samedi 4 octobre 2025

J moins 10 !

J moins10 ! Sauf si le monde part à vau-l’eau. Hypothèse qu’on ne peut plus balayer, tant l’actualité sème ses ombres, avec la Russie lâchant ses drones comme des essaims de moustiques piquant l’Europe… Donc à moins d'un cataclysme, le départ est bien fixé. Le 15 octobre, mon frère Bruno et moi prendrons la route pour un voyage au long cours vers la Mauritanie.

Le simple énoncé des étapes résonne déjà comme une invitation au rêve : Nouadhibou, ville portuaire ancrée sur la presqu’île du Cap Blanc, Atar, porte d’entrée de l’Adrar, puis Chinguetti, la mythique cité caravanière, 7ᵉ ville sainte de l’islam, gardienne jalouse de bibliothèques millénaires. Plus à l’Est, l’Œil du Sahara – le dôme de Richat – curiosité géologique que les aviateurs contemplent comme une énigme cosmique gravée dans la roche. Puis viendront les oasis magnifiques de Terjit, Tidjikja lovée dans ses falaises ocre, et enfin Nouakchott, capitale battue par les vents de l’Atlantique.
Cette fois, pas de chevauchée motocycliste. L’aventure se fera à bord d’un vieux pick-up Nissan, fidèle héritage de notre papa. Il sera notre vaisseau terrestre à 4 roues motrices. 
Flo, dont les yeux brillent déjà à l’évocation des manuscrits séculaires de Chinguetti, nous rejoindra par avion à Dakhla, ultime bastion du Sud marocain. Elle s’épargnera ainsi l’approche de plus de 3 600 kilomètres, et le long retour depuis Nouakchott par la bande côtière du Sahara occidental, la longue route des aviateurs de l'aéropostale.

Les préparatifs se terminent. Déjà l’imaginaire devance le voyage terrestre. Sur la table, les cartes dépliées dessinent un itinéraire qui nous projette dans un univers minéral : montagnes noires polies par le vent, villages ensablés comme après une tempête de neige, océan de dunes du grand erg occidental venant mourir au rivage atlantique.
Et ces habitants résilients comme les survivants d’un tsunami climatique. Ici, l’eau se fait mirage et la vie s’accroche à des puits fragiles. Des villages faits de rien, autour d’improbables mosquées émergeant du sable, appels des muezzins rythmant la journée qui se dissolvent dans l’air sec chargé de poussière, mémoire d’une culture millénaire de commerçants, de poètes, de scientifiques, donnant à ces gens la fierté d’appartenir à un grand peuple de désert.

Dans 10 jours, nous embarquons donc pour cette nouvelle aventure. Et avec beaucoup de plaisir, j’essaierai de vous en restituer la beauté fragile et la force intacte à travers mes chroniques quotidiennes.