mardi 14 mai 2024

L'inimitable odeur de l'eau


Vers le Sud, depuis Tidjikja nous sortons doucement du désert.
Progressivement les troupeaux se font plus grands, quelques vaches apparaissent, puis de sortes de buffles à grandes cornes. Les chevaux sont moins faméliques, les gens moins émaciés.
Des cases rondes en pisé couvertes de chaume remplacent les abris de fortune uniquement fait de branches de palmiers desséchées.
Des femmes en boubou portent des calebasses sur la tête avec l’élégance naturelle des plus beaux modèles de mode.
Des écoles apparaissent, avec leurs centaines d’enfants lançant de grands signes à notre passage auxquelles nous répondons à coup d’appels de phares et de klaxon.
Sur le bord de la route, des carrioles à 3 ânes lourdement chargées, version V8 de la voiture à cheval, remplacent les animaux de bâts décharnés transportant péniblement 2 bidons d’eau en plastique jaune au milieu de nulle part.
Puis, comme un miracle, un effluve vient titiller nos narines desséchées. Difficile à qualifier au début, mais comme une évidence, l’odeur inimitable de l’eau en approchant du fleuve Sénégal.

Boghé, sur le bord du fleuve, côté Mauritanie, où nous nous égarons dans le marché.
Moment un peu surréaliste de 2 blancs hirsutes et transpirants, encombrés de leurs grosses motos, au milieu de toutes cette activité trépidante. Et ces petites moqueries à notre attention dont nous rigolons.
Nous suivons maintenant le fleuve bordé de rizières. L’air devient plus respirable. Nous reprenons vie. Nos cerveaux embrumés se réactivent.
Pleins d’essence à Rosso, poste frontière un peu glauque que nous évitons pour aller vers Diama par la piste, où le gars laisse largement déborder le réservoir de la machine de Didier sur le moteur brulant… On croise les doigts…
Très bon moment de moto entre les phacochères et les milliers d’oiseaux au coucher de soleil dans la réserve de Diawling.
Diama enfin, que nous atteignons à temps avant la fermeture du poste frontière avec le Sénégal. Formalités vites expédiées, il n’y a personne d’autre que nous.
Reste 35 km de nuit vers St Louis. Pas le choix. Malgré nos éclairages puissants, expériences sous haute tension, entre animaux, piétons, carioles non éclairées, camions hors d’âge, voitures borgnes et autre nid de poule.
21h, fatigués mais enchantés, nous atterrissons à l’Hôtel de la Poste de Saint-Louis du Sénégal, lieu mythique de l’aéropostale où résidaient Mermoz, Saint Ex, et les pionniers de la ligne du courrier.

 



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