samedi 4 août 2012

Intouchables

Tout a été écrit sur la condition humaine, alors quelques lignes de plus n’y changeront rien évidemment.
 Serait-ce pour autant un juste motif pour ne pas partager, sans autre prétention, quelques impressions de voyageur-entrepreneur privilégié, parcourant le monde à la poursuite d’un objectif de développement d’entreprise utile, globale, réellement contributrice d’un futur que l’on voudrait meilleur, histoire de se dire que l’on est fait pour quelque chose de positif et constructif ?

Voyager en Inde est toujours un choc, dans cet autre pays-continent à la démographie galopante, aujourd’hui 1 milliard 200 millions d’habitants, et qui devrait dépasser la Chine dans un proche avenir. De nombreux raccourcis sont utilisés pour qualifier les BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) ces nouvelles puissances économiques : la Chine serait ainsi l’usine du monde, le Brésil la ferme du monde, la Russie la réserve d’hydrocarbures, et l’Inde ?
D’abord la plus grande démocratie, vertu indéniable pour les anciennes puissances coloniales que nous avons été et aujourd’hui si moralisatrices…
Certainement aussi l’un des plus grands bureaux du monde avec ses immenses call-centers délocalisés, mais surtout ses plateformes géantes au service des technologies de l’information où des milliers de jeunes ingénieurs inventent le monde numérique de demain.
Question industrie l’Inde n’est pas non plus en reste, avec de grandes entreprises dans l’automobile, le textile, la construction navale, le domaine spatial et j’en passe.
Mais dans ce pays magnifique fait de diversité, aux racines profondes et multiples facettes culturelles et religieuses, où les gens sont comme l’ont dit parfois avec peu de condescendance, « éduqués », il est quelque chose de particulier qui ne peut laisser indifférents même les moins sensibles : ces femmes et ces hommes des castes inférieures toujours considérés et traités comme des moins que rien, perdus dans un monde et une époque qui ne peut être le leur et que les autres semblent ignorer, ou plus exactement accepter comme un fait normal immuable.
On s’émeut à juste titre des conditions de la femme dans certain pays islamiques aux régimes qui n’ont rien de démocratiques. Mais là rien, ni commentaire ni critique exprimés, ou si peu, sous prétexte de vertueuse démocratie ayant fait les réformes nécessaires – ce qui est effectivement le cas, sur le papier, depuis des décennies – laissant le choix de « son état » à chacun. Je ne parle pas ici de la pauvreté « ordinaire », gangraine des grandes métropoles où en même temps que la prospérité affichée s’agglutine toute la misère du monde, mais d’autre chose à mon avis plus insidieux : admettre qu’il aurait des sous-hommes et agir en conséquence.
Rien de bien original pourra t-on dire. Il n’y a qu’à regarder comment sont exploités par exemple des esclaves modernes dans certains pays du Moyen-Orient, où les rentiers du pétrole profitent de manière inhumaine d’une main d’œuvre docile et très bon marché venue du Bengladesh. Pas faux, mais rien à voir en fait. Ces esclaves, aussi inacceptable soit évidemment la situation, le sont souvent pour des périodes somme toute assez courtes, sont malgré tout payés pour le travail rendu, le temps pour eux de faire un peu d’argent puis de rentrer à la maison. Comprenons-nous bien, je ne défends pas ce système qui me révolte aussi à plus d’un titre, mais essaie juste de remettre en perspective quelques insupportables observations de la condition humaine, telles que vues de manière très simple par ma petite personne.

Je suis évidemment très loin d’avoir tout compris des Intouchables. Il n’empêche que leur état me bouleverse et que je ne peux me résoudre à faire semblant de ne pas les voir.

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