jeudi 25 août 2016

Hong Kong, Bangkok, Saïgon...


Les rendez-vous s’enchainent au millimètre.
Ici nul n’est question de crise, mais de croissance. On regarde l’avenir avec confiance, simplifiant parfois certains aspects devenus chez nous des données d’entrée obligatoires ; des contraintes diront les esprits chagrins : sociales, fiscales, sanitaires, environnementales. Sans doute ni plus ni moins que ce qui a permis aussi notre développement aujourd’hui confronté à certaines limites auxquelles ils n’échapperont pas non plus. Mais en attendant ils avancent et nous faisons du sur place.
Alors nous avons bon dos de faire la morale quand les racines de notre marasme sont à mon avis bien ailleurs. Le manque de confiance, d’esprit d’entreprise, au profit de conservatisme n’ayant pour but que de protéger des acquis. Et je ne parle pas que des acquis sociaux qui pour la plupart ont été des progrès, mais aussi de modèles économiques où les banques ne jouent plus leur rôle, les administrations étouffent l’initiative par des couches de contraintes devenues insupportables, et les états qui manquent totalement de courage pour mettre en œuvre les réformes nécessaires. Alors on végète en se plaignant, arguant de faux arguments pour expliquer que la croissance économique touche ses limites sur une planète que nous surexploiterions avec tous les effets négatifs induits. Alors qu’il ne fait aucun doute (pour moi) que le génie humain sait et saura trouver des solutions à ces enjeux éminemment importants. Car sans croissance économique, le développement, au sens le plus large du terme, est bien plus difficile à imaginer.
Une fois encore il me saute à la gueule que l’Europe devient vieille. Certes une jolie vielle dame charmante propriétaire d’un patrimoine unique, mais qui n’échappe pas au poids des années, ayant perdu une bonne partie de son agilité. Car c’est à mon avis bien de cela aussi qu’il s’agit : faire preuve d’agilité pour s’adapter au contexte d’un monde globalisé où d’autres « ont faim » et se donnent la peine de trouver des solutions pour se nourrir, quand « nous » ne pensons plus qu’à protéger notre garde-manger.
Tout à l’heure j’étais assis non loin d’une famille musulmane traditionnelle, femme élégante coiffée d’un foulard, homme barbu et 3 enfants habillés Mickey & Pokémon. Ils étaient souriants, décontractés, visiblement heureux. Bien entendu ici personne ne prêtait particulièrement à eux. Et je revois parfaitement ma grand-mère partir à la messe du dimanche habillée de noire avec petit chapeau à mantilles. Et le prêtre en soutane qui nous faisait le catéchisme. Cela ne gênait alors personne et il a fallu Mai 68 et 3 générations pour arriver là où nous en sommes aujourd’hui, quand, dans notre marasme nous voudrions aussi imposer aux musulmans une immédiate laïcité apparente.
S’il « nous » à fallut du temps, comment pourrait-il en être autrement pour ces gens issus aussi de civilisations millénaires, mais que les circonstances mettent sous une forte pression de notre vieil occident promoteur d’un mode de vie construit parfois avec impérialisme.

Ne renonçons sûrement pas à nos valeurs ni à certains acquis, mais prenons aussi de la graine de ce qui se passe BIEN ou MIEUX ailleurs. 


lundi 22 août 2016

Far West - Far East



Vol de Houston vers l’ouest pour se retrouver à l’autre bout du « nouveau monde » en Californie dans la cité des Anges. Certes, la baie, plus exactement le remblai est agréable. Mais la ville n’a rien de plus que sa légende essentiellement due à sa plage bordée de palmiers sur le Pacifique, son climat agréable, et sur les hauteurs Hollywood et ses étoiles...
Sinon, comment aimer une métropole tentaculaire où le seul moyen de déplacement est la voiture, même pour aller acheter son donut au marchand du coin, tant les avenues sont larges et les distances étalées sur des miles ?
Pour apprécier la Californie côtière mieux vaut viser San Francisco et  son mélange de modernité et de traditions.
On redécolle vers l’ouest pour un long survol du Pacifique, plus de 13 heures de nuits destination Hong Kong, au-dessus des flots du plus grand océan de la planète. Les heures de vol s’accumulent et avec elles la fatigue aussi. L’organisme perd la notion du temps et j’en profite pour dépiler les emails en souffrance avant pour sombrer dans une torpeur un peu nauséeuse, sommeil haché de rêves étranges où se télescopent évènements passés et échéances futures dans un capharnaüm surréaliste. Il faut pourtant tender de se reposer pour la suite du voyage.

Au petit jour l’impeccable triple 7 de la Cathay se pose en douceur dans l’atmosphère humide de la baie de Hong Kong. 
Changement de continent, changement de climat, changement de culture. 
Tout est ayant toujours volé vers l’ouest à la poursuite du soleil, du far West on est passé au far East – paradoxe de la géographie « eurocentrique » – pour une semaine de pérégrinations Asiatiques en continuant cette boucle autour du monde.



dimanche 21 août 2016

Stop à Houston



Vol vers les USA : la route transatlantique par le Nord pour se poser à Houston, Texas. La météo n’est pas fameuse et le contrôle aérien oblige à faire des ronds dans le ciel en attendant la dissipation d’orages sur la zone aéroportuaire. Rien que de très banal, sauf que le nom Houston a une résonance spéciale pour le petit terrien voyageur que je suis. 
« Houston, we have a problem », cette phrase inoubliable de Jim Lowel, commandant de la mission Apollo 13, lors de leur voyage vers Lune, alors que les réservoirs d’oxygène du module principal venaient d’exploser. 
Puis la réponse sans appel du charismatique Gene Kranz, directeur des vols à Houston : « on va vous ramener les gars. Echouer n’est pas une option ! » 
Et cette incroyable odyssée de retour qui permit de ramener à la maison ces premiers naufragés de l’espace, faisant de cette mission avortée un succès magnifique.
C'est donc porté par l’esprit de ces pionniers, que le sourire aux lèvres je pose une énième fois les pieds sur le sol Américain, avec cette même détermination de faire aboutir les affaires en cours.

Comme partout aux Etats-Unis l’aérogare sent la friture de cette junk food que je déteste et qui fait ici tant de dégâts sur la santé publique. Un peu en avance sur mon horaire je m’arrête prendre un thé au Starbucks du coin face à un écran de Fox TV, la chaine conservatrice où tournent en boucle des infos concernant la campagne présidentielle. Fox soutient à fond Trump, expliquant combien il fait des progrès dans son langage… mais qu’il ne fait que répéter ce que pense la grande majorité de la population. Les médias auraient-ils raison ?

Le lendemain, concluant un important rendez-vous en sirotant un déca, je lance mon interlocuteur sur le sujet. C'est un entrepreneur moderne, innovant et modéré qui m’explique ne supporter, dans tous les sens du terme, ni Trump, ni Hillary.
-       - Elle est absolument détestée par la population, me lance-t-il tout de go !
-       - N’exagères-tu pas un peu ?
-       - Non, pas du tout. Elle est froide et manipulatrice. Elle représente le système que les gens exècrent.
-       - Pourquoi cela ?
-       - Un exemple : à la fin du mandat de Bill, les Clinton n’avaient pas un rond. Aujourd’hui leur patrimoine est estimé à 300 millions de $. Comment crois-tu que cela a été possible ?
-       - Aucune idée…
-       - Et bien entre les conférences de Bill payées plus 200.000 $ la demie heure, et surtout leur fondation, ils s’en mettent plein les poches. Et cela m’est insupportable.
-       - Mais elle fait du bon boulot tout de même.
-       - Tu parles ! Elle continue de faire de la représentation pour son mari qui encaisse les chèques. Comment dans ces conditions-là peut-elle encore être objective ? Quant à la fondation c’est pire. Elle est financée par des « bienfaiteurs » voulant s’attirer les faveurs de la diplomatie Américaine, car Hillary est je te rappelle, notre ministre des affaires étrangères. Et jusqu’à ce jour, la fondation n’a que très peu restitué, sauf de très confortables émoluments à ses fondateurs, les Clinton. Je suis dégoûté.
-      -  Et donc pour toi Trump est plus vertueux ?
-       - Je ne dis pas cela. Mais il parle le langage des gens, même dans ses excès. Et sa popularité grandit quand celle d’Hillary diminue, plombée par ce que je viens de t’expliquer.
-       - Alors, que va-t-il se passer ? La peste ou le choléra ?
-      -  Je crains fort que le choléra Trump puisse l’emporter, car les gens en ont vraiment marre. Et ce ne sera pas nécessairement aussi catastrophique qu’on pourrait le croire.

Un peu abasourdi j’essaie modestement d’imaginer la situation et les conséquences pour l’image des Etats-Unis d'Amérique dans le monde. Mais cela, la plupart des Américains ne s’en rendent pas compte ou s’en fiche.
Je reprends une gorgée en me disant que décidément, depuis que le monde existe, bien peu de leader politique ont su faire preuve d’engagement désintéressé au service des peuples qu’ils ont dirigé, sauf peut-être quelques rares personnalités, à la faveur de circonstances exceptionnelles que personne ne souhaite voir se reproduire, mais vers lesquelles la médiocrité pourrait nous entraîner.