mercredi 15 mai 2024

Presqu'à mi-parcours

Face au pont Eiffel enjambant le fleuve Sénégal, nous sommes installés à la terrasse de l’Hôtel de la Poste de Saint Louis.
L’endroit est chargé d’histoire. De celle héroïque de l’Aéropostale. Lieu d’escale de l’arc-ange Mermoz, du géant Saint Ex, d’Henri Guillaumet, Marcel Reine et les autres.
Ici on ressent les ondes de cet esprit pionnier. L’architecture post-coloniale bien sûr, dès le comptoir d’enregistrement orné de défenses d’éléphants, mais bien plus que cela. Les boiseries polies par les années, certaines peintes et repeintes, les poignées de porte et mains courantes en laiton, le magnifique patio où les plantes sont devenues des arbres, les nez de marches usés en montant dans les étages, les chaises un peu branlantes de la salle de restaurant, le petit salon, et surtout toutes ces photos et articles d’époques exposées sur les murs.
Vintage et authentique, l’établissement est tenu avec soin par un personnel prévenant, et nous profitons pleinement de ce nécessaire jour de repos après notre longue traversée du désert, avant de poursuivre demain vers Dakar.
-    Trop content d’être arrivé ici sans gros dégâts.
-    Moi aussi.
-    Sacré périple en Mauritanie tout de même !
-    T’as raison. Rude, magnifique, engagé, mais géant !
-    Je ne l’avais pas complètement imaginé comme ça.
-    Moi non plus. Il restera dans nos annales : toutes ces rencontres de bord de route, l’économie de la débrouille des Mauritaniens dans des conditions climatiques hostiles, Chinguetti, leurs racines culturelles profondes faites de tolérance et bienveillance, et ce désert immense et magnifique où tout est possible.
-    Que veux-tu dire par tout est possible ?
-    Je veux parler de l'indispensable engagement physique bien sûr, du plaisir de piloter nos machines dans ces grands espaces, mais aussi la dimension presque spirituelle de l’expérience.
-    Un peu comme ces pionniers de l’aéropostale qui repoussaient les limites du possible en assurant la ligne.
-    C’est ça, même si c’est évidemment sans commune mesure. Pour eux c'était toutes les semaines. Pour nous une parenthèse d'une semaine dans nos vies bien réglées.
-    Évidemment. Mais dans le monde aseptisé et incertain dans lequel nous vivons, c’est déjà pas si mal.
-    Pas si mal, et pas fini. Demain objectif le Lac Rose de Dakar. Nous serons à mi-parcours.



1 commentaire:

Anonyme a dit…

Un jour de repos bien mérité ! 👍