dimanche 4 novembre 2012

"Pour que l'automobile reste toujours un plaisir !"



Monter dans une voiture de sport ancienne a toujours une saveur particulière, de celles que l’on ressent en entrant dans un petit restaurant de village du Périgord, quand, en franchissant le seuil, des flaveurs pleines de promesses – cuisine familiale à l’ail et graisse d’oie – émoustillent les papilles nasales et vous mettent l’eau à la bouche.

On ouvre la porte de l’Alpine, et ce sont les relents de vapeurs d’essence et d’huile mélangées remontant du compartiment moteur qui embaument l’habitacle. Certaines (j’en connais…) détestent, moi j’adore.
On s’assoit, je devrais plutôt dire s’allonge dans les sièges baquets collés au plancher, devant le petit volant à 3 branches siglé du logo de la marque. La planche de bord en plastique noir très années 80 donne sans fantaisie toutes les indications importantes, puis le regard plonge sur le long capot, fine pointe de flèche de cette voiture élancée.
Tourner la clé de contact et le V6 turbo démarre instantanément, encore froid se stabilise autour 1200 tour/mn dans un ronronnement de gros matou tranquille le temps de monter en température. Coup d’œil sur la pression d’huile – nominale – avant d’enclencher la première sur le petit levier de vitesse tombant pile sous la main. L’ergonomie de cette sportive est parfaite.

Nous partons en bande pour une promenade dans le bocage Vendéen derrière Eric, notre ouvreur, à bord de sa belle anglaise, une TVR V8 aux accents de grandes orgues de Bach. Il y a aussi Benoit avec une superbe Porsche Carrera rouge de 30 ans d’âge, Jo avec une Carrera plus récente, et Jacques dans une jolie Mazda cabriolet MX5 récemment acquise.

Rouler en convoi sur les petites routes du bocage est une exquise récréation. Il n’est pas ici question de compétition ou de performance, seulement du plaisir épicurien de conduire une vraie voiture de sport, de celles qui fond encore un peu de bruit entre les montées en régimes, quand les notes se perdent dans les aigües, et les rétrogradages rageurs, sans brutalité, tout en souplesse, privilégiant la fluidité de pilotage, les belles trajectoires en appui sur un filet de gaz, jouant sur le grip des roues arrières de ces autos à propulsion.

C’est de début de l’automne, la nature gorgée d’eau rougeoie entre les nuées sur un ciel chargé. Je suis la 911 de Benoit qui soulève des gerbes de feuilles orangées en passant dans les sous bois de châtaigniers, écrasant au passage les bogues tombées sur la chaussée de la départementale. L’image est simplement belle, pur instant de bonheur un peu égoïste.
De temps en temps le rythme s’accélère, histoire de sentir la poussée des chevaux vapeurs dopés par le souffle du turbo du gros V6, puis un freinage appuyé accompagné d’un talon pointe sur le petit pédalier inversé avant l’entrée dans une courbe.
Ne pas s’euphoriser, juste profiter de ce moment de vraie conduite ; « pour que l’automobile reste toujours un plaisir », selon le slogan fort à propos d’un de nos constructeurs nationaux.

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