dimanche 21 août 2016

Stop à Houston



Vol vers les USA : la route transatlantique par le Nord pour se poser à Houston, Texas. La météo n’est pas fameuse et le contrôle aérien oblige à faire des ronds dans le ciel en attendant la dissipation d’orages sur la zone aéroportuaire. Rien que de très banal, sauf que le nom Houston a une résonance spéciale pour le petit terrien voyageur que je suis. 
« Houston, we have a problem », cette phrase inoubliable de Jim Lowel, commandant de la mission Apollo 13, lors de leur voyage vers Lune, alors que les réservoirs d’oxygène du module principal venaient d’exploser. 
Puis la réponse sans appel du charismatique Gene Kranz, directeur des vols à Houston : « on va vous ramener les gars. Echouer n’est pas une option ! » 
Et cette incroyable odyssée de retour qui permit de ramener à la maison ces premiers naufragés de l’espace, faisant de cette mission avortée un succès magnifique.
C'est donc porté par l’esprit de ces pionniers, que le sourire aux lèvres je pose une énième fois les pieds sur le sol Américain, avec cette même détermination de faire aboutir les affaires en cours.

Comme partout aux Etats-Unis l’aérogare sent la friture de cette junk food que je déteste et qui fait ici tant de dégâts sur la santé publique. Un peu en avance sur mon horaire je m’arrête prendre un thé au Starbucks du coin face à un écran de Fox TV, la chaine conservatrice où tournent en boucle des infos concernant la campagne présidentielle. Fox soutient à fond Trump, expliquant combien il fait des progrès dans son langage… mais qu’il ne fait que répéter ce que pense la grande majorité de la population. Les médias auraient-ils raison ?

Le lendemain, concluant un important rendez-vous en sirotant un déca, je lance mon interlocuteur sur le sujet. C'est un entrepreneur moderne, innovant et modéré qui m’explique ne supporter, dans tous les sens du terme, ni Trump, ni Hillary.
-       - Elle est absolument détestée par la population, me lance-t-il tout de go !
-       - N’exagères-tu pas un peu ?
-       - Non, pas du tout. Elle est froide et manipulatrice. Elle représente le système que les gens exècrent.
-       - Pourquoi cela ?
-       - Un exemple : à la fin du mandat de Bill, les Clinton n’avaient pas un rond. Aujourd’hui leur patrimoine est estimé à 300 millions de $. Comment crois-tu que cela a été possible ?
-       - Aucune idée…
-       - Et bien entre les conférences de Bill payées plus 200.000 $ la demie heure, et surtout leur fondation, ils s’en mettent plein les poches. Et cela m’est insupportable.
-       - Mais elle fait du bon boulot tout de même.
-       - Tu parles ! Elle continue de faire de la représentation pour son mari qui encaisse les chèques. Comment dans ces conditions-là peut-elle encore être objective ? Quant à la fondation c’est pire. Elle est financée par des « bienfaiteurs » voulant s’attirer les faveurs de la diplomatie Américaine, car Hillary est je te rappelle, notre ministre des affaires étrangères. Et jusqu’à ce jour, la fondation n’a que très peu restitué, sauf de très confortables émoluments à ses fondateurs, les Clinton. Je suis dégoûté.
-      -  Et donc pour toi Trump est plus vertueux ?
-       - Je ne dis pas cela. Mais il parle le langage des gens, même dans ses excès. Et sa popularité grandit quand celle d’Hillary diminue, plombée par ce que je viens de t’expliquer.
-       - Alors, que va-t-il se passer ? La peste ou le choléra ?
-      -  Je crains fort que le choléra Trump puisse l’emporter, car les gens en ont vraiment marre. Et ce ne sera pas nécessairement aussi catastrophique qu’on pourrait le croire.

Un peu abasourdi j’essaie modestement d’imaginer la situation et les conséquences pour l’image des Etats-Unis d'Amérique dans le monde. Mais cela, la plupart des Américains ne s’en rendent pas compte ou s’en fiche.
Je reprends une gorgée en me disant que décidément, depuis que le monde existe, bien peu de leader politique ont su faire preuve d’engagement désintéressé au service des peuples qu’ils ont dirigé, sauf peut-être quelques rares personnalités, à la faveur de circonstances exceptionnelles que personne ne souhaite voir se reproduire, mais vers lesquelles la médiocrité pourrait nous entraîner.





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