mercredi 22 octobre 2025

La route sans fin

Ce matin, le départ commence par un contretemps : pneu arrière gauche à plat. Rapide contrôle, la valve est cassée. Pas dramatique, mais de quoi ralentir la mise en route. Démontage de la roue et, par chance, un petit garage se trouve à deux cents mètres à peine. Bruno voit avec le gars qui répare en 15 minutes pour un montant dérisoire. 
Par précaution, on démonte et remplace celle de l’autre roue arrière également douteuse. Sur une vieille voiture, mieux vaut éviter la galère dans un endroit et à un moment moins favorable.

Nous reprenons la route plein sud. Droite, interminable vers l’Afrique noire. 
L’asphalte file entre le Sahara et l’Atlantique, tracé net dans un paysage sans relief. Avec la chaleur l’horizon se trouble. Par moments, on ne sait plus si la route s’enfonce dans le ciel ou dans le désert. Et le GPS indique le prochain croisement dans 310 kilomètres… On sourit. Ça donne la mesure du lieu.

Rassurant, le moteur ronronne régulièrement. Peu de circulation. Un camion poussiéreux nous croise parfois, puis plus rien. Juste le vent et le bruit de roulement des gros pneus sur la route. 
Enfin une station-service. On s’arrête pour une pause. A l'intérieur un gars cuit du pain dans une vieux four à gaz exhalant la bonne odeur de cuisson de la pâte fraîche. 
Sur le parking, deux très vieux Land Rover couverts de poussière. Usés jusqu’à la corde ils semblent avoir terminé leur route ici. Témoins de pistes anciennes, abandonnés avec tristesse. Peut-être les véhicules d’une vie.
Et cette image de la matinée qui me revient : un groupe de nomades marchant au pas de leurs chameaux le long de la route en direction d’un point d’eau. À leurs côtés, au même rythme, un vieux Land bâché, bringuebalant, transporte le fourrage. L’ensemble avance lentement dans une cadence presque parfaite. Superposition de deux époques, quand le transport mécanisé était sensé prendre l’ascendant sur les méharées chamelières. Mais ici la modernité n’a pas encore totalement changé le monde. Elle s’est simplement ajoutée au décor, comme une couche de plus dans la poussière du temps. Et les gens s’adaptent doucement en avançant de long de cette route, comme un nouveau repère.

Pour nous, la route de Nouadhibou est encore longue. Mais elle se suffit à elle-même. On ne la parcourt pas seulement pour y arriver, mais aussi pour la vivre, tout simplement.



 

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