mercredi 1 août 2012

Un train pour Zhengzhou

Petit matin pluvieux sur Pékin. En bas de l'hôtel des trombes d'eau délavent le bitume sombre et luisant de la rue. De part et d'autre du flux des voitures, sur les trottoirs semblent pousser des fleurs multicolores, centaines de parapluies partant au travail. Aller courir dans ces conditions pour revenir trempé et devoir refermer la valise sur des vêtements mouillés ? Pas pratique, je m'abstiens donc.

8h30, je retrouve mes collègues dans le lobby de l'hôtel. Nous partons vers la ville de Zhengzhou dans la province du Henan par le train. Pour tout dire pas mon moyen de transport favori en Chine, mais qui satisfait l'un de mes équipiers Chinois plutôt mal à l'aise en avion. Va donc pour le train !

L'arrivée à la gare ouest de Beijing est un capharnaüm. La pluie redouble tandis que pour acheter les billets nous faisons la queue dehors dans une bousculade invraisemblable à un tout petit guichet de 2 personnes au pied du hall immense. Et c'est trempés jusqu'aux os que nous attaquons une nouvelle file d'attente, cette fois-ci à l’abri, pour accéder aux quais ouverts seulement 15 minutes avant le départ. Rien d'autre à faire que d'observer les gens, petite société concentrée de Chine contemporaine :
Des paysans bruyants, casquettes crasseuses vissées sur le crane et barbichette clairsemée jouent au majong dans des éclats de voix qui, sans rien y comprendre, n'ont rien de très élégants.
Assise en face d'eux, une "mama" s'occupe de son petit fils, tandis qu'une jeune femme un peu "bimbo", à priori la maman, s'use les ongles sur son smartphone.
Un homme étrange passe faire la manche entre les rangs avec un certain succès. Visage et bras comme figés par d'importantes et anciennes brulures, il émane de lui un magnétisme presque surnaturel, de ces personnages de films d'horreurs sortant de je ne sais quelle catacombe. A quelques détails évidents il n'est matériellement pas dans la misère.
Juste devant nous, un peu excités, deux jeunes touristes occidentaux arborant une casquette Mao ornée de l'étoile rouge semblent comme deux naufragés d'un autre monde.
Un peu à l'écart, quelques businessmen attendent dans leurs costumes noirs trop grands en regardant les JO sur écran géant.

A l'ouverture des portes c'est le rush, vague humaine poussée par je ne sais quelle houle, comme si l'accès au train devenait une question de vie ou de mort, chacun profitant de la transpiration de l'autre dans la moiteur d'un jour de pluie d'été.
Voiture 17, sièges 23 et 25 : nous montons dans un train moderne, spacieux et confortable, impeccablement tenu ; propreté à la Japonaise. Et d'ailleurs ce train rapide ressemble beaucoup au Shinkansen, le TGV du Pays du soleil levant.
Dix heures précises, la rame démarre en silence seulement perturbé par les sonneries ininterrompues des téléphones portables des passagers, « insupportable » souvenir d'une époque pas si lointaine où téléphoner en train était aussi chez nous un signe de distinction à la mode...

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