vendredi 17 août 2012

Conséquence du passé, cause de l'avenir...

Après 2 jours de pérégrinations urbaines, nous quittons Hanoï – ville grouillante d’activités, où l’on se demande comment la multitude de petits commerçants et autres restaurants parviennent à vivre de leur métier – vers la paisible baie d’Halong, paysages de rêve au creux du Golfe de Tonkin baigné par la mer de Chine Méridionale.
Conditions de circulation chaotiques, noyé dans un flot continu de motos bourdonnant tel des essaims d’abeilles. De temps à autres une incongrue voiture de sport de luxe – Ferrari, Maserati ou autre Aston Martin – étonnamment toutes de couleur jaune, symbolique quelque peu surréaliste de la reine des abeilles parmi ses ouvrières, avance difficilement comme protégée par le flux d’insectes tourbillonnants. Je souris en imaginant « l’angoisse » du conducteur exposé au risque d’une malencontreuse rayure de poignée de frein sur la carosserie du bolide…

Petit homme au regard malicieux derrière des lunettes rectangulaires aux verres crasseux, la quarantaine, Trieu (prononcer Tchô) est notre guide pour cette excursion. Avenant, pétillant d’intelligence, bavard, nous faisons connaissance en l’écoutant parler de son parcours peu commun : issu d’une famille de paysans il a exercé mille métiers, successivement lui-même paysan, professeur de Français, photographe, apiculteur, activité qu’il exerce toujours en complément de celui de guide touristique. Dans un français au vocabulaire choisi, il n’est pas peu fier de conter son histoire.
Tandis que nous roulons à 60 à l’heure sur l’autoroute de l’est, sur une chaussée pour le moins déformée, tressautant telles des bouteilles de Coca dans leur casier de livraison sur les banquettes du Ford transit de location, Trieu aborde des sujets plus profonds autour notamment des religions, revendiquant fièrement sa double confession Catholique et Bouddhiste, « histoire de prendre le meilleur des deux mondes » et ne pas risquer de manquer le paradis « au cas où il existerait vraiment… » Puis nous dévions sur quelques digressions concernant l’état du monde, selon son interprétation toute personnelle de la philosophie Bouddhiste.
Morceau choisi :
- Fred, sais-tu pourquoi la population mondiale croit à cette vitesse si dangereuse pour l’équilibre de la planète ?
- J’ai ma p’tite idée sur la question… Mais toi Trieu, tu vois ça comment ?
- Et bien c’est très simple. Il y a deux raisons liées : la première est que tous les animaux que nous mangeons se réincarnent en méchants enfants, pour se venger ! Cela fait donc d’avantage de mauvais humains sur terre. Et la deuxième, en plus de la première, est que manger de la viande stimule l’activité sexuelle ! Avant d’éclater de rire...
Il faut dire que Trieu, qui réfléchit beaucoup, a réponse à presque tout. Et d’ajouter, avec son délicieux accent aux intonations typiquement asiatiques :
- En fait, dans la philosophie Bouddhiste tout est logique dans la relation de causes à effets. Le présent est la conséquence du passé, et c’est pour cela que nous devons vénérer les anciens. Mais c’est aussi la cause de l’avenir. Et là est notre responsabilité immédiate. Alors tu vois, je suis plutôt de ceux qui préfèrent une maison basse, simple et solide, qu’une prétentieuse construction haute et vulnérable face aux éléments extérieurs.

Certaines rencontres ne laissent pas indifférent.

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