samedi 18 août 2012

Baie de Ha-Long

Après quelques jours à Hanoï, happé par la suractivité des habitants de cette ville surchauffée par les bouffées moites de l’atmosphère tropicale saturée d’humidité, où la moindre activité un tant soit peu physique vous transforme en corps dégoulinant de transpiration, retrouver les paysages verdoyants de la campagne, rizières rectilignes séparées d’étroits chemins de terre, juste un passage d’homme, où circulent à pied ou en vélo les fines silhouettes des paysans vacant à leurs occupations agricoles, a quelque chose de reposant.
Ici et là quelques buffles boueux s’ébattent paresseusement au creux des rares parcelles en jachères attendant le repiquage de la prochaine récolte, tandis que des troupeaux de canards blancs immaculés, vu de loin tels des fleurs sur des prairies parfaites, nettoient les rizières sous le regard bienveillant de leur « berger ».
Un peu plus loin, une petite pagode, ile spirituelle au milieu d’un océan de verdure, lieu de recueillement signalé par quelques lourds drapeaux multicolores flottant mollement au vent.
A sud et à l’est, la ligne d’horizon est barrée de remarquables contreforts calcaires assez marqués.
Après quelques kilomètres de vélos dans ce paysage bucolique typique d’Asie du Sud-est, nous stoppons déjeuner chez l’habitant. Repas simple et délicieux où Flo et Anne mettent la main à la pâte pour la préparation des fameux rouleaux de printemps. Nous sommes accueillis par une famille de paysans-maçons faisant maintenant aussi table d’hôte. Ici vivent modestement les grands parents aujourd’hui retraités, les deux fils paysans-maçons, leurs épouses en charge de la table d’hôte, et les deux petites filles visiblement aux mains des grands-parents. Des gens simplement charmants aux sourires lumineux et communicatifs, à tel point que l’on en oublierait presque la barrière de la langue.

Nous reprenons les vélos pour quelques kilomètres entre les rizières jusqu’à un petit embarcadère où nous montons à bord de deux barques à fond plat très similaires à celles utilisés dans nos zones marécageuses. Debout à l’arrière de chacune des embarcations, un pousseur propulse le bateau à l’aide d’une longue perche de bambou, naviguant entre les prairies de jacinthes d’eau, les fleurs de lotus et les bouquets de papyrus, jusqu’à rejoindre la ligne de relief calcaire, nous engager dans d’étroites et sombres grottes peuplées de chauves souries sous la montagne, et en ressortir de l’autre coté dans un tout autre paysage, moment magique, immersion dans un monde irréel, hors du temps, images en cinémascope, de celles du très beau film d’Eric Wargnier, « Indochine », au cœur de paysages rendues célèbres lors de la période coloniale française en Extrême Orient : la baie de Ha-long terrestre.
Fermez-les yeux, et imaginez, sous une chaleur tropicale générant un brume légère, des canaux marécageux bordés de végétation luxuriante, entre de spectaculaires reliefs aux formes de pain de sucre comme posés sur l’eau et dont l’image se reflète sur l’onde, entre lesquels vous naviguez en silence, croisant ici et là quelqu’autres barques dont les occupantes tout sourire pêchent ou ramassent des végétaux pour leurs animaux. Et pas un bruit. Vous y êtes ?
Moment de grâce que l’on voudrait étirer, où l’on se dit que le monde recèle encore de ces trésors qu’égoïstement l’on aimerait presque ne garder que pour soit.

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