mardi 7 mai 2024

Bienvenue en Mauritanie !




Sur la N1 presque déserte, les 100 derniers kilomètres jusqu'au poste frontière avec la Mauritanie sont vite avalés.
Drôle d'impression que cette route tracée dans un paysage de Star War, où des formations calcaires érodées par le vent formant d'imposantes et magistrales sculptures contemporaines, ponctuent de vastes plaines en arrière-plan desquelles se développent des dunes blanches.

La sortie du Maroc est une simple formalité. Sans surprise, un gars au demeurant très sympa nous aborde pour faciliter les démarches d’entrée en Mauritanie. Nous le retrouverons après la traversée du no man's land de quelques kilomètres entre les 2 pays dont on a beaucoup exagéré l’étrangeté.
Pour 10 Euros nous le prenons donc comme "fixeur".
Dans la cour des miracles que sont parfois les zones douanières de certains pays du tiers monde où la corruption est la règle, cela permet d’avancer rapidement et sans confusion entre les différentes guérites : douane, police, assurance. 

Plutôt avenants, les agents s'amusent de nos âges avancés. Rappelons, bien entendu uniquement pour la clarté du propos, que mon complice d’aventure est retraité. Mais selon ces mêmes agents, il ferait plus jeune que moi. Heureusement, la sagesse émanant de mes cheveux d'argent et barbe blanche permet de contrôler la fougue de ce jeune homme…
Pour raison de sécurité on nous demande avec bienveillance mais insistance notre parcours précis dans le pays. Ce sera donc Nouadhibou, Atar, Chinguetti, Nouakchott, puis sortie vers Dakar. Aux check-points nous serons suivis "à la trace" avec le numéro 156. Et le chef de la police de souligner que nous soyons en sécurité :
-    Ici c’est la Mauritanie et vous êtes vraiment les bienvenus. Nous tenons à vous ! Martèle-t-il avec insistance.

Entrés dans le pays à la mi-journée, nous filons vers Nouadhibou, deuxième ville de Mauritanie, anciennement Port Etienne, haut lieu de l’aéropostale, dernière étape des aviateurs en route vers Saint Louis du Sénégal.

Pour Didier, c’est une première en Afrique noire. Cela fait des années que je n’avais pas remis les pieds en Afrique de l’Ouest. L’immersion est immédiate et quelque peu brutale. Comme si le temps s'y serait arrêté : voitures déglinguées fumant comme des locomotives, rues en terre battue entres les artères principales, marchés séculaires immuables où l’on trouve jusqu’au blocs de sels bruts possiblement extraits des mines de Taoudéni et amenés ici en caravanes chamelières, fruits et légumes multicolores, volailles vivantes, viande et poissons frais couverts de mouches, sans aucune chaine de froid, tout cela dans une bonne humeur dont les africains semblent ne jamais se départir.
Seule une chose a véritablement changé, l’invasion des smartphones et réseaux sociaux qui, comme partout dans le monde, bouleversent la société.

Justement, aidé par Face-Book, nous frappons à la porte de l’Auberge Sahara dans un petit quartier de la ville basse. Fanta, la propriétaire, ouvre le portail métallique et nous accueille dans sa modeste maison tenue impeccablement.
Sénégalaise immigrée, veuve à l’air un peu triste, elle assume seule le fonctionnement de ses chambres d’hôtes depuis le décès récent de son mari dans un accident de voiture. Et pour compléter ses petits revenus, confectionnent chaque jour une dizaine de kilos de madeleines revendues à des femmes qui en assurent la distribution finale en ville. L’économie de la débrouille dans un pays où le revenu moyen ne dépasse pas 6€ par jour.

 



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