lundi 15 août 2016

1000 Miglia



Si l’Allemagne est le pays de l’automobile de qualité, technologique et performante - tout comme la Hollande est l’autre pays du fromage, et là je dois reconnaître ma totale inculture fromagère, de toute façon ça n’a fort heureusement rien à voir - l’Italie serait-elle l’autre pays de l’automobile ? 

D’un côté de solides autos grises ou noires, de l’autre de fragiles bolides rouges ou jaune.
Evidement pour se déplacer, aller chercher le pain ou partir en famille vous choisirez les premières, tellement plus rassurantes, sérieuses et quelque part valorisantes socialement. Mais pour les épicuriens les secondes sont de véritables machines à bonheur, sensuelles, émotionnelles et bien souvent capricieuses ; ce qui fait tout leur charme.
Sortir conduire juste pour le plaisir de rouler est une activité en voie de disparition devenue presque culpabilisante, entre limitations de vitesse, bilan carbone, contraintes sécuritaires, normes anti-bruit. Alors à l’heure où la tendance est au développement de voitures aseptisées de plus en plus autonomes, aller visiter la musée 1000 Miglia de Brescia est une parenthèse agréable où l’on se plonge dans une époque révolue où l’automobile représentait le progrès en marche, la modernité, la performance, le sport.

La 1000 Miglia était dans les années 20 à 50 la plus grande course automobile non-stop du monde sur route ouverte : 1600 kms de Brescia à Brescia où les plus grands constructeurs et pilotes européens se sont affrontés dans des courses épiques, acclamés par les spectateurs massés le long du parcours faisant une large boucle dans cette dynamique Italie du Nord. Les points de contrôle dans les villes traversées étaient l’occasion de véritables liesses populaires où machines et pilotes étaient acclamés tels des héros des temps modernes. Cela faisait du bruit et de la poussière, sentait l’huile et l’essence brûlées, ajoutant encore à l’émotion des spectateurs. Il y avait quelque chose de dramatique et chevaleresque à la fois à la manière d'un opéra lyrique de Verdi ou Rossini. Et ça se terminait avec la couronne de laurier remise au vainqueur porté en triomphe, comme s’il était agi d’un haut fait d’arme, sauf qu’ici la bataille n’avait rien de belliqueuse. Il ne s’agissait que de sport, de prestige et bien sûr aussi d’enjeu commerciaux pour les constructeurs. Panache et maestria en étaient les maîtres mots.
 
On déambule donc tranquillement dans les allées de ce petit musé bien tenu où quelques autos sont exposées dans des mises en scène d’époque. A cette heure matinale somme toute peu de visiteurs. On peut même toucher ces vielles autos de légendes, sentir leur odeur si particulière où se mêlent senteurs d’huile, de cuir et caoutchouc à nulle autre pareille. Quelques marques italiennes disparues mais aussi évidemment Alfa Roméo, Bugatti, Lamborghini, BMW, Ferrari, Aston Martin, Lancia et, au fond du musée une salle réservée à Mercedes, mécénat du constructeurs où quelques voitures noires et grises sont exposées, affichage ostentatoire de la puissance et du sérieux de la firme à l’étoile.
Dieux sait si j’aime les étoiles, pourtant si une bonne fée m’avait autorisé à repartir avec le modèle de mon choix, nulle doute que j’aurais choisi un bolide rouge.


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