vendredi 31 août 2012

Un petit pas pour un homme d'exception

Neil Amstrong s’en est allé. Il est de ces grands hommes que j’aurais vraiment aimé rencontrer, avoir le privilège de m’assoir face à lui l’écouter raconter son odyssée vers la lune avec ses équipiers Buzz Aldrin et Mickael Collins. C’était en 1969 et depuis personne d’autre qu’une poignée d’astronautes Américains n’a fait de plus lointain voyage, concrétisation du formidable défi lancé par le Président Kennedy seulement 8 ans plus tôt : envoyer un équipage se poser sur la lune et le ramener sain et sauf à la maison ! C’était « impossible » et ils l’ont fait, mobilisant l’Amérique toute entière au service de cette grande ambition.

Regardez le visage de Neil Amstrong de retour dans le module d’atterrissage après ses premiers pas sur la lune. Barbe naissante, encore dans sa combinaison couverte de poussières du sol lunaire, il vient d’enlever le heaume de son scaphandre, casque audio encore vissé sur les oreilles.
Buzz Aldrin prend alors un instantané.
Le regard de Neil Amstrong, son sourire presqu'enfantin expriment une émotion d’une rare profondeur, satisfaction intense empreinte de modestie, après avoir été le premier homme à marcher sur une autre planète. Il vient de réaliser une extraordinaire prouesse suivie en direct par des centaines de millions de personnes de part le monde. A cet instant il représente l’Homme dans ce qu’il a de meilleur – l’audace, la maîtrise, l’intelligence, la sensibilité – quelques heures seulement après avoir été le premier à fouler le sol sélène et prononcer cette phrase inoubliable : « un petit pas pour un homme, un bon de géant pour l’humanité ». Amstrong a certainement conscience de l’importance de l’instant, mais que peut-il bien ressentir après tant d’émotions ? Depuis le décollage au sommet de la fusée géante Saturne V à Cap Canaveral 3 jours plus tôt, le vol intersidéral de quelques 350 000 km laissant derrière lui notre planète telle que personne (si ce n’est les équipages des missions préparatoires Apollo s’étant approchés de la lune) ne l’avait encore jamais vu, dans son entièreté, sphère bleutée au milieu des étoiles, l’alunissage manuel suite à la défaillance du système automatique, le flash de la lumière crue du soleil inondant le sas à l’ouverture de la porte du module, la vue spectaculaire sur un paysage inconnu « d’une magnifique désolation », la descente de l’échelle du LEM, et l’instant magique où il pose le pied sur le sol poussiéreux.
Quelles ont été ses impressions, ses émotions ? Dans quel état se trouve t-il a cet instant précis ?
Sans aucun doute ressent-il l’intense satisfaction du devoir accompli, lui qui si modestement ne s’attribua que peu de mérite dans le succès de cette grande entreprise.
Mais son visage exprime bien d’avantage, quelque chose autour de la grâce, de l’accomplissement total, un sentiment de bonheur universel que chaque terrien peut percevoir en le regardant. Quelque chose aussi comme de la reconnaissance pour les centaines de millions de gens soutenant du bout de l’âme cette incroyable aventure humaine, bien au-delà de toute autre considération.
A cet instant la gratitude qu’exprime le visage de Neil Amstrong est d’une bouleversante sincérité.
S’est-il senti porté par l’humanité toute entière, lui le représentant de notre espèce dans cette entreprise encore inégalée ?
En le regardant dans les yeux, j’ai le sentiment qu’à cette seconde Amstrong sait ce qu’il doit au genre humain et l’exprime de la plus belle des manières.

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