mardi 25 août 2009

Instant de Grâce

Aujourd’hui 12h50 en Gare d’Angers :
Marco, sa fille Charlotte et moi attendons l’arrivée du train en provenance d’Orléans. Il est annoncé dans 5 minutes voie B et, sans le dire, nous ressentons tous les trois quelque chose de spécial, pris par une sorte émotion mêlée d’excitation à l’idée de retrouver nos camarades partis il y a 3 mois courir après leur rêve autour du monde. Alors pour se donner de la contenance on blague et collons sur le sol une ligne d’arrivée symbolique.

A 12h55 précises, sous un ciel moutonneux, le « train rapide » - nom datant d’une époque où le TGV n’existait pas encore et curieusement toujours utilisé pour désigner les « vieux » trains grandes lignes - entre en gare dans un crissement de freins caractéristique. Des wagons d’un autre âge, sortent des passagers visiblement pour la majorité de retour de vacances. Dans une cohue bonne enfant, les familles tirent leurs bagages sous les tunnels menant dans le hall de gare, hésitant à franchir la ligne d’arrivée que nous venons de poser avant que nous les y invitions. Amusant.
Au milieu de cette petite foule bronzée en tenues d’été, apparaissent soudain Did et D’jo portant quelques bagages légers, affublés de leur T-shirts TDM et marchant tranquillement cote à cote vers la ligne d’arrivée symbolique où nous les attendons.
Marchent-ils vraiment ?
Certes oui, mais c’est un peu comme si, à cet instant précis, ils étaient très légèrement au dessus des autres, sortant du lot, leurs visages rayonnants, portés par la grâce de ceux qui viennent d’accomplir quelque chose de grand.
Nos regards se croisent enfin. Tout sourire nous les attendons pour la photo finish et, la larme à l’œil, nous tombons dans les bras une fois la ligne franchie.
Bon, on ne va pas s’attendrir. Un p’tit coup d’Anti-Peur - breuvage de notre composition, dont la formule reste secrète, testé et approuvé lors du Warm-Up Tunisie - et ça repart !
Il y a 87 jours ils sont partis vers l’est. Nous les retrouvons venant de l’ouest après 35000 kilomètres en moto, mais aussi en camion, à pied, en taxi, bus, bateau, métro, avion, train… Trois mois d’un périple vers le soleil levant pour finalement revenir à la maison, vent dans le dos, des étoiles pleins les yeux, des souvenirs plein la tête, enrichis d’une expérience unique, avec tant d’histoires à (nous) raconter pour les soirées d’hivers.

Bravo ! Votre boucle est bouclée autour de notre petite planète et, comme dirait Valy :
- ça au moins, c’est fait !


Eh, les gars, c’est fantastique, vous venez d’écrire avec succès le premier opus. Vivement 2012 pour l’épisode 2 de la trilogie !

www.tdm.a3w.fr

jeudi 20 août 2009

Flashback à Budapest

Roissy Charles de Gaule, Terminal 2D : en attente dans le confortable salon Air France, tandis que le vol AF2694 à destination de Budapest opéré par Malev, la compagnie nationale hongroise, est décalé à 20h40, je reçois un SMS de notre fils Lou qui, coïncidence du calendrier, poursuit là bas son tour d’Europe en train :
- Fred, on est au bord du Danube à regarder les qualifs des « Red Bull air race », c’est super impressionnant !
Pour les non initiés, il s’agit de courses d’avions au dessus du fleuve qui traverse la ville, où des « furieux », à bord de machines volantes affutées comme des lames de Laguioles, volent sous les ponts et slalomes entre des pilonnes au raz de l’eau. Juste un truc de fous !
Allez savoir pourquoi, mais ce SMS me fait l’effet d’un flashback : à son âge, en cette même période estivale, j’étais aussi à Budapest avec mon complice Franck, animé par la même motivation de découvrir le monde. A bord de ma vielle Renault 5 verte, nous venions tout juste d’être expulsés manu militari de la Roumanie voisine, alors dans sa pire période de dictature Ceausescu. C’était il y a tout juste 26 ans… j’avais 19 ans. A cet instant précis je n’arrive pas à croire que depuis, un quart de siècle se soit écoulé !



Après 1h45 de vol, le vieux Boeing 737 défraîchi se pose en douceur sur l’aéroport Ferihegy. Il est déjà tard et nous nous engouffrons dans un taxi vers notre hôtel.



Terminant notre rendez-vous de ce matin un plus tôt que prévu, accompagné de Yann, mon collègue de travail, nous retrouvons Lou et son copain Mathieu pour un rapide déjeuner en ville. Le taxi nous dépose juste du coté Est du « Pont de Chaine » qui enjambe le Danube, aujourd’hui plus gris-marron que bleu comme le prétend pourtant la chanson.
Ici le fleuve fait la séparation naturelle de Buda et Pest, 2 villes réunies en une pour devenir Budapest, seconde capitale de l’empire Austro-hongrois.
En plein travaux, la ville reste dans ce pur style impérial un tantinet prétentieux avec ses façades baroques parfois colorées qui lui donne un charme si particulier. Le tram jaune d’un autre âge assure toujours son service. Intéressant clin d’œil du passé à l’avenir à l’heure où, « à l’Ouest », nous reconstruisons les nôtres oubliés dans la période où la voiture représentait le meilleur moyen moderne de circulation en ville…

Tandis que sous un soleil rayonnant nous attendons nos salades attablés à un café surplombant le fleuve au pied du « Pont de Chaine », dans un vrombissement ahurissant à vous donner la chair de poule amplifié par les façades empire le long des berges, un avion passe à très vive allure sous le tablier du pont avant d’enfiler un slalom invraisemblable à 10 mètres de l’eau entre des portes flottantes, pour virer en chandelle et finalement refaire le chemin inverse, laissant sur son passage une éphémère trainée de fumée blanche soulignant son incroyable trajectoire. Quel spectacle ! Et je me dis que ce n’est pas demain la veille que nous aurons droit à ça en France, au nom d'un certain principe de précaution tuant les initiatives hors normes.
Entre les passages d’avions les garçons nous racontent avec passion leur voyage en train à travers l’Europe.
Au bord de l’eau, des filles en tenues d’été légères, belles à damner tous les saints, défilent en suçant des glaces italiennes le regard caché derrière la dernière paire de lunette à la mode…
Le moment est agréable, cocktail d’impressions inattendues à cet instant : décor, commentaires à chauds du voyage de mon fils, gens qui passent, show des avions, soleil…



Alex est notre rendez-vous de ce soir. Un Juif d’origine Ukrainienne et de nationalité Israélienne : la cinquantaine, regard pétillant, cheveux rasés, teint hâlé, souriant, il est en fauteuil roulant, arrivant à l’instant de Tel-Aviv, spécialement pour notre rencontre de ce soir avant de repartir dès demain pour Kiev.
Au premier abord émane de cet homme une énergie peu commune. Sitôt les premières secondes de notre échange de politesses un flux d’ondes de sympathie circule entre nous. Nous parlons business bien sûr, mais Yann a déjà très bien préparé le travail et les grands enjeux sont pour demain matin. Alors très rapidement nous dévions politique et c’est passionnant. Comment lui voit-il la situation en Israël, ou plus généralement au Moyen-Orient ? Je questionne, j’écoute, donne aussi mon opinion. Nous échangeons en Anglais. Le débit moins spontané, les mots choisis peut-être moins précis, moins nuancés en tout cas, mais d’avantage réfléchis donne au débat une réelle consistance. L’enthousiasme et l’humanité de cet homme est réellement communicatif.
En fin de soirée je permets de le questionner sur l’origine de son handicap.
Sans gène et visiblement sans rancœur il me raconte son accident de voiture à New-York en 1988 : alors qu’il avait la trentaine un camion conduit par un chauffard ivre percute violemment sa voiture. Choqué mais apparemment indemne, par précaution il consulte néanmoins le lendemain. Parmi les nombreux examens de contrôle effectués dans une clinique privée, allez savoir pourquoi, il subit une ponction lombaire qui s’infecte et tourne mal. Quelques jours plus tard il est paralysé des 2 jambes !
- J’ai sombré pendant 2 ans dit-il, baladé de clinique en clinique sans que l’on comprenne ce qui s’est passé. Quant il a été évident qu’on ne pouvait rien faire d’autre pour moi que de me piquer mon argent en consultations chez des docteurs uniquement intéressés par leur business, j’ai décidé de ne plus jamais revoir de médecin et de recommencer à vivre. Cela a été pour moi comme une deuxième naissance. Depuis j’ai eu 2 enfants, voyage dans le monde entier et développe mon entreprise. Je n’aurais jamais rêvé d’avoir une plus belle vie.

En l’écoutant, je me surprends à penser, quelle belle histoire ! Alex avait su transformer une épreuve que la plupart d’entre nous vivraient comme un drame définitif, en une success-story, celle dont on se dit, aussi incroyable que cela puisse paraître, qu’on aimerait bien les vivre.

dimanche 2 août 2009

La fin d'un voyage (Afrique du Sud - juillet 2009)


On dit qu’il faut savoir terminer un voyage.
Pour nous ce fut aujourd’hui et plutôt réussi je crois. Sans nostalgie, avec plaisir.
De bonne heure « shopping » au petit marché hebdomadaire du « Green Point Square ». Très sympa, pas de foule, des exposants variés proposant avec tact leurs produits artisanaux venant de toute l’Afrique.
Dans les allées, des badauds cosmopolites, dont une partie importante du Moyen-Orient, déambulent nonchalamment à la recherche de l’Objet à ne pas manquer, celui qui marquera le souvenir de ce voyage en Afrique du Sud.
Au terme d’un marchandage amical avec un aimable artisan-commerçant, Flo achète de la vaisselle en faïence joliment peinte à la main.
Un peu plus loin nous négocions des petits tableaux des Town Ship, peints sur des planchettes de bois de récupération sur lesquelles on été pointés des morceaux de canettes métalliques leur donnant un relief du plus bel effet.
Nous tombons enfin sous le charme d’une reproduction en bois de la fusée de Tintin dans « On a marché sur la Lune »…
Coïncidence amusante, pendant que nous terminons notre négociation, descendant des « Table Mountains » qui dominent la ville, des parapentes survolent le marché pour se poser non loin de là dans une prairie entres les constructions de front de mer. Un peu plus tard ce sont des ULM longeant la mer qui profitent de la météo radieuse aujourd’hui. Les veinards !

Cape Town est un port agréable à l’activité toujours soutenue où boutiques et restaurants ont colonisé les docks du début du siècle dernier réaménagés avec goût. Ce mélange des genres donne à la ville un charme particulier.
Tandis que nous déjeunons à la terrasse d’un restaurant Malais de piètre qualité, un chalutier Japonais se prépare à appareiller quand qu’un très beau catamaran de loisir entre dans le chenal. Plus loin des phoques lézardent au soleil sur un ponton.
C’est dimanche, ici et là des groupes de musiciens et quelques saltimbanques animent les rues.
Là haut des hélicoptères font découvrir la baie aux touristes fortunés.

En fin d’après-midi nous montons en voiture aux « Table Mountains » par l’étroite route à flanc de falaise. De là haut la vue sur la ville et son environnement est saisissante. Au large on distingue très distinctement « Robben Island », lieu désormais mythique de détention de Nelson Mandela et d’autres prisonniers politiques des années noires.
A nos pieds le nouveaux stade en construction qui accueillera la coupe du monde de football l'an prochain. Ici ce sera un évènement considérable soutenu par la nation toute entière.

Il est maintenant temps de rentrer. L’avion n’attend pas et nous volons cette nuit vers l’Europe : Amsterdam, Lyon puis Nantes.
Nous retrouverons demain soir l’été à la maison, enrichis des découvertes de ce très beau voyage dont nous avons essayé de vous faire partager avec beaucoup de plaisir quelques facettes et sensations.

samedi 1 août 2009

On the beach


Cela commence à sentir la fin de voyage.

Démarrage lent et tardif ce matin pour une visite du musée d’art « Izito » de Cape Town, paraît-il l’un des meilleurs d’Afrique.
Tranquille déambulation dans les larges salles où sont présentées des œuvres variées depuis quelques pièces d’art préhistorique, en passant par des tableaux de maîtres du 18ème siècle, des bronzes du siècle dernier, des collections de photos des années 60 à 80, de l’art vidéo et bien sûr de l’art Africain – tout cela présenté sobrement et avec goût. www.iziko.org.za

A quelques pas se trouve le jardin botanique où nous prenons un chocolat chaud à la terrasse du café parmi les envolées de pigeons que les visiteurs ayant la fâcheuse habitude de nourrir ont rendu totalement envahissants. A quelques pas, une maman se fait « chier » dessus en rigolant tandis qu’elle joue avec les pigeons en les faisant se poser sur la tête de sa petite fille… S’ils avaient quatre pattes, une paire de moustaches et une longue queue les gens se comporteraient sûrement plus intelligemment.
Il fait frais et nous sommes là, sirotant notre chocolat fumant en ne faisant rien d’autre que d’observer les gens qui passent…
Une femme blanche, blonde, la quarantaine, accompagnée de trois jeunes enfants et d’une « bonne » africaine aux petits soins arborant le tablier blanc propre à la fonction, s’assoient non loin de nous. La scène est saisissante, comme sortie d’un autre âge, réminiscence d’un passé encore ici très proche.
La matinée se termine sur cette image et nous décidons d’aller voir la mer sur la « Sunrise Beach » au sud-est de la ville.

Guidée par Flo devenue experte de la circulation dans Cape Town, nous atteignons rapidement la zone côtière et tombons sur une immense plage blanche à surfeurs. Le spot est vaste et la vague semble amicale. Impossible ici de deviner où nous sommes. Les surfeurs ont leurs codes universels : bronzage impeccable – plutôt combinaisons néoprènes en cette saison – T-Shirts QuickSilver, cheveux décolorés, board multicolores, et cette dégaine décontractée qui les rend beaux. Derrière, sur le parking s’alignent pick-up en tout genre, vieux combis VW et autres buggies…
Des cabines en bois aux couleurs crues alignées en haut de la place finissent de planter le décor.
Nous restons là, assis au bord de la grève, mangeant nos sandwiches sans parler à profiter simplement de cette ambiance inattendue.

L’après-midi s’étire tranquillement avant que nous ne rentrions rapidement sur Cape Town par l’autoroute pour rejoindre notre Guest House et profiter d’un thé brûlant dans la salle de séjour donnant sur les « Table Mountains », ce soir presque totalement dégagée, à l’exception du sommet encore léché par quelques nuages déjà rosis par le soleil couchant.
En bas les lumières de la ville commencent à s’allumer.

Dans une petite heure nous descendons sur le port déguster des fish en chips.