jeudi 16 mai 2024

Même pas rose !

La journée de repos à Saint-Louis fut délicieuse. Climat agréable dans une ville au charme désuet des vestiges d’une « gloire coloniale » passée, égayée de toutes les couleurs contemporaines du Sénégal.
Se perdre dans les ruelles du centre-ville parmi tous les petits commerces est une immersion immédiate dans l’ambiance unique de l’Afrique noire d’abondance. Rien à voir avec les souks chiches de la Mauritanie intérieure où l’on ne trouve presque que des produits secs. Ici tous le frais est disponible, fruits et légumes, poissons et viande, en quantité. Même si, pour un Européen, il faut parfois avoir l’estomac bien accroché.

Quitter l’escale de l’Hôtel de la Poste a comme un parfum de nostalgie. Celle du désert peut-être. Aussi l’ambiance unique de ce lieu où tant d’histoires se sont raconté. Nous aurons la nôtre.
Faisant le tour de l’île, nous longeons les docks où sont alignés des centaines de longues pirogues de pêche multicolores en attente de la marée. Des filets y sont également étalés

avant d’être soigneusement repliés pour l’embarquement. A la pointe nord, figée depuis des décennies, une grande et élégante grue métallique rongées par la rouille ajoute une touche industrielle vintage au décor.

Reprenant le pont Eiffel en direction de Dakar, nous y croisons les derniers survivants de fourgons Goélettes Renault jaunes et bleue, vestiges des transports publiques d’une autre époque.
Puis la route s’en va plein sud vers Dakar en longeant la Langue Barbarie, fine et très longue bande de sable, à quelques encablures de la plage, où s’est développé un écosystème unique que les oiseaux ont colonisés. Semblant nous accompagner, de grands pélicans planent quelques mètres au-dessus des flots irisés tandis que de l’autre côté de la route des légumes s’épanouissent dans des jardins verdoyants.
Plus loin, côté mer des petits tas de sels au coin de salines grossièrement organisées.

Puis nous retrouvons les villages typiques, traversés en leur centre par la route poussiéreuse encombrés de camions, avec leur organisation presque immuable : les mécaniciens à l’entrée ou à la sortie, les quincaillers, épiciers, bouchers, marchands de fruits et légumes. Sortant de la brousse et d’une autre époque, quelques très anciens Berliet fumant comme des locomotives viennent encombrer une circulation dantesque.

Au hasard nous nous arrêtons déjeuner chez Sorkhna qui nous offre un Damada relevé : sorte de ragout de légumes variés et de viande, dans une sauce épicée sur du riz blanc.
Sorkna est une femme intéressante. Souriante et spontanée, 35 ans, éduquée à Dakar dans plusieurs spécialités dont la cuisine, mariée, mère de 5 enfants, elle mène rondement sa baraque et nous fait visiter sa petite affaire – restaurant, boutique d’articles ménagers, épicerie – puis sa maison sur le toit de laquelle elle élève mêmes quelques pigeons à côté de la niche d’Adolf, son berger allemand. Elle a aussi un peu d’humour Sorkhna, et parle de la parle de la France avec des étoiles dans les yeux. Mais que pourrait-elle faire de mieux là-bas ?
Nous nous quittons en nous souhaitant belles vies pour reprendre notre chemin vers le légendaire Lac Rose. 

Laissant la route nous empruntons une piste en latérite un peu sableuse entre les maisons. Quelques kilomètres et nous y sommes. Plutôt gris que rose, nous en avions une autre image. De celle de la grande époque du rallye Paris-Dakar et de ses arrivées grandioses sur ses berges. Nous l’imaginions plus grand, plus coloré, plus magique. Mais nous y sommes, roulant sur la plage salée en direction de Dakar…




1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ce récit donne envie de découvrir la ville 😄 Ce long voyage est riche en découvertes et rencontres et surtout, il écrit bien le Fred 👍