lundi 24 décembre 2012

Le pire n'est jamais certain...



La fin du monde n’a pas eu lieu. Vous êtes en train de lire cette petite chronique comme si de rien n’était, profitant j’espère de ce court instant d’évasion vers des horizons inattendus.
Ce n’est pourtant pas faute de nous en avoir rabattu les oreilles, obscures conjectures s’appuyant sur un codicille Maya – nombres magiques extraient de la conjonction de leurs deux calendriers et correspondant parait-il au 21 décembre 2012 – ténébreuse prédiction reprise à bon compte par quelqu'oiseau de mauvaise augure pour annoncer l’apocalypse.
Et quel buzz pour une histoire à laquelle personne n’a vraiment cru, sauf peut-être quelques illuminés subjugués par ce funeste oracle !
Cela me fait un peu penser aux contes que l’on raconte à nos têtes blondes, des histoires de loups, d’ogres et autres dragons mangeurs d’enfants qui les font frissonner dans les bras protecteurs des parents à l’heure du couché. Comme si, avec ces histoires de fin du monde, nous les humains, avions besoin de cette émotion collective pour nous rapprocher, nous réchauffer, nous sentir vivre ensemble dans un monde instable au futur par définition incertain.
Alors on se raconte des fictions de « grands » qui, sous des airs pseudo-scientifiques, relayées par des réseaux sociaux friands de ce type de rumeur universelle, parcourent notre petite planète comme un grand frisson.
Mais pourquoi est-ce type d’histoire qui, monté en épingle, joue sur nos peurs plus ou moins conscientes alors qu’il y a tant de choses positives à envisager ?
Imaginez un peu ce que pourrait devenir le monde si nous relayions principalement les bonnes nouvelles plutôt que d’envisager le pire ?
Et là vous vous dites peut-être que la période de fêtes me tape un peu sur le système... Pourquoi pas, mais j’aime ces moments un peu particuliers où les femmes et les hommes se retrouvent pour passer un moment ensemble autour de belles valeurs universelles.
Alors joyeux Noël à tous !

Au fait, la prochaine prédiction de fin du monde est annoncée pour le 13 avril 2036, et porte le nom d’Apophis – Dieu maléfique de la mythologie Egyptienne – un astéroïde géocroiseur qui menacerait la terre.
Brrr…

jeudi 6 décembre 2012

"Joburg" express


"Upper Deck" indique la flèche à l’entrée du couloir.
La lumière électrique qui inonde la passerelle conduisant au pont supérieur donne aux passagers le teint pâle des personnages des séries de science fiction des années 60.
A travers les larges baies vitrées on aperçoit deux rangées de hublots superposées, pareilles à celles des grands transatlantiques à l’époque où l’on s’embarquait vers l’Amérique, terre promise où tout semblait possible. Il fallait alors 5 jours pour traverser l’Atlantique, aujourd’hui 6 heures en avion.

En Franchissant la porte de l’A380 je mesure le gigantisme de l’appareil. Plus de 500 passagers s’embarquent dans le ventre de cet avion aux dimensions hors norme, pas vraiment joli avec son air un peu bodybuildé, mais magnifique machine du point de vu technologique.

Piste 26, poussés par les 4 puissants moteurs, l’avion décolle vers le sud-ouest dans un silence étonnant, puis, après une large courbe sur la gauche, laisse derrière nous la Ville Lumière pour s’inscrire sur le méridien dans une longue glissade vers le sud, 10 heures d’un vol de nuit parfait, dans une douce somnolence bercée par le ronronnement rassurant de l’appareil, au dessus de la Méditerranée, l’Afrique du Nord, l’immense Sahara aux magiques couleurs argentées sous la pleine lune, l’Afrique équatoriale et ses forêts primaires d’un vert profond au soleil levant, puis les grandes plaines de savane dorée avant un parfait kiss-landing sur la tarmac de l’aéroport international de Johannesburg, capitale économique de l’Afrique du Sud où je dois rencontrer un important client pour tenter de débrouiller une situation quelque peu compliquée.

La sortie du paquebot des airs est un challenge intéressant pour s’extraire de la masse des passagers un peu hagards, yeux rougis par l’air sec de la cabine, et ne pas rester collé à la douane pour les formalités de passeport derrière les centaines d’autres arrivants faisant la queue pour obtenir le précieux tampon d’entrée dans le pays.

Rapide passage par les lavabos pour un brin de toilette et enfiler une chemise propre histoire de faire bonne figure pour le rendez-vous qui m’attends dans une heure.

Le train vers Pretoria est impeccable, installé pour la dernière coupe du monde de football et depuis parfaitement entretenu. Derrière les larges fenêtres, les paysages de banlieue défilent à vive allure, zones résidentielles, parcs industriels puis furtifs paysages de savane générant chez moi cet irrésistible appel du grand large vers les étendues à perte de vue de cette Afrique encore intacte où l’on croise une faune sauvage unique au monde. Si je m’écoutais… Ce ne sera malheureusement pas pour cette fois.

Notre interlocuteur nous attend sur le quai d’arrivée. Bien que ne nous ayant jamais rencontré nous nous reconnaissons du premier coup d’œil. Il sait que nous venons spécialement pour lui. Poignée de main virile et regard franc.
-      A quelle heure est votre avion de retour ?
-      20h ce soir.
-      OK je dois vous remettre au train à 16h30. Nous disposons d’un peu plus de 4 heures, plus que nécessaire je suppose…
Puis il nous emmène déjeuner en terrasse dans un endroit agréable.
27° à l’ombre. C’est ici l’été et l’entretien s’annonce passionnant.

jeudi 22 novembre 2012

Qualité Allemande



Compteur calé à 200 km/h sur la voie de gauche de « l’autobahn », je roule vers Hanovre attentif aux appels de phare des puissantes berlines ou autre coupés sportifs déboulant à très haute vitesse sur ma modeste Opel de location qui ne peut donner plus. Dieu que c’est bon de rouler en Allemagne ! Malgré les problèmes d’avion ce matin au départ de Nantes, nous serons finalement à l’heure pour la présentation que je dois donner ce soir devant un aréopages de clients venu du monde entier à l’occasion de ce grand salon international.

Le salon se déroule sur le parc des expositions où s’est tenue l’expo universelle « ratée » de 2000 avec, à l’époque, une affluence moitié moindre qu’attendue. Il faut bien reconnaitre que l’Allemagne n’est sans doute pas la destination rêvée des visiteurs étrangers, encore moins Hanovre. Heureusement que l’efficacité ne fait pas tout sinon nous serions sans doute encore plus mal lotis face à nos puissants voisins.

Le parc des expositions est immense et parfaitement organisé, tant pour l’acheminement des visiteurs depuis le centre ville par un efficace système de trame, que le système d’enregistrement des entrées, les services de restauration, la propreté des lieux et la tenue irréprochable des toilettes, tous ces « détails » qui montrent le vrai professionnalisme.
Mais là ne sont pas les points les plus remarquables. Non, ce qui est ici le plus frappant est la puissance affichée des entreprises allemandes, « insolante » prospérité économique dans une Europe en difficulté. Certes ils jouent ici sur leur terrain, mais il n’y pas que ça. Après la chute du mur, l’Allemagne a fait le choix courageux de la réunification – surement n’avait-elle pas d’autre choix – et cela a coûté la sommes astronomique de 1500 milliards d’Euros, bien au-delà de toutes les prévisions. Elle en récolte maintenant les dividendes, juste retour, n’en déplaise aux esprits chagrins pleurant sur la concurrence déloyale de notre voisin quant aux conditions salariales.

Certainement tout n’est pas parfait ici aussi, mais les gens travaillent d’abord puis négocient ensuite les conditions d’amélioration de leur emploi, au lieu de contester à priori. Cette grande différence devrait peut-être nous inspirer.

Discutant de l’efficacité remarquable de notre grand voisin avec un collègue vivant en Allemagne, un brin provocateur je l’interroge alors sur le coté « fun » des Allemands.
Sa réponse :
-      Ils ont une vie sociale au long de la semaine. En finissant le travail tôt et dinant de bonne heure, il leur reste du temps pour se retrouver dans des lieux chaleureux, juste pour le plaisir d’être ensemble et développer des relations extra-professionnelles.
Et d’ajouter :
-      En France les gens attendent le week-end pour se faire plaisir. Sur la semaine c’est chacun pour soit, « métro, boulot, dodo ! ». Va dans un café de ville moyenne à 21h. Tu te retrouves tout seul avec les quelques poivrots du coin.

Et s’ils avaient vraiment raison ?

samedi 17 novembre 2012

Black tie party



Debout face au grand miroir de la chambre d’hôtel où je suis reçu, me voilà pris d’un doute affreux. L’image qu’il me renvoie a quelque chose de surréaliste, celle d’un grand type élégant en costume noir, chaussures impeccablement cirées, veste fermée sur une chemise blanche à col cassé, boutons de manchette, nœud papillon, et au dessus… ma tête ! Je ne vais tout de même pas descendre comme ça, déguisé en James Bond.
Sauf qu’on n’est pas dans un film et que je suis attendu au bar dans 5 minutes.
Allez, haut les cœurs, ce n’est qu’un « mauvais moment » à passer.

19H28, j’ouvre la porte de la chambre pour me diriger vers l’ascenseur.
Devant moi, un type en costume noir marche d’un pas décidé sur la moquette épaisse du couloir. Tien, son pantalon est un peu court et ses chaussettes « raboulent ».
En entrant dans la cabine nous échangeons un « good evening Sir » convenu. Il n’a visiblement pas l’air surpris de me voir affublé d’un tel accoutrement. Je dois donc être normal dans le contexte.

L’apéritif est servi dans une salle très cosy un peu sombre dans laquelle nous pénétrons par une lourde porte en bois sculpté au seuil de laquelle se tient un chambellan habillé grand siècle anglais, veste rouge brodée, chemise à jabot et pantalon noire bouffant. Au moment de pénétrer dans la pièce il m’arrête avec tact en prononçant un « Sir ? » soutenu par un regard interrogateur. Un instant d’hésitation avant que je ne comprenne qu’il faille me présenter.
-      My name is Grimaud, … Frédéric Grimaud.
-      Sorry ?
Je répète doucement :
-      Fré-dé-ric Gri-maud.
-      Thank you Sir me glisse t-il discrètement, avant de frapper le sol de sa longue canne et d’annoncer à très haute voix à l’assemblée un « Mister Freyedeyeric Gouimaude » aux consonances Shakespeariennes.
Pour une entrée, c’est une entrée…

Il y a déjà là toute une petite société, hommes en smoking et dames multicolores façon sapin de Noël. Je m’approche du bar et commande une vodka-Martini on the rocks, au shaker please. Tant qu’à jouer dans le film, autant y aller carrément.
En fait assez rigolo d’être le français de service, celui qui les a fait bien sourire lors de la conférence de l’après-midi, et que des Moneypenny hors d’âge aiment prendre à partie sur le registre du charme désuet des ladies britanniques. De bon aloi je me prête au jeu, sourires un peu forcés cou serré dans la chemise du smoking. Jusque là tout se déroule bien…

20h15 pile, comme un seul homme les convives se dirigent vers la salle du dîner de gala. Des tables rondes accueillent les invités placés selon un protocole précis. J’ai le privilège d’être assis à la table des Présidents en compagnie d’un écossait en kilt, d’un humoriste connu affublé d’un gilet en soie rouge du plus bel effet sous sa veste de smoking, d’un géant de 2 mètres aux allures de Hulk quand il est gentil, et de quelques personnalités visiblement coutumières de se genre de mondanités si j’en juge par leur généreux tour de taille. Malheureusement pas de James Bond girl à ma table… On ne peut pas tout avoir.

L’humour anglais est heureusement plus savoureux que leur cuisine et le repas se déroule fort agréablement, entrecoupé de remises de quelques distinctions à des professionnels méritants, dans la plus pure tradition britannique.

Minuit passé. Les visages commencent à montrer quelques signes de fatigue. Cols desserrés, vestes déboutonnées, certaines chemises arborant quelques décorations alimentaires.
Et tandis que certains commencent à s’éteindre doucement, d’autres s’esclaffent à grands éclats de voix gutturaux. Il est temps de s’éclipser.
Dommage, sur le parking aucune Aston Martin ne m’attend.

dimanche 4 novembre 2012

"Pour que l'automobile reste toujours un plaisir !"



Monter dans une voiture de sport ancienne a toujours une saveur particulière, de celles que l’on ressent en entrant dans un petit restaurant de village du Périgord, quand, en franchissant le seuil, des flaveurs pleines de promesses – cuisine familiale à l’ail et graisse d’oie – émoustillent les papilles nasales et vous mettent l’eau à la bouche.

On ouvre la porte de l’Alpine, et ce sont les relents de vapeurs d’essence et d’huile mélangées remontant du compartiment moteur qui embaument l’habitacle. Certaines (j’en connais…) détestent, moi j’adore.
On s’assoit, je devrais plutôt dire s’allonge dans les sièges baquets collés au plancher, devant le petit volant à 3 branches siglé du logo de la marque. La planche de bord en plastique noir très années 80 donne sans fantaisie toutes les indications importantes, puis le regard plonge sur le long capot, fine pointe de flèche de cette voiture élancée.
Tourner la clé de contact et le V6 turbo démarre instantanément, encore froid se stabilise autour 1200 tour/mn dans un ronronnement de gros matou tranquille le temps de monter en température. Coup d’œil sur la pression d’huile – nominale – avant d’enclencher la première sur le petit levier de vitesse tombant pile sous la main. L’ergonomie de cette sportive est parfaite.

Nous partons en bande pour une promenade dans le bocage Vendéen derrière Eric, notre ouvreur, à bord de sa belle anglaise, une TVR V8 aux accents de grandes orgues de Bach. Il y a aussi Benoit avec une superbe Porsche Carrera rouge de 30 ans d’âge, Jo avec une Carrera plus récente, et Jacques dans une jolie Mazda cabriolet MX5 récemment acquise.

Rouler en convoi sur les petites routes du bocage est une exquise récréation. Il n’est pas ici question de compétition ou de performance, seulement du plaisir épicurien de conduire une vraie voiture de sport, de celles qui fond encore un peu de bruit entre les montées en régimes, quand les notes se perdent dans les aigües, et les rétrogradages rageurs, sans brutalité, tout en souplesse, privilégiant la fluidité de pilotage, les belles trajectoires en appui sur un filet de gaz, jouant sur le grip des roues arrières de ces autos à propulsion.

C’est de début de l’automne, la nature gorgée d’eau rougeoie entre les nuées sur un ciel chargé. Je suis la 911 de Benoit qui soulève des gerbes de feuilles orangées en passant dans les sous bois de châtaigniers, écrasant au passage les bogues tombées sur la chaussée de la départementale. L’image est simplement belle, pur instant de bonheur un peu égoïste.
De temps en temps le rythme s’accélère, histoire de sentir la poussée des chevaux vapeurs dopés par le souffle du turbo du gros V6, puis un freinage appuyé accompagné d’un talon pointe sur le petit pédalier inversé avant l’entrée dans une courbe.
Ne pas s’euphoriser, juste profiter de ce moment de vraie conduite ; « pour que l’automobile reste toujours un plaisir », selon le slogan fort à propos d’un de nos constructeurs nationaux.