dimanche 12 mai 2024

Oasis

Notre nuit à Chinguetti fut un enchantement de l’âme. Heureux de s’y être rendus en ayant entrouvert quelques pages de la riche histoire de son patrimoine unique. Très fiers d’avoir pu écouter puis échanger avec l’érudit Ahmed Mahmoud.

Un des premiers objectifs de cette aventure au long cours est donc atteint. Et nous avons pu profiter d’une nuit paisible et réparatrice sous les étoiles et dans le silence absolu du désert.

Le bourdonnement d’une mouche près d’une oreille me réveille au petit matin. Tranquille petit déjeuner avec Ahmed (le jeune, pas l’érudit) et son ami Baba, puis nous partons vers le l’ancien refuge de Théodore Monod repéré la veille lors de notre tentative à moto, ensuite l’oasis de Terjit, et enfin Mhairith, le village natal d’Ahmed, avant de revenir vers Atar.

A la sortie de Chinguetti, une jeune femme blonde fait du stop sur le bord de piste. Improbable rencontre du bout du monde, Leslie, une Américaine de 30 ans parcourt le monde toute seule avec un équipement minimum. Assez bluffante la Miss ! Et nous voilà donc avec une équipière sympa pour l’excursion du jour.

L’arrivée sur l’ancienne maison de Théodore Monod, où fut aussi tourné le film Fort Saganne, est grandiose. Très vaste vallée de pierres gris foncé entre des « tables mountains » à perte de vue. Désert minéral absolu et brulant où l’archéologue et philosophe découvrit quelques sites rupestres intéressants. Remises en perspective des conditions climatique de ces temps anciens, leurs positions géographique est remarquable, dominant une vaste plaine où la faune devait être abondante comme en témoigne les émouvantes scènes de chasse peintent sur les rochers.

Roulant vers l’oasis de Terjit, le paysage garde sa monotonie minérale vibrant sous la chaleur de midi. Puis l’on devine une étroite vallée au fond de laquelle se dessine une longue et étroite palmeraie. La vue est saisissante par ses contrastes de couleur bien sûr, mais surtout d’abondance apparente de ce jardin d’Eden en milieu hostile. Rien d’autre que le miracle de l’eau s’écoulant de la falaise en un joli ruisseau scintillant sous les rayons du soleil filtrant entre les palmiers.L’impression de bien-être y est immédiate : ombre, végétation, bruit de l’eau, fraîcheur.

Nous remontons le fil d’un modeste ruisseau dans l’étroit défilé. Sur notre droite la falaise pleure des larmes délicieuses. De l’autre côté, des stalactites asséchées montrent qu’à une époque ancienne elles devaient y être aussi très abondantes. L’oasis se termine par un cul de sas où une rétention d’eau permet d’entretenir un petit bassin où nous nous baignons avec délectation.

Ahmed tient à nous faire découvrir son village natal de bergers de Mhairith. Nous nous arrêtons chez ses ex-belles sœurs (il est divorcé) avec lesquelles il semble entretenir les meilleures relations. Accueil chaleureux de 3 femmes avec leur ribambelle d’enfants curieux et adorables. Les hommes sont à suivre les troupeaux parmi les cailloux ou à entretenir les dattiers de la modeste palmeraie.

Imaginer des conditions vie plus modestes est quasi-impossible. Ces familles vivent sur des tapis dans des cases rondes ou carrées faites de feuilles de palmiers laissant passer l’air pour rafraîchir l’ambiance. Lorsqu’il fait vraiment trop chaud, notion toute relative, les feuilles peuvent être aspergées d’eau si elle est disponible. Un peu plus loin, la cuisine faite de bidons métalliques dont la tôle a été déroulée et aplaties. Et c’est tout ! Pour autant ce n’est ni la misère, ni la tristesse. Tout le monde rit beaucoup pendant la cérémonie du thé dont la spécialité des femmes est de faire la mousse, comme sur celle de nos expressos. Mousse qui d’ailleurs reste dans le fond du verre quand on l’a bu.

Il est temps de se quitter. Nous retrouvons Atar, sa poussière et ses Mercedes déglinguées. Demain nous reprenons notre voyage vers le Sud-Est en direction de Tidjikja pour, si tout se passe bien, passer au Sénégal lundi, juste 2 semaines après notre départ.

 

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Quand la route devient mythique… 🤩👏