mercredi 22 octobre 2025

Dakhla, entre 2 mondes

Journée de transit à Dakhla.
Le vent marin, tiède, salé et sablonneux, s’invite sous un soleil de plomb dans chaque recoin de la ville. Entre l’océan et le désert, Dakhla flotte dans une sorte de suspension, à mi-chemin entre le voyage et le rêve. Nous bullons au café Samarcande, nom magique qui ouvre d’autres horizons en rallumant des images d’Asie centrale, de dômes turquoise et de route de la soie. Un jour, à moto peut-être... Mais pour l’heure nous sommes ici, posés dans ce café un peu rococo, face à la baie inondée de soleil.
Autour d’un thé trop sucré, la conversation dérive vers l’état du monde. Difficile d’y déceler des signes franchement positifs. Pourtant… ici, à l’extrême sud du Maroc, loin du tumulte, le monde paraît soudain plus vaste, plus silencieux, presque apaisé. Peut-être faut-il s’éloigner pour relativiser et retrouver une certaine clarté.
Nous parlons aussi de cette chance incroyable que nous avons d’être là, conscients que rien de tout cela n’est dû au hasard. Voyager jusqu’ici demande un engagement. Sortir de sa fameuse « zone de confort », expression souvent galvaudée, mais tellement juste. Partir, c’est rompre avec ses habitudes, affronter l’imprévu, la lenteur parfois. C’est se confronter à une autre réalité du monde, celle qu’on ne scrolle pas du bout des doigts sur son smartphone, mais qu’on respire, qu’on touche, qu’on sent vibrer.

Ce soir, notre équipe va s’enrichir d’une présence précieuse. Flo arrive.
Flo, la femme de ma vie depuis toujours, qui atterrit à Dakhla pour poursuivre avec nous cette aventure. Juste l’imaginer descendre de l’avion, tout sourire, boucles brunes au vent, me donne un élan de joie enfantine. Demain nous franchirons ensemble la frontière mauritanienne au poste saharien de Guerguerate. Passage rugueux, souvent chaotique, mais toujours chargé d’émotion. De l’autre côté, une autre Afrique commencera.
La Mauritanie et ses villes légendaires dont certaines se perdent dans l’immense Adrar : Nouadhibou, Atar, Chinguetti – la cité des manuscrits et des sables éternels – puis Tidjikja, Aleg, et enfin le fleuve Sénégal, frontière vivante, pour finir à Nouakchott.

La lumière tombe sur Dakhla. Le vent s’adoucit, les silhouettes se découpent sur le ciel mauve. Demain, à Nouadhibou, nous retrouverons Fanta qui nous avait si gentiment accueilli l’an dernier avec Didier lors de notre passage à moto. L’Afrique nous aspire irrésistiblement. Et d'ailleurs, y a-t-il plus beau privilège que de se sentir en mouvement ? 

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