C’est fou comme de revenir en Europe fait se sentir à la maison. Se dire qu’on appartient à cette même communauté hissant le drapeau étoilé, espace de liberté et de paix ; de prospérité aussi. Sortant d’Ukraine, l’arrivée en Roumanie donne immédiatement cette impression : routes impeccables, signalétique claire, villages proprets, gens souriants. Il reste évidemment quelques anachronismes du passé pas si lointain de la période Ceaucescu, mais que de changements spectaculaires pour ce « petit » pays depuis son adhésion à l’Union Européenne. Et puis ce côté latin dans lequel on se retrouve si bien.
Je dois me rendre chez Dan A Baya Mare,
un ami de Didier et Jo qui m’accueille pour la nuit avant mon vol demain vers
Paris. C’est aussi lui qui va gentiment assurer la logistique de retour de ma
moto.
Dans une vaste vallée de moyennes
montagnes, Baya Maré est dominée par une spectaculaire cheminée semblant disproportionnée.
Des flashs clignotants donnent une étrange aura à sa verticalité de plus de 350
mètres. Plus haute que la Tour Eiffel ! Il s’agit en fait du pot
d’échappement d’une usine de cuivre aujourd’hui arrêtée qui dispersait ses gaz
toxiques à bonne hauteur au-dessus de la ville. Elle ne tourna en fait que 4
ans tant ses effets étaient nocifs, à tel point que dans certaines conditions
les habitants de la ville devaient porter des masques filtrant l’air
vicié. Scénario digne du Meilleur des Mondes, quand les Roumains asservis n’étaient
que les pions d’un dictateur mégalomane de la pire espèce.
Nous sommes invités ce soir à diner
chez un ami douanier de Dan et son épouse. Juste le temps de se changer et me voilà
partis pour une sacrée soirée.
Le couple nous reçoit ainsi qu’un autre
couple de leurs amis. Il y a là aussi toute une flopée d’enfants. Ambiance
familiale. J’adore. Le maître de maison est d’un abord sympathique, milieu de
la trentaine joviales et gentiment bedonnante, pantalon militaire, tee-shirt à
l’effigie du drapeau Américain. Tout juste arrivé qu’il me sert sa
« trouspinette » locale, un tord-boyaux de prunes distillées, et nous
voilà partis dans des cul-secs entrecoupés de chips et cacahuètes. Chaleureuse
ambiance avec musique locale à tue-tête : la dolce-vita Roumaine. A moins
que ça n’en soit la fièvre de samedi soir.

Alors que nous commençons à tous être
un peu « fatigués », il nous ressert un verre et nous invite,
uniquement les hommes, à le suivre. Descente de quelques marches pour se
retrouver au sous-sol de la maison dans une sorte de caverne d’Ali Baba. Est
entreposé ici tout un bric à brac d’objets insolites, soi-disant des
antiquités, ainsi que bon nombre de bouteilles d’alcools, "cadeaux traditionnels", ou saisies
des douanes. Et je ne vous parle pas du petit pressoir électrique dernier cri
de notre homme passionné de vin, ni de son alambic artisanal pour extraire
l’essence de son nectar.
Et Dan de me commenter sur l’économie
parallèle qui se développe en Roumanie. Il y a de l’Italie des années 60-70
dans tout cela…
Allez, encore un p’tit cul-sec pour
faire passer, et nous remontons manger les saucisses de mouton délicieusement piquantes.
Vers minuit, notre homme revient avec
uniformes et insignes que je dois enfiler pour la photo. Un grand moment cette
séance de photo façon village people. On rigole beaucoup, on s’embrase, on picole
encore. Heureusement que pour éponger il y a un solide et délicieux plat de pommes
de terre sautées.
Les enfants dorment sur le canapé. Il
est temps de rentrer. On se quitte alors avec la connivence de ceux qui ont un
peu dépassé les bornes, juste ce qu’il faut pour sceller l’amitié entre les peuples.
Alors
que le suis dans un FlixBus vers Angers, rapport qualité-Prix imbattable, aux
dernières nouvelles mes camarades sont toujours sur la route en Roumanie, en
direction de chez Dan, à réparer des crevaisons multiples. Et devinez sur la
moto de qui ?
1 commentaire:
Un super bon cru que ce voyage !
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