mercredi 2 décembre 2009

Vertiges sur le Tizi-n-test


Kenitra, le 1 décembre :

Quittant le désert l’âme purifiée, et pour tout vous dire le corps aussi suite à une bonne et vraie douche réparatrice, nous avons décidé de remonter vers le nord en traversant le Haut-Atlas par le col du Tizi-n-test, 2200 m, à l’ouest de Mont Toubkal qui culmine à un peu plus de 4000 m, deuxième sommet d’Afrique derrière le Kilimandjaro.
Hier soir nous nous étions mis d’accord avec l’hôtelier pour un petit dès 8 heures, afin de ne pas partir trop tard et profiter pleinement de la belle lumière matinale sur le massif montagneux.
A 8 heures tapantes nous nous retrouvons donc en bas de l’hôtel, mais pas moyen de rentrer dans la salle de petit dej fermée à clé, ni même de sortir dans la rue pour la même raison…
Un peu agacés nous commençons à pester contre l’aubergiste lorsque Jo me regarde tout sourire, et d’ajouter :
- Je crois bien qu’il n’est que 7h locale…
Nous prenons donc notre mal en patience et attendons 9h sur notre montre pour vérifier si l’hypothèse « du décalage horaire » se vérifie. Une heure plus tard, effectivement notre hôte arrive, toujours très avenant, nous demandant si nous avions bien dormi et ce que nous désirions pour le petit dej…
Et dire que depuis une semaine nous ne nous étions aperçus de rien. Comme quoi, dans certaines circonstances une heure de plus ou de moins n’a vraiment pas d’importance, observation se vérifiant particulièrement dans les pays orientaux parmi lesquels nous pouvons considérer le Maroc, même si du strict point de vu géographique ce n’est pas tout à fait exact.
C’est donc un avec un léger décalage horaire que nous prenons la route ce matin.

Très rapidement la chaine du Haut Atlas barre l’horizon Nord, comme posée sur une vaste plaine où poussent notamment jusque sur les premiers contrefort sud du massif, les arganiers, arbre devenu célèbre depuis le développement de la mode « huile d’argan », issue de ses fruits, et parait-il aux innombrables vertus : médicinales, cosmétiques, gustatives, énergisante et peut-être même aphrodisiaque. J’en oublie certainement.
Quoi qu’il en soit, le produit est cultivé et transformé dans un milieu naturel assez exceptionnel. Et comme disait ma grand-mère paternelle :
- Ca ne peut pas faire de mal, y’a que des bonnes choses dedans !

L’ascension du col du Tizi-n-test est une expérience qui vaut de détour. Personnes sujettes au vertige s’abstenir. Il s’agit de gravir un dénivelé de 1500 m sur une route très étroite, défoncée et sans protection, à flan de montagne.
Les à-pics sont vertigineux et le passager est bienheureux, lorsqu’à la faveur d’une épingle à cheveux la voiture change de sens, repositionnant les places de droites coté montagne…

Comme accrochés à la pente, de magnifiques villages, maisons de pierre et terre se fondent dans le paysage où la géologie à produit une incroyable palette de couleurs de sol, allant du rouge presque vif, au vert kaki en passant par toutes les nuances de gris et de jaune.
Si l’architecture des habitations n’a probablement pas évolué depuis des siècles, et pourquoi le devrait-elle pour des constructions parfaitement en harmonie avec leur environnement, un détail saute cependant aux yeux : l’installation d’antennes paraboliques toutes orientées dans la même direction sur le toit des maisons, leur donnant un petit air "Star War", extraordinaires fenêtres sur le monde pour les gens simples d’ici à priori pourtant tellement isolés.

Au détour d’un virage on tombe sur un troupeau de chèvres, ces toutes petites chèvres rustiques d’une agilité extraordinaire sur les pentes abruptes et instables que l’on peut même parfois retrouver dans les arbres quand la nourriture se fait trop rare.
Conduire ici demande une attention de tous les instants, notamment lorsqu’il s’agit de croiser un autre véhicule. On prie alors pour ce soit au moment où l’on monte coté pente plutôt qu’au bord du précipice.
De temps en temps nous rattrapons ou croisons un taxi, vielle Mercedes verte hors d’âge émettant un énorme nuage de fumée noire et où les passagers s’entassent au gré des arrêts du chauffeur le long de cette route non desservie par les services public ; jusqu’à 9 personnes par voiture ! Comment est-ce possible ? Et bien 5 derrière plus 4 devant, ce qui veut notamment dire que le chauffeur conduit assis sur les genoux d’un passager. Vous n’y croyez pas ? Je l’ai vu.

Aujourd’hui Nous avons failli perte la voiture ; mais de la manière que vous pourriez imaginer. Alors que nous faisions une pause pipi, j’entends soudain un léger crissement de pneus derrière moi. Le temps de me retourner et je vois notre fidèle Disco commencer à doucement reculer vers le vide. Il s’en est fallu de peu que je ne puisse sauter à bord pour resserrer le frein à main insuffisamment tiré. Petit moment de distraction...


Un peu avant le sommet, un modeste café-hôtel, « Belle Vue » le bien nommé, propose un belvédère exceptionnel vers le sud-ouest, sur 180°. Où l’on se prend un instant pour un oiseau survolant ces majestueux paysages.

La descente face nord est longue et peut-être un peu moins spectaculaire. Quoi que…
Lorsque le ciel est clair on distingue clairement le Toubkal, dont le sommet ne va pas tarder à s’enneiger avec l’arrivée de l’hiver.
Puis nous traversons Asni, village étape pour les trekkeurs de l’Atlas, avant de redescendre dans la vallée vers Marrakech, laissant derrière nous la massif de l’Atlas magnifiquement découpé sur fond de ciel bleu profond, encore impressionnés par ses perspectives vertigineuses.



Accrochant l’autoroute dont nous ne sortirons quasiment plus jusqu’à la maison, nous revenons dans le monde de la vitesse. Quittant la nature sauvage pour entrer dans celle que nous avons crée.
Ce soir nous dinons chez Mac’Do Kenifra… Pratique et rapide.
Au moment de commander nous découvrons une offre de crèmes glacées « la traversée du dessert ! »
Retour à la vie normale.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Quoi ? deja retour maison ? mais vous pouvez pas nous faire ca ! C' est qu'on y prend gout aux aventures dans le desert de Fred et Jo ! On a peine le temps de se mettre ds le ryhtme, on a enfin repere sur la carte la route decrite, en suivant le trace avec le doigt en tirant la langue et les lunettes sur le nez, on se fait du the a la menthe pour se mettre dans l' ambiance et voila qu' ils rentrent. La prochaine fois, vous prenez au moins deux mois, pensez a tous vos fideles lecteurs que vous aidez a passer l' hiver. En tout cas, beau trip, merci a Fred pour la regularite et la qualite de ses ecrits et bon retour maison !
Amicalement,
Joelle

Fred Grimaud a dit…

Merci Joelle. Tout le plaisir était pour nous, pour moi.

Fred