Monter dans une voiture de sport
ancienne a toujours une saveur particulière, de celles que l’on ressent en
entrant dans un petit restaurant de village du Périgord, quand, en franchissant
le seuil, des flaveurs pleines de promesses – cuisine familiale à l’ail et
graisse d’oie – émoustillent les papilles nasales et vous mettent l’eau à la
bouche.
On ouvre la porte de l’Alpine, et ce
sont les relents de vapeurs d’essence et d’huile mélangées remontant du compartiment
moteur qui embaument l’habitacle. Certaines (j’en connais…) détestent, moi j’adore.
On s’assoit, je devrais plutôt dire s’allonge
dans les sièges baquets collés au plancher, devant le petit volant à 3 branches
siglé du logo de la marque. La planche de bord en plastique noir très
années 80 donne sans fantaisie toutes les indications importantes, puis le regard
plonge sur le long capot, fine pointe de flèche de cette voiture élancée.
Tourner la clé de contact et le V6
turbo démarre instantanément, encore froid se stabilise autour 1200 tour/mn
dans un ronronnement de gros matou tranquille le temps de monter en température.
Coup d’œil sur la pression d’huile – nominale – avant d’enclencher la première
sur le petit levier de vitesse tombant pile sous la main. L’ergonomie de cette
sportive est parfaite.
Nous partons en bande pour une promenade
dans le bocage Vendéen derrière Eric, notre ouvreur, à bord de sa belle anglaise,
une TVR V8 aux accents de grandes orgues de Bach. Il y a aussi Benoit avec une
superbe Porsche Carrera rouge de 30 ans d’âge, Jo avec une Carrera plus
récente, et Jacques dans une jolie Mazda cabriolet MX5 récemment acquise.
Rouler en convoi sur les petites
routes du bocage est une exquise récréation. Il n’est pas ici question de
compétition ou de performance, seulement du plaisir épicurien de conduire une
vraie voiture de sport, de celles qui fond encore un peu de bruit entre les montées
en régimes, quand les notes se perdent dans les aigües, et les rétrogradages
rageurs, sans brutalité, tout en souplesse, privilégiant la fluidité de pilotage,
les belles trajectoires en appui sur un filet de gaz, jouant sur le grip des
roues arrières de ces autos à propulsion.
C’est de début de l’automne, la
nature gorgée d’eau rougeoie entre les nuées sur un ciel chargé. Je suis la 911
de Benoit qui soulève des gerbes de feuilles orangées en passant dans les sous
bois de châtaigniers, écrasant au passage les bogues tombées sur la chaussée de
la départementale. L’image est simplement belle, pur instant de bonheur un peu
égoïste.
De temps en temps le rythme s’accélère,
histoire de sentir la poussée des chevaux vapeurs dopés par le souffle du turbo
du gros V6, puis un freinage appuyé accompagné d’un talon pointe sur le petit pédalier
inversé avant l’entrée dans une courbe.
Ne pas s’euphoriser, juste profiter
de ce moment de vraie conduite ; « pour que l’automobile reste
toujours un plaisir », selon le slogan fort à propos d’un de nos
constructeurs nationaux.
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