mardi 9 août 2016

Le Maestro de Côme



La ville de Côme sur les rives du lac éponyme est une perle, comme beaucoup d'autres villes Italiennes, avec ses fortifications, ses ruelles étroites typiques où se succèdent boutiques en tout genre, et sa Cathédrale gothique coiffée d'un spectaculaire dôme de marbre surplombant la nef. Impossible de résister au magnétisme d'un tel édifice tant il attire le regard comme un joyeux dans son écrin en approchant de la cité.
On y accède par une porte secondaire à la droite de la principale en s'acquittant d’une obole symbolique et, pour les femmes, s'être couverte les épaules dénudées à cette saison.
De l'intérieur l'effet est tout aussi saisissant que la première impression donnée à l'extérieur : hauteur de la voute, alignement des colonnes, jeux de lumière des vitraux, et surtout hauteur du dôme dominant le cœur, comme le ciel au-dessus de le terre.
Entre les piliers sont tendues de superbes tapisseries polychromes et sur les murs exposées de remarquables peintures religieuses du XVIe siècle. En approchant du cœur, de grandes orgues de part et d'autre de l'allée centrale.
Tout à notre contemplation nous déambulons tranquillement dans les allées lorsque, tel un grondement d'orage quelques notes graves emplissent l'espace dans une solennelle vibration à réveiller tous les défunts reposant en ces lieux saints. Puis les notes s'enchaînent dans une mélodie ténébreuse, rapidement interrompue par un homme alpaguant quelques visiteurs déambulant ici tout en bavardant discrètement. Un peu surpris j’observe la scène. Il s'agit apparemment de l'organiste qui se rassied avant d'entamer quelque chose de plus léger, sorte de toccata bien enlevée, alternant l'usage des différents claviers des mains et des pieds. Fasciné je m'approche m'assoir à côté de Flo déjà sous la charme et veux lui glisser un mot à l'oreille. Aussitôt le maestro s'interrompt pour me foudroyer du regard en demandant le silence absolu. Je n'avais pas même terminé le premier mot... L'homme a visiblement l'oreille sensible ; sans doute le moins que l'on puisse attendre d'un bon musicien. Bouche bée je n'ose plus le moindre mouvement de peur d'interrompre le maître tout à sa répétition.
Les morceaux s'enchaînent alors avec virtuosité, l'homme a visiblement du talent, régulièrement interrompus par ses frasques à l'encontre de visiteurs trop « bruyants » qu'il vilipende ostensiblement, avant de replonger dans sa musique.
Et je reste assis là sans bruit et sans bouger à profiter du concert improvisé, ému aux larmes par tant de beauté créer par le génie humain, harmonie d'une musique sacrée dans le lieu parfait.

Le temps aurait pu s'arrêter là.


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