mercredi 2 juin 2010

One night in Bangkok

Parti lundi soir de Charles de Gaulle, l’A330 d’Air France pour Ho Chi Ming se pose 10h30 plus tard pour un court stop over à Bangkok ma destination express.
Nous sommes mardi, il est 12h30 local et l’aéroport est curieusement désert. Il faut dire que l’état de siège vient tout juste d’être levé suite aux émeutes sanglantes opposant depuis quelques semaines les « Chemises Rouges » au Pouvoir, interrompant pour un temps le flot des touristes venu découvrir l’exotisme de ce pays charmant. Mais cette fois-ci il semble bien que quelque chose de grave se soit passé : plus de 80 morts, conséquence de l’intervention brutale de l’armée, alors que la population attendait un geste d’apaisement du vieux Roi malade qui n’est pas venu, laissant un immense sentiment de frustration dans ce pays d’habitude si pacifique.
Qu’adviendra t-il lorsque les « Chemises Rouges » retournées à la campagne auront repris leur esprit ?
Et quid des relations avec l’autre camp, les « Chemise Jaunes » qui n’ont pas voulu cela mais qui pourraient servir de bouc émissaire ?
L’ambiance est lourde, et pour le moins gêné, chacun est parfaitement conscient qu’une mèche a été allumée…

L’hôtel où je descends, habituellement bondé, est quasi vide. De grandes affiches offrent 50% de discount sur les tarifs ordinaires. Il ne faut manquer aucun client.
Dans un coin du lobby, un gros bonhomme occidental au visage rougeaud, la cinquantaine mure, caresse piteusement la main d’une jeune femme locale. On dirait un gros chien en mal d’affection. J’ai honte pour lui.
Accueil toujours aussi prévenant. Chambre impeccable. Je m’affale sur le lit. Quelle heure est-il ? 17h30. Merde, j’ai dormi 3 heures ! Pas grave demain il me faudra être en forme : 2 rendez-vous très importants pour lesquels je suis venu spécialement avant de rentrer directement à la maison.
Tout ça pour ça diront certain. Sans parler du bilan carbone d’un tel déplacement que quelques écolos sédentaires et moralisateurs ne manquent pas de rappeler au bon souvenir des grands voyageurs…
Fort heureusement tout le business ne se fait pas par internet. Et tant qu’il aura des Hommes, rien ne remplacera définitivement la richesse d’une rencontre, d’une poignée de main, d’un débat ; valant bien une nuit à Bangkok, Saint-Petersbourg ou ailleurs…