lundi 6 mai 2024

La plus longue plage du monde

 
Petit souci sur la moto de Didier au départ de Boudjour ce matin. Du jeu détecté dans la rotule de fourche avant. Sans solution immédiate nous décidons de poursuivre en espérant trouver la pièce chez BMW à Dakar que nous appellerons demain.

Tous pleins faits, nous reprenons donc notre voyage vers le Sud en longeant la plus longue plage du monde sur la N1 qui s’étire sur presque 2400 km. Dans une certaine monotonie les kilomètres s’égrènent doucement au gré du tracé s’éloignant ou se rapprochant de l’océan.
Régulièrement, des pistes sahariennes croisent la route par lesquelles des nomades sortant du désert rejoignent le ruban d’asphalte, laissant les empreintes blanches éphémères des pneus de leurs vieux Land-Rover.
De loin en loin, la route connecte des villages modernes vides, tentatives avortées du gouvernement de sédentariser les populations tout en occupant administrativement cet immense territoire.
A plusieurs reprises nous croisons de pauvres hères hirsutes, en loques,  pieds nus,
marchant seuls sur le bord de la route vers le nord. A l’épaule le sac de toile crasseux contenant leurs peu d’effets personnels.
Le trait de côte passe successivement de plages immenses à falaises abruptes. Attirés par un semblant d’activité humaine, par curiosité nous sortons de la route pour nous rapprocher du bord effondré, comme si l’on avait cassé de très gros morceaux de chocolat. D’activité humaine c’est toute une « industrie » que nous découvrons : des dizaines, peut-être une centaine de personnes vivent ici, installés dans les grottes formées entre les carrés de chocolat, sortent de cabanes troglodytes au bord de l’océan, d’où ils partent installés sur de gosses chambres à air de camion, palmes au pieds, pêcher le calamar.
 
Sous la chaleur de début d’après-midi, la route commence à vibrer, générant quelques mirages éphémères. Des groupes de chiens errant aux allures de coyotes la traversent régulièrement. Il ne ferait sans doute pas très bon bivouaquer ici.
Alors que le paysage change de couleur, passant du doré au blanc, volontairement nous oublions Dakhla où nous ferons étape au retour.
Nous franchissons le tropique du Cancer.
Tandis que le vent se lève, au loin apparaissent les premières dunes blanches, spectaculaires masses de sable à la couleur inhabituelle. La lumière devient éblouissante, telle celle d’un paysage enneigé. Et comme hier, le vent pousse les particules de sables en arabesques tournoyantes et piquantes, transformant le sol en un tapis volant sur lequel nous roulons bon train.

Bir Guendouz, dernier village Marocain que nous rejoignons en fin d’après-midi avant de passer demain en Mauritanie. Déjà presque 4500 km au compteur.
 
Pas tombés, pas cassées !


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Super récit Fred, on vous suit avec plaisir. Quelle belle route ! Amusez-vous bien 🏍️🏍️