Franchir le Bosphore par le Pont des
Martyrs à quelque chose du rite initiatique, un peu comme celui de traverser la
baie de San Francisco par le Golden Gate. Sauf qu’ici la porte s’ouvre sur un
nouveau continent plein de promesses pour les voyageurs sur la route de
l’Orient.
Le temps est magnifique ce 8 Mai.
Caméras « GoPro » installées pour immortaliser ce moment et le
partager au retour avec les amis. On y va doucement, histoire de déguster
chacun des 1500 mètres de l’élégant ouvrage d’art.
A droite, barrant l’horizon telle une
frise orientaliste, le vieil Istanbul.
En contre bas, dessinant d’éphémère
sillage d’écume sur fond de mer turquoise, quelques cargos vont et viennent
dans le détroit.
A gauche, la perspective vers la Mer
Noire.
Où l’on voudrait que le temps se ralentisse pour mieux profiter de
l’instant.
Sortie de la mégapole d’Istanbul, on
aborde l’Asie mineure par l’Anatolie, en cette saison collines verdoyantes plantées
de noisetiers et noyers. Sur la bande côtière, quelques maisons de bois desséchées
aux allures des squelettes de poissons devant la mer bleue ce jour-là.
Au premier abord rien ne semble
vraiment différent. Mais au fur et mesure que l’on s’enfonce dans les terres,
les villages deviennent plus modestes, les routes plus approximatives et les
activités exclusivement agricoles. Des gros travaux en cours aussi pour développer le
réseau routier, avec de spectaculaires percées dans le paysage. Le
progrès est en marche, notion toujours un peu subjective mais qui se
matérialise pour la population par une modernisation des infrastructures et un réel
désenclavement.
Nous décidons de sortir des sentiers
battus. La route devient un routin cahoteux et boueux. Le ciel se charge de
gros cumulonimbus près à décharger leur énergie. Les premières gouttes nous
invitent à enfiler les tenues de pluie puis à stopper à la gargote du prochain
village sous les trombes d’eau. C’est un déluge agrémenté de spectaculaires
coup de tonnerres et éclairs striant le ciel de la vallée. Très prévenant le
cafetier nous offre thé sur thé brulants fort bienvenus, tandis que le seul
client de l’établissement essais d’entamer en Allemand quelques bribes de
conversation pour expliquer que plus loin la route n’est plus praticable. Nous
verrons bien…
Il faut dire qu’ici, curieux de notre périple,
les gens sont d’une extrême gentillesse, à la fois prévenants, serviables et
enthousiastes à l’idée que nous traversions intégralement leur grand et beau
pays.
L’orage semblant passé nous repartons.
Effectivement, quelques kilomètres plus loin la route devient une piste en
chantier ravinée par les trombes d’eau et le passage répétés des véhicules. Et
la pluie qui recommence, l’occasion d’apprécier la pertinence du choix des
pneus tout-terrain montés pour ce voyage. (Pour les motards intéressés, des
Michelin Anakee Wild).
Nous rejoignons Devrek la nuit
tombante.
Le temps de trouver un hôtel et l’orage repart de plus bel. C’est un
véritable déluge agrémenté d’un festival d’éclair qui s’abat sur la ville.
Très heureux d’avoir trouvé un toit
pour la nuit.
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