vendredi 22 février 2013

Hygiène de vie...



Attablés au restaurant d’un petit village Catalan, non loin de Lérida que l’on rejoint en deux heures de voiture depuis Barcelone en traversant des paysages plantés d’oliviers et autres arbres fruitiers déjà en fleurs un 19 février : « Que voulez-vous mon bon M’sieur, y’a plus de saison avec tous ces Spoutniks qui percent l’atmosphère ! »

Au terme d’un rendez-vous viril avec l’un des grands opérateurs de la filière porcine Espagnol, nous déjeunons à l’heure locale, 14H30. Levé depuis 4h du matin pour prendre mon vol de Nantes vers Lyon puis Barcelone, il était temps, je commençais sérieusement à avoir les crocs et la concentration n’y était plus.

Notre hôte est ici connu comme le loup blanc, petit bonhomme grincheux entretenant savamment sa réputation, sauf avec les (jeunes) femmes qu’il aborde en jouant le coup du charme paternaliste, sous de faux airs de Jean Gabin dans le Pacha. Il faut dire qu’à 75 ans il n’a plus vraiment d’autre choix, et reconnaitre que cela semble marcher.

Manger, en Espagne c’est un peu comme en France ou en Italie. Un art de vivre où l’on prend le temps et de pro-fi-ter. Ca change du régime Américain de ces dernières semaines.
Piégé par un pied cochon lors de ma dernière venu dans ce pays, je me suis juré de ne pas m’y faire reprendre, et me laisse porté par les choix de celui que nous appellerons Pedro : olives, saucisson sec, tartine de tomate à l’huile, calamar, jambon ibérique, côtelette de chevreau (délicieuses) avec oignon et légumes confits, flan catalan au caramel… le tout accompagné d’un excellent vin local aux puissantes effluves tanniques. Bref, comme qui dirait, « on a bien vécu ! »
Bon d’accord, après un tel festin l’après-midi s’annonce difficile mais ce n’est heureusement pas tous les jours.

Nous en sommes au café – gin tonic XXL pour Pedro – la peau du ventre bien tendue, l’esprit détendu – preuve s’il en est encore besoin que le ventre est bien notre deuxième cerveau – nous discutons à bâton rompu de notre bonne santé (tu parles), et de celle de nos affaires, quand Pedro lance tout de go à la cantonade :
-      Tu sais Fred, que si tu veux vivre longtemps tu n’as qu’à faire des dettes !
Ne voyant pas de prime abord le rapport entre longévité et dettes, j’ai un instant d’hésitation, aggravé par l’amorce de digestion de ce festin gargantuesque…
-      Ben oui, tu fais des dettes, puis t’en parles à tes créanciers, et ils feront tout pour te tenir le plus longtemps possible en vie.

Tien, je me demande si je ne devrais pas en parler à mes banquiers.

mardi 19 février 2013

Valentine's Day



Chattanooga, Tennessee, 28ème étage d’une tour dominant la ville, nous sommes accueillis pour l’occasion dans une Club Privé assurant un service de restauration parait-il de qualité.
Autour de notre table ronde, deux Chinois, une Singapourienne, un Anglais, un Ecossais, deux Américains - dont un Indien Cherokee - et moi.
Dans la salle très cosy aux larges baies vitrées offrant un panorama saisissant sur la ville de nuit, une lumière tamisée, des petites tables agrémentées d’une rose et d’une bougie allumée, occupées par des couples sur leur 31, Messieurs en blazers et Dames en robes de soirée et brushings surfaits. Il faut dire que c’est jour de Saint Valentin… On ne peut pas dire que les couples en présence soient de première jeunesse ; en accord avec le décorum de ce genre de lieu.
Je suis très détendu. Les résultats de janvier qui viennent de tomber me donnent du baume au cœur et je ne boude pas mon plaisir à l’aube d’une nouvelle année importante pour notre Groupe. Un bon départ est toujours important.
En bas, la Tennessee River sur laquelle quelques bateaux restaurant à aubes, brillant de mille feux, voguent paisiblement au gré de méandres paresseux.

Ambiance festive et cosmopolite à notre table en cette semaine de nouvel an Chinois. Nous parlons de tout et de rien. Le moment n’est pas au business proprement dit, mais plutôt du « team building », ou comment créer les conditions d’une relation durable au potentiel d’affaire prometteur.
Les plats se succèdent, cuisine de qualité, service assuré par des serveurs efficaces comme toujours aux Etats-Unis. Je remarque leurs ongles vernis incolores impeccablement entretenus.

Dans la salle à notre droite, 300 kilos à eux deux, un couple noir, la soixantaine, dîne sans s’adresser un mot, tandis qu’un peu plus loin, une autre table accueille deux couples hors d’âge fêtant ensemble leur « Valentine’s day ». Tout cela semble bien convenu et sans aucune spontanéité ni chaleur perceptible. Ah, la Saint Valentin en Italie avec ma femme ! Oublions, ce ne sera pas pour cette fois...
21h : les « amoureux » s’en vont un doggy bag à la main, détail qui tue le peu de romantisme apparent de la soiré.

Aidés par un excellent Merlot de Californie, les langues se délient et nous poursuivons nos échanges débridés sur « l’état du monde ». Je m’amuse en observant le jeu subtil entre le yin et le yang de l’économie mondiale : mes équipiers américains qui reçoivent à la maison, sûrs d’eux, enthousiastes et positifs malgré la crise, et nos invités Chinois, la puissance montante, exprimant avec une certaine retenue leur fascination pour le rêve Américain emprunt d’idéaux sur la libre entreprise, les innovations technologiques et la prospérité économique du 20ème siècle, message implicite pour signifier que le 21ème sera le leur, au moment où nous entrons dans l'année du serpent, symbole de sagesse, de culture, de réflexion.