jeudi 26 janvier 2012

Réchauffement climatique

Partant de la maison sous la grisaille humide d’un jour de Janvier, alors que l’hiver n’avait pas encore démarrée – déjà le 20 et seulement un jour de gel depuis le début de l’hiver – je me faisais un plaisir de retrouver les paysages urbains hivernaux de ces grandes villes américaines où l’air glacé et vivifiant s’engouffre dans les larges avenues bétonnées entre les buildings de verre, et que la lumière froide se diffracte dans les vapeurs des bouches d’égout, étranges volutes telles la respiration d’un énormes dragon sous-terrain.
Mais il n’en est rien.
Comme si cette année, ici aussi le thermomètre ne voulait pas descendre. Et comme de notre côté de l’Atlantique, à Atlanta la température moyenne de Janvier atteint des records de chaleur pour la saison.
Etrange sensation que de se promener ici en bras de chemise, dans un environnement minéral entièrement artificiel, où rien d’autre que la date du 25 Janvier ne peut indiquer que nous sommes en hiver : des enfants jouent sous les jets d’eau de "la Fontaine aux Anneaux" du « Centennial Olympic Park », les livreurs de Fedex en short, roulent porte coulissante de leur fourgon grande ouverte, et au Starbuck Café on entend les mêmes brèves de comptoir qu’au zinc du bar de Saint Macaire en Mauges :
- Y’a plus de saison mon bon Monsieur… (en anglais évidemment)
- Tu parles, la faute au réchauffement climatique…
- T’as raison mon vieux !
Et là je me permets d’en rajouter :
- Surement à cause à tous ces « Spoutniks » qui ont percé l’atmosphère ; dans mon accent typiquement Frenchy…
3 ou 4 paires d’yeux me tombent dessus et je me sens alors obligé de préciser :
- Ben oui, les « Spouniks », les satellites Russes…
- Sure, la faute aux Russes, confirme sans plus un doute l’un des gaillards en train d’engouffrer un énorme muffin.

Parfois tout est simple.

mardi 24 janvier 2012

J moins 8...

Plus qu’une semaine avant notre départ pour tenter l’ascension de l’Aconcagua.
Côté matériels tout est prêt, check-listes lues et relues pour ne rien oublier.
Côté forme physique j’ai connu mieux : un genou récalcitrant suite à quelques jours de ski à Noël m’empêche de courir quotidiennement. J’ai des fourmis dans les jambes, or il faut garder le repos sans pour autant perdre la condition physique indispensable au succès de l’expédition. La quadrature du cercle au centre duquel tourne en boucle le stress de « la panne mécanique » synonyme d’échec. Et j’en arrive à me demander si ce n’est pas tout simplement le corps qui adresse quelques signaux d’attention avant ce type d’aventure.
Pour me rassurer je me rappelle l’ascension du Kilimandjaro où, le premier jour de montée, ce même genou gauche s’était rappelé à mon bon souvenir, où bien encore lors de préparations marathon où il fait aussi des siennes de temps en temps. Allez, n’y pensons pas trop. Reste 8 jours pour se refaire !



Assis en place 44H du vol AF 262 je vole vers Atlanta pour une semaine de salon professionnel à « Coca Cola City ». Pas le bon numéro ce siège : au fond de l’avion, courant d’air glacé sur la nuque et écran vidéo qui ne fonctionne pas, coude à coude avec un voisin corpulent. C’est le risque quand on part aux Etats-Unis…
Encore 4 heures de vol. Nous sommes en retard d’une heure trente sur l’horaire, problème technique du contrôle aérien sur l’Atlantique Nord au moment de partir.

Nous approchons des côtes Canadiennes. Allez savoir pourquoi, une pensée me traverse l’esprit, celle de « L’Oiseau Blanc », l’avion mythique de Nungesser et Coli disparu au large de Terre-Neuve, seulement 12 jours avant la traversée de l'Atlantique Nord réussie dans l’autre sens par Lindbergh en 1927. Il s’en ait sans doute fallu de très peu pour que la postérité de ce 1er vol transatlantique légendaire fût française. Mais le destin a voulu que ces 2 pilotes rejoignent le paradis des pionniers de l’aviation aux côtés d’autres grands noms disparus en vol : « L’Arc-Ange Mermoz », « Saint Ex l’ancien », Amélia… officiellement perdus corps et biens en mer. A moins que de l’azur ils aient trouvé le chemin direct au paradis, celui des aviateurs, de ces hommes et femmes épris de liberté pour qui « le ciel est le plus bel endroit de la terre », et qu’ils aient décidé d’y rester pour l’éternité.