L’action se déroule en Catalogne où
je suis invité à déjeuner par des clients Espagnols.
En plat principal, mes hôtes choisissent
un pied de cochon, parait-il spécialité de la maison annoncé comme le meilleur
de la région. Sans plus réfléchir je suis le mouvement.
Pour patienter, en guise d’entrée, de
délicieuses tranches de tomates fraîches au gros sel sous un filet d’huile d’olive,
croutons de pain grillé, quelques légumes confits, escargots, et cœurs d’artichauts
frits. Un délice. Je n’ai plus vraiment faim, mais attends tout de même la
suite pleine de promesse. Elle finit par arriver.
Sur de grandes assiettes ovales, les
pieds coupés en deux dans le sens le sens de la longueur, quelques frites, une
salade. On ne peut pas dire que l’aspect soit des plus appétissants, mais le
fumet est agréable.
Mes voisins attaquent avec appétit. Je
tente de les imiter en essayant de piquer un bouché entre les os et la couenne.
Pas si facile car la fourchette « zippe » sur la matière quelque peu
gélatineuse... Je commence alors à trier en jouant du couteau et de la
fourchette, espérant trouver un morceau de viande sur "la bête", mais plus je
cherche, moins je trouve : uniquement des cartilages, du gras, des petits
os.
A ma surprise les autres semblent se
régaler.
Serais-je tombé sur un « mauvais
pied », ou est-ce moi ?
J'essaie une bouché (petite), mais doit
retenir un haut le cœur au moment d’avaler la substance tiède et gélatineuse, de celui qui m’était arrivé il y bien longtemps en Chine au cours d’un repas où
l’on avait servi du tendon de chameau. L’effet « petite madeleine »
de Proust façon pied de cochon…
-
C’est
bon ? me lance un de mes hôtes.
-
Délicieux…
répondis-je sans conviction, un large sourire hypocrite aux lèvres ; vous
savez de ceux que l’on fait parfois lors d’une soirée un peu chic et que « machine »
vous raconte, sans que vous n'ayez rien demandé, son ex-tra-or-di-nai-re rencontre
avec telle célébrité de la jet-set.
Ma réponse qui ne peut faire illusion
semble comme tomber comme un splash dans mon assiette encore pleine de cochonnaille
disséquée en petits morceaux empilés sur les bords, comme celle des enfants laissant la
couenne du jambon blanc. J’en ai le rouge au front et fais le maxi pour tenter
de faire illusion en picorant les frites perdues dans ce carnage culinaire.
Le repas s’étire en longueur, avec la
désagréable impression que l’on m’attend. Pas d’autre choix que de continuer de
faire semblant en grignotant des petits morceaux. Je finis pas caler prétextant
une légère indisposition. Moment de solitude gastronomique...
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