jeudi 1 novembre 2012

Pied de cochon Catalan



Il est des restaurants où l’on regrette ne pas avoir fait l’effort de lire le menu...

L’action se déroule en Catalogne où je suis invité à déjeuner par des clients Espagnols.
En plat principal, mes hôtes choisissent un pied de cochon, parait-il spécialité de la maison annoncé comme le meilleur de la région. Sans plus réfléchir je suis le mouvement.
Pour patienter, en guise d’entrée, de délicieuses tranches de tomates fraîches au gros sel sous un filet d’huile d’olive, croutons de pain grillé, quelques légumes confits, escargots, et cœurs d’artichauts frits. Un délice. Je n’ai plus vraiment faim, mais attends tout de même la suite pleine de promesse. Elle finit par arriver.
Sur de grandes assiettes ovales, les pieds coupés en deux dans le sens le sens de la longueur, quelques frites, une salade. On ne peut pas dire que l’aspect soit des plus appétissants, mais le fumet est agréable.
Mes voisins attaquent avec appétit. Je tente de les imiter en essayant de piquer un bouché entre les os et la couenne. Pas si facile car la fourchette « zippe » sur la matière quelque peu gélatineuse... Je commence alors à trier en jouant du couteau et de la fourchette, espérant trouver un morceau de viande sur "la bête", mais plus je cherche, moins je trouve : uniquement des cartilages, du gras, des petits os.
A ma surprise les autres semblent se régaler.
Serais-je tombé sur un « mauvais pied », ou est-ce moi ?
J'essaie une bouché (petite), mais doit retenir un haut le cœur au moment d’avaler la substance tiède et gélatineuse, de celui qui m’était arrivé il y bien longtemps en Chine au cours d’un repas où l’on avait servi du tendon de chameau. L’effet « petite madeleine » de Proust façon pied de cochon…
-      C’est bon ? me lance un de mes hôtes.
-      Délicieux… répondis-je sans conviction, un large sourire hypocrite aux lèvres ; vous savez de ceux que l’on fait parfois lors d’une soirée un peu chic et que « machine » vous raconte, sans que vous n'ayez rien demandé, son ex-tra-or-di-nai-re rencontre avec telle célébrité de la jet-set.
Ma réponse qui ne peut faire illusion semble comme tomber comme un splash dans mon assiette encore pleine de cochonnaille disséquée en petits morceaux empilés sur les bords, comme celle des enfants laissant la couenne du jambon blanc. J’en ai le rouge au front et fais le maxi pour tenter de faire illusion en picorant les frites perdues dans ce carnage culinaire.
Le repas s’étire en longueur, avec la désagréable impression que l’on m’attend. Pas d’autre choix que de continuer de faire semblant en grignotant des petits morceaux. Je finis pas caler prétextant une légère indisposition. Moment de solitude gastronomique...

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