
Tout d’abord une météo parfaite sur une
machine confortable facilite bien les choses.
Puis il y a toutes ces images et ces
rencontres inattendues.
Si l’agriculture ici prospère,
c’est tout de même le choc de deux modèles : d’un côté ces méga fermes de
production de céréales, de porc et de poulet. Ce pays dispose d’un potentiel agricole
extraordinaire. De l’autre ces toutes petites fermes où, souvent des personnes
« âgées » semblent survivre sur des modes ancestraux, de simples
petits jardins méticuleusement entretenus sans mécanisation et quelques vaches.
Ces gens d’un autre temps se déplacent encore à voiture à cheval, grossiers
tombereaux de bois brute avec des roues de voiture, images surréalistes de la
confrontation de deux époques digne des « Visiteurs ».
Et tous ces complexes industriels en
ruine, innombrables usines désaffectées vestiges de l’Union Soviétique.
Les ravitaillements d’essence donnent
souvent l’occasion d’échanger quelques mots avec les gens du coin. Intrigué par
ce voyageur à moto, ce bonhomme tout sec qui m’aborde et me débite toute une
tirade évidemment complètement inintelligible pour moi. Et il insiste comme si
de rien n’était. Je tente alors de lui expliquer notre périple passant par
Bakou. Il me tombe alors dans les bras, m’embrasse, veux m’offrir des gâteaux
et m’inviter à dormir chez lui. Dommage que le temps presse.
Cette nuit, dans le petit hôtel ou je
me suis arrêté pour 20 euros diner et petit dej compris, on frappe à ma porte
en milieu de nuit. Surpris, dans un demi-sommeil j’ouvre la porte. C’est l’amour
qui passe. Je remercie la jeune femme de son attention… puis retourne me
coucher comme une masse. Nous nous recroisons ce matin au petit déjeuner, juste
l’occasion d’échanger un sourire et puis s’en va.
Approchant de la zone frontalière des
Carpates où Slovaquie, Hongrie et Roumanie se touchent, le paysage de moyenne
montagnes devient plus varié, les courbes parfaites à moto dans les forêts où
alternent sapins et feuillus de différentes essences.
A la sortie d’un village, toutes
sirènes hurlantes une vielle Mercedes de police me rattrape. Je suis à vrai
dire un peu intrigué par la voiture. Mais bon, ils ont bien l’air flics. Deux
jeunes gars plutôt affables. L’un des agents me fait comprendre que j’aurais
franchi une ligne blanche… Possible mais pas récemment. Je nie. Ils insistent.
Je nie de nouveau et tente d’expliquer notre périple. Petit conciliabule et ils
me laissent repartir.
Puis de nouveau, à la sortie d’un autre
village, cette fois-ci une vraie voiture de flics me rattrapent et m’arrête. Décidément c’est la journée. Plutôt l’endroit, au carrefour de toutes ces
frontières où sans doutes les pigeons sont nombreux. Cette fois-ci nous tombons
dans la caricature : un jeune gars un peu timide avec gros type
transpirant. On me fait comprendre que j’aurais grillé un stop. Très
sincèrement je ne vois pas et proteste vigoureusement. Ils me prennent mes
papiers et veulent me conduire je ne sais où. Je ne bouge pas puis demande de
voir l’endroit de l’infraction. Effectivement, à environ un kilomètre, un
panneau stop totalement invisible dans les herbes folles juste avant un passage
à niveau désaffecté. Toutes les voitures passent au ralenti pour amortir les
secousses de la chaussée défoncée, mais personne ne s’arrête. Ils veulent me
faire payer. Je proteste de nouveau avec virulence sous l’œil amusé des
villageois assistant à la scène. Le ton monte. J’ai récupéré mes papiers mais
ils me prennent la clé de la moto. Les bras croisés je toise le gros méchant en
affirmant haut et fort que je n’accepte pas ce « racket », mot que
tout le monde comprend. Le petit me redonne ma clé. Au moment de monter sur ma
moto le gros met sa main sur son arme de service. A ce moment-là une voiture
Hongroise passe sans s’arrêter. Ils se précipitent pour le rattraper. Je ne
serai pas le pigeon du jour.
Et pendant ce temps mes camarades
"patouillent" à la frontière Moldave…
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