samedi 4 juin 2022

Quand le beau génère l'admirable !

Rouler en cabriolet à quelque chose d’exquis. Et quand il s’agit de se rendre aux jardins de Giverny en bonne compagnie, ce n’est que plus plaisant.

Le temps est de la partie. Sous un ciel bleu agrémenté de petits cumulus aux allures de moutons dispersés dans l’azur, on musarde cheveux au vent sur les routes jaunes et blanches des cartes Michelin, encore mieux quand elles sont bordées de vert, signe de pittoresque. 

Rien ne presse. Le plaisir est celui du déplacement, entre campagne verdoyantes et villages que l’on traverse doucement par le centre, histoire de ne pas manquer le café où il fera bon s’arrêter prendre un expresso et taper la causette avec le patron où la patronne d’un lieu unique de convivialité. 

Et l’on termine la journée à l’Hôtel De La Poste, établissement impeccablement tenu par un couple de gérants pour qui la valeur travail a tout son sens.

- Vous savez qu’il y a 40 ans Giverny n’était qu’un village paumé traversé par une rue sans intérêt, nous indique une femme originaire des lieux.

Charmante, dans nos âges, accompagnées de sa petite fille, elles attendent fille et maman dans la queue pour accéder aux Jardins.

-       - Ca a beaucoup changé depuis que dans les années 80, des mécènes, notamment américains, ont réhabilité les jardins et la maison de Claude Monet, ajoute-t-elle tout sourire...

C’est le week-end de l’Ascension. Il y a foule. Heureusement, Flo avait anticipé avec des billets coupe-file permettant une entrée directe.

L’accès au jardin en contre bas de la maison est un délice où se mélange un chatoiement de fleurs savamment agencées exhalant leurs fragrances de printemps. La palette multicolore semble presque irréelle tant l’harmonie est parfaite. Flo saurait nommer les essences, je ne peux qu’en apprécier le cocktail ordonné à la perfection, comme un bouquet géant dont nous serions les butineurs éphémères.

Puis l’on entre dans la maison du maître, restée intacte et décorée de centaines de toiles – des copies, mais l’effet est bien là – et d’estampes Japonaises qui ont inspiré Monet.

En contrebas on poursuit la déambulation vers l’étang entouré d’un autre jardin extraordinaire dessiné par l’artiste. Nous entrons dans une autre dimension où reflets et transparence diffractent la lumière en mille nuances à l’origine de chefs d’œuvres comme les Nymphéas. Monet a créé ici la nature idéale de ses mondes imaginaires. Cette dynamique créatrice a quelque chose de vertigineux : lesquels de ses œuvres impressionnistes ou de ses jardins sont à l’origine de l’autre ? Cela tient du génie et d’une rare puissance de travail, cercle vertueux où le beau génère l’admirable. A couper le souffle !

On ressort de la visite comme d’un monde enchanté où tout n’était que beauté et harmonie. Pourtant Monet n’était pas un marrant. Mais un travailleur acharné en quête de perfection. A-t-il au moins pris du plaisir dans sa création ? En tout cas, par son œuvre intemporelle il a parfaitement su comment en donner aux générations futures. La marque des très grands artistes.