vendredi 17 mai 2024

Dakar


La nuit au Lac Rose ne fut pas des plus plaisantes, sur des matelas pourris, attaqués par des insectes irritants. On se lève donc avec la gueule de bois pour repartir de bon matin, sans grande motivation pour la piste sableuse. Nous en sortons sans dégât vers Dakar en traversant les villages grâce aux moyens de navigation modernes nous faisant passer par d’improbables ruelles ensablées. On peste en se disant que ça ne finira jamais pour finalement déboucher sur la N10 vers la capitale.

Cloaque est le mot juste pour décrire l’artère principale, et quasi unique, vers le centre-ville de la capitale de l’extrême Ouest du continent Africain. A se demander pourquoi tous ces gens veulent s’y rendre. Des milliers de véhicules de toutes sortent – camions, voitures, moto, carioles –  s’y précipitent dans une circulation anarchique enfumée par les échappements de moteurs diesel élimés crachant leurs panaches noirs. Ajouter à cela poussière et chaleur et vous pouvez essayer d’imaginer l’atmosphère irrespirable dans un bouchon géant où chacun essaye de se faufiler, du plus gros au plus petit. Les carrefours deviennent alors de véritables capharnaüms. Feux de circulation hors d’usage, sous un concert de klaxon, noyés dans le flux anarchique de circulation, des agents essaient de la réguler à grand renfort de gesticulation et coup de sifflets inutiles. Pathétique chorégraphie d’un opéra dramatique où, inexorablement, le système s’enraille dans un désordre total.

Contre toute attente, ou finit par en sortir vivant. Épuisés mais vivants.
On découvre alors les bons côtés de la ville : Ngor, le phare des mamelles, la perspective sur l’île de Goré, le monument de la renaissance Africaine, imposante statue d’une homme, d’une femme, et d’un enfant dressés vers l’Amérique.
Place de l’indépendance, Didier tente de faire prolonger notre « passavant » - autorisation de circuler dans le pays - au Bureau Régional des Douanes. Normalement une simple formalité. Il se heurte à la corruption du système. Nous refusons de payer et devrons donc sortir du Sénégal un jour plus tôt que prévu. Désagréable mais pas insurmontable.

Attablés dans un restaurant de plage face à l’ile de La Madeleine, nous trinquons à notre arrivée à Dakar, objectif ultime de cette aventure. Nous y sommes parvenus, heureux et fiers d’y être.
Dakar est un bout du monde comme Le Cap, Brest, Ushuaïa ou Vladivostok. Bout du monde de la traite des Africains vers l’Amérique dans le commerce triangulaire avec l’Europe, bout du monde des aviateurs de l’aéropostale avant leur envol transatlantique, bout du monde d’un Rallye mythique qui nous a tant fait rêver. Mission presque accomplie ! Il est maintenant temps de rentrer à la maison. Telle une course en montagne, elle ne le sera complètement que lorsque nous pourrons de nouveau serrer nos belles entre nos bras.



1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merci d’avoir partager cette super aventure avec nous, c’était vraiment agréable de vous suivre au quotidien. Trip de fous 🤪 bravo ! Bon retour