autant qu’un vent assez fort se lève, rendant la visibilité médiocre tout en estompant les traces précédentes.
Dans ces conditions météos particulières, l’Erg ressemble à une mer agitée.
Le vent balaye la crête des dunes dont le sommet s’effiloche en embruns sablonneux. Le champ de dunes est alors vivant, se déplaçant au gré des tonnes de sable déplacées par les rafales tout en émettant un crissement régulier, frottement des grains de sables remontant la pente au vent.

A mi-chemin nous abordons le Lac Iriki, en réalité une très vaste dépression au fond de boue asséchée parfaitement lisse, zone d’aboutissement de plusieurs oueds, inondable en cas de pluie, mais dont l’eau s’évapore tout aussi rapidement sous le soleil intense de cette zone aride.
L’endroit est assez étonnant par son étendu et les mirages qu’il génère, phénomènes étranges et parfois spectaculaires de diffraction de la lumière du au rayonnement thermique du sol surchauffé : des îles semblent alors posées sur d’improbables lacs. De luxuriantes oasis redeviennent de simples touffes de végétation lorsqu’on s’en rapproche. Parfois même des chameaux semblent comme flotter au dessus de l’horizon. Et l’on comprend les hallucinations qu’on pu subir quelques explorateurs épuisés et peu familiers de ces zones extrêmes.
A la sortie du Lac Iriki, un contrôle militaire impose de compléter un grand cahier de passage. Simple formalité où je constate que le dernier passage était celui d’un résidant d’Abu-Dhabi, 6 jours plus tôt, et le précédant un Espagnol voici 11 jours. Pas gènés par le traffic les gars qui vivent ici, enterrés comme des rats à la recherche d’un peu de fraîcheur.



L’arrivée sur Foum Zguid n’a rien de passionnante, vaste zone rocailleuse que les passages répétés de véhicules a transformé en tôle ondulée, et où il n’existe que 2 options pour y rouler en voiture dans un confort relatif, tout en ménageant la mécanique : soit moins de 25 km/h, soit plus de 80. Utilisant la voiture de Flo, nous avons retenue la première.
Foum Zguid est une petite ville sans réelle personnalité, si ce n’est sa position particulière à la jonction de 2 djebels ainsi que le point final de la grande traversée du Sahara Sud-Marocain, depuis Boudnib, via Merzouga puis Mahmid, environ 600 km de désert aux paysages époustouflants.
Sur la place du village, en dégustant un délicieux jus d’oranges fraîchement pressées, on y termine une aventure à la portée de ceux voulant sortir des sentiers battus découvrir de grands espaces encore vierges, tout en se purifiant l’âme…