Vol vers les USA : la route
transatlantique par le Nord pour se poser à Houston, Texas. La météo
n’est pas fameuse et le contrôle aérien oblige à faire des ronds dans le
ciel en attendant la dissipation d’orages sur la zone aéroportuaire. Rien que
de très banal, sauf que le nom Houston a une résonance spéciale pour le petit
terrien voyageur que je suis.
« Houston,
we have a problem », cette phrase inoubliable de Jim Lowel, commandant de
la mission Apollo 13, lors de leur voyage vers Lune, alors que les réservoirs
d’oxygène du module principal venaient d’exploser.
Puis la réponse sans appel du
charismatique Gene Kranz, directeur des vols à Houston : « on va vous
ramener les gars. Echouer n’est pas une option ! »
Et cette incroyable
odyssée de retour qui permit de ramener à la maison ces premiers naufragés de l’espace,
faisant de cette mission avortée un succès magnifique.
C'est donc porté par l’esprit de ces pionniers, que le sourire aux lèvres je pose une énième fois les pieds sur le sol
Américain, avec cette même détermination de faire aboutir les affaires en cours.
Comme partout aux Etats-Unis l’aérogare
sent la friture de cette junk food que je déteste et qui fait ici tant de
dégâts sur la santé publique. Un peu en avance sur mon horaire je m’arrête
prendre un thé au Starbucks du coin face à un écran de Fox TV, la chaine
conservatrice où tournent en boucle des infos concernant la campagne
présidentielle. Fox soutient à fond Trump, expliquant combien il fait des
progrès dans son langage… mais qu’il ne fait que répéter ce que pense la grande
majorité de la population. Les médias auraient-ils raison ?
Le lendemain, concluant un important
rendez-vous en sirotant un déca, je lance mon interlocuteur sur le sujet. C'est un entrepreneur moderne, innovant et modéré qui m’explique
ne supporter, dans tous les sens du terme, ni Trump, ni Hillary.
-
- Elle
est absolument détestée par la population, me lance-t-il tout de go !
-
- N’exagères-tu
pas un peu ?
-
- Non,
pas du tout. Elle est froide et manipulatrice. Elle représente le système que
les gens exècrent.
-
- Pourquoi cela ?
-
- Un
exemple : à la fin du mandat de Bill, les Clinton n’avaient pas un rond.
Aujourd’hui leur patrimoine est estimé à 300 millions de $. Comment crois-tu
que cela a été possible ?
-
- Aucune
idée…
- - Et
bien entre les conférences de Bill payées plus 200.000 $ la demie heure, et
surtout leur fondation, ils s’en mettent plein les poches. Et cela m’est insupportable.
-
- Mais
elle fait du bon boulot tout de même.
-
- Tu
parles ! Elle continue de faire de la représentation pour son mari qui
encaisse les chèques. Comment dans ces conditions-là peut-elle encore être
objective ? Quant à la fondation c’est pire. Elle est financée par des « bienfaiteurs »
voulant s’attirer les faveurs de la diplomatie Américaine, car Hillary est je
te rappelle, notre ministre des affaires étrangères. Et jusqu’à ce jour, la
fondation n’a que très peu restitué, sauf de très confortables émoluments à ses
fondateurs, les Clinton. Je suis dégoûté.
- -
Et
donc pour toi Trump est plus vertueux ?
-
- Je
ne dis pas cela. Mais il parle le langage des gens, même dans ses excès. Et sa
popularité grandit quand celle d’Hillary diminue, plombée par ce que je viens
de t’expliquer.
-
- Alors,
que va-t-il se passer ? La peste ou le choléra ?
- -
Je
crains fort que le choléra Trump puisse l’emporter, car les gens en ont
vraiment marre. Et ce ne sera pas nécessairement aussi catastrophique qu’on
pourrait le croire.
Un peu abasourdi j’essaie modestement d’imaginer la
situation et les conséquences pour l’image des Etats-Unis d'Amérique dans le monde. Mais
cela, la plupart des Américains ne s’en rendent pas compte ou s’en fiche.
Je reprends une gorgée en me disant que décidément, depuis que le monde existe, bien peu de leader politique ont su
faire preuve d’engagement désintéressé au service des peuples qu’ils ont
dirigé, sauf peut-être quelques rares personnalités, à la faveur de
circonstances exceptionnelles que personne ne souhaite voir se
reproduire, mais vers lesquelles la médiocrité pourrait nous entraîner.
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